Nous y voilà enfin, The Last of Us Part II va pointer le bout de son museau dans quelques jours et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on l’aura attendu. Annoncé en grandes pompes en 2016, il s’est fait assez discret jusqu’en 2018 où Sony et Naughty Dog ont accéléré drastiquement leur plan marketing autour du jeu en dévoilant du gameplay, des informations en pagaille, ainsi que de nouveaux personnages qui rejoindront Ellie et Joel dans leur nouvelle aventure.
The Last of Us premier du nom a marqué toute une génération de joueurs et continue aujourd’hui d’être la référence dans son genre. Certains ont essayé de le copier, mais n’ont jamais réussi à l’égaler en termes d’intensité et de storytelling, A Plague Tale: Innocence restant à ce jour pour nous l’un des ces exercices d’inspiration les plus réussis. Il n’y a donc que Naughty Dog pour savoir faire du Naughty Dog et on attend de cette suite qu’elle soit au moins aussi marquante que son prédécesseur.
Ce nouveau numéro du Point Wiki va donc s’attarder sur l’un des jeux, si ce n’est le jeu le plus attendu de toute la génération, puisqu’il est la suite de celui considéré comme étant par beaucoup le meilleur de la précédente. Vous y retrouverez toutes les informations diffusées officiellement, et ce dernier mot est important concernant ce jeu, ainsi qu’en toute fin nos espoirs et souhaits concernant un The Last of Us Part II qui s’annonce dantesque.
The Last of Us
Sorti le 14 juin 2013 sur PlayStation 3 puis un an après dans une version remastérisée sur PlayStation 4, The Last of Us fut un succès commercial et critique immense. Ses 17 millions d’exemplaires vendus à travers le monde tous supports confondus font de ce titre l’exclusivité la plus vendue dans l’histoire de Sony. Mais que nous raconte ce jeu ? Pourquoi un tel succès ? Qu’est-ce qui le rend si particulier ?
Tout simplement parce que sous ses airs de simple jeu d’action se déroulant dans un futur post-apocalyptique rempli de créatures immondes n’ayant comme seul but que de nous croquer, il nous propose une aventure terriblement humaine emprunte de mélancolie et de tristesse. S’inspirant pour le ton et la relation entre Joel et Ellie de l’excellent bouquin La Route de Cormac McCarthy, le jeu nous invite à voyager dans une Amérique ravagée et dangereuse en compagnie d’un duo unique qui marquera à jamais l’histoire du jeu vidéo.
Et c’est d’histoire qu’il est question d’ailleurs, celle d’un père meurtri qui a plongé tête la première dans du survivalisme sans morale et qui va trouver en la jeune Ellie une nouvelle raison de vivre et d’aimer. Celle aussi d’une adolescente qui a vu tous ceux qu’elle chérissait disparaître ou l’abandonner et qui trouvera, elle, en Joel, une figure paternelle à même de lui apprendre les choses de la vie. En découle une narration centrée uniquement sur les péripéties de ces deux personnages, le reste n’étant finalement qu’un background, certes bien écrit et mis en place, mais optionnel dans ce qu’essaie de véhiculer le jeu.
Alors oui, The Last of Us est loin d’être parfait, mais de par sa narration, ainsi que le traitement qu’il a accordé à ses personnages ou encore grâce à son écriture mature, il a ouvert la voie aux AAA plus narratifs et moins manichéens. Des choses qui peinaient à convaincre auparavant dans le monde du jeu mainstream et qui étaient surtout l’attelage du jeu AA et encore plus indépendant. C’est là sa plus grande réussite qui a fait quelques émules par la suite, et il suffit de regarder la direction prise par une licence comme Gears of War ou God of War si on reste chez Sony pour s’apercevoir de tout l’apport de The Last of Us dans le microcosme jeux vidéo.
The Last of Us Part II
Mais The Last of Us, c’est aussi une fin, là aussi grandement inspirée par celle de La Route et plus particulièrement celle du film. Ce « OK » sans conviction que lâche Ellie suite à la promesse de Joel avant que n’apparaissent les crédits de fin est aussi incroyable de courage de la part de Naughty Dog que frustrant pour les joueurs. Il était alors clair que l’on aurait droit à une suite et que la dernière heure de jeu serait le point de départ d’une grande partie de l’intrigue du second, au moins au niveau de nos deux compères auxquels on s’est attaché comme si c’étaient des membres de notre propre famille.
L’histoire de ce second épisode débute alors cinq ans après les événements du premier, alors qu’Ellie se la coule douce à Jackson, la communauté fondée par le frère de Joel, Tommy, dans le Wyoming. Électricité, eau potable, nourriture et vie sociale sont alors retrouvées dans ce havre de paix abritant des centaines d’âmes. Les aventures dangereuses et ensanglantées de la jeune fille devenue jeune femme semblent lointaines, cette dernière ayant même trouvé l’amour dans ce qui est aujourd’hui son foyer. La vie est belle et elle en vient presque à oublier ce qui se passe à l’extérieur de la petite bourgade de fortune.
Car le monde n’est pas devenu plus sûr en un claquement de doigts et Ellie va en faire la douloureuse expérience. Après un événement incroyable de dureté, elle va partir en quête de vengeance et de justice à travers une bonne partie des États-Unis, traquant sans relâche les coupables d’un crime innommable. The Last of Us Part II va ainsi s’atteler à nous faire vivre cette chasse qui ne sera pas sans incidence sur la psychologie du personnage. On nous promet alors un voyage dur aussi bien psychologiquement que physiquement pour Ellie qui devra faire face à ses propres démons pour arriver à ses fins.
Reste aussi l’interrogation concernant Joel. Si l’on sait que la relation entre eux n’est vraiment pas bonne, on ne sait en revanche pourquoi. On se doute que cela a un lien avec les Lucioles et le mensonge de Joel envers Ellie en fin d’aventure dernière, mais on a encore du mal à comprendre à quel point leur relation en est changée. Si notre vieux baroudeur semble toujours attaché à sa fille d’adoption, qu’en est-il de cette dernière qui ne paraît aucunement ravie de le revoir lorsqu’il apparaît à l’écran pour l’aider.
D’autre part, il semblerait que des flashbacks soient présents en jeu et nous content les événements qui ont mené à ce point de rupture entre eux. Probablement jouables, ces séquences vont être aussi au cœur de l’histoire pour probablement nous faire comprendre la psychologie de chacun des personnages et on n’espère qu’une chose, c’est que la narration et la justesse d’écriture soient toujours au rendez-vous. Tout comme l’un des points les plus réussis de The Last of Us, avec son côté non manichéen qui brouille sans arrêt la notion de bien et de mal en différenciant les points de vue. Après tout, est-on sûr encore aujourd’hui d’avoir été dans le camp des gentils dans le premier jeu ?
De l’importance d’une bonne plume
La narration, voilà l’un des points sur lesquels sera très attendu The Last of Us Part II. Car son aîné était un modèle du genre et en plus, nous racontait quelque chose de fort intéressant, soulevant alors plusieurs thématiques comme celle du deuil, de la mort, de l’espoir ou encore de la relation parent-enfant. Même ce qui lui servait de moteur, soit son univers et son scénario de fond, étaient une franche réussite. Alors forcément, on attend ce deuxième épisode au tournant et d’ailleurs tout le monde (ou presque) a rempilé chez Naughty Dog pour l’occasion.
Neil Druckman en tête, le réalisateur du premier épisode ne pouvait lâcher son bébé et le confier à quelqu’un d’autre. Après avoir joliment « révolutionné » la saga Uncharted avec un épisode 4 plus intimiste que par le passé, il s’est lancé par la suite dans le développement de la suite de l’épopée de Joel et Ellie. Accompagné par Halley Gross comme co-scénariste sur le jeu et qui est connue pour son travail sur la série Westworld ou encore Banshee, ils ont la lourde tâche de faire aussi bien, si ce n’est mieux, que ce à quoi nous avions eu droit auparavant en soulevant notamment de nouvelles thématiques et en approfondissant l’univers post-apocalyptique du jeu.
Aussi, le casting d’acteurs est de retour pour cette suite. Troy Baker (Joel) et Ashley Johnson (Ellie) sont forcément les têtes d’affiche, mais on y retrouve aussi Victoria Grace (Yara), Jeffrey Pierce (Tommy) ou encore l’actrice reconnue Shannon Woodward (Dina) que l’on a notamment vue dans Westworld et qui s’est dite très fière de faire partie de ce projet. Tout ceci accompagne l’arrivée de nouvelles têtes en jeu, avec par exemple Aby ou encore Lev et Emily. Autant de personnages qui auront un rôle à jouer dans les événements qui vont se dérouler sous nos yeux que l’on espère ébahis.
On fait confiance à Naughty Dog pour nous offrir une narration encore plus présente et juste qu’auparavant. La performance capture ayant évolué depuis le dernier épisode et surtout les ambitions étant plus élevées, The Last of Us Part II étant même présenté comme le projet le plus ambitieux du studio depuis sa création, on voit mal comment être déçu à ce niveau-là. On attend de cette suite qu’elle soit encore plus forte émotionnellement, mieux écrite, plus authentique encore et qu’elle soit une nouvelle fois parsemée de quelques moments de grâce qui nous avaient foutu les larmes aux yeux en 2013.
Bâtir un univers
Mine de rien, The Last of Us, c’est aussi un univers, une ambiance particulière et une légère impression nihiliste qui nous traverse quand on fait le jeu. La fin peut être considérée comme un happy end, certes, mais elle est terriblement triste et sans espoir de bonheur pour la suite. Comment peut-on imaginer un seul instant que le monde ira mieux suite à cela ?
The Last of Us Part II nous proposera un voyage nous faisant traverser une bonne partie des États-Unis, en passant par la ville de Seattle qui sera l’un des points centraux de l’histoire. Cité déchirée entre deux factions, les WLF qui surfent sur les cendres des Lucioles et les SCARS, une secte dangereuse de fanatiques. Ils s’entre-déchirent pour du territoire et notre Ellie va débarquer dans ce beau merdier dans l’idée, elle, d’accomplir une simple vengeance personnelle.
L’univers de The last of Us Part II promet d’être toujours aussi mature, sombre et puissant dans les émotions qu’il procure. On ne s’attend nullement à un road dans le monde joyeux des Bisounours et on s’attend même à ce que cela soit encore plus horrible que ce à quoi on a eu droit dans le premier épisode. Cependant, l’articulation même de ce monde est différente, et on ne s’y promènera pas de la même façon, car tout sera beaucoup moins en ligne droite, hormis lorsque la narration l’impose.
Plus ouvert, The Last of Us Part II sera le prolongement de ce que l’on a vu dans Uncharted 4. Pas un monde ouvert alors, mais plus un grand terrain de jeu qu’il nous faudra parcourir de long en large et en travers pour en déceler tous les secrets. Ainsi, il sera possible de rater beaucoup de choses, et même des éléments scriptés, si l’on ne se montre pas assez curieux. Le level design s’adapte donc à cette nouvelle approche et se montre plus permissif en termes d’option et de navigation.
Il sera possible de se déplacer en barque ou même à cheval, ou encore d’utiliser une corde pour rejoindre des endroits que l’on pensait inatteignables. Le fait qu’Ellie puisse sauter devrait aussi nous permettre de nous rendre dans des lieux bien cachés et d’évoluer sans trop de difficultés dans l’environnement. Bien évidemment, elle pourra nager, voilà une promesse tenue par Joel, semble-t-il.
La musique au cœur de l’expérience
Si tout le monde s’accorde à dire que le thème musical principal de The Last of Us est marquant, beaucoup ne voient pas l’importance de la justesse musicale dans l’œuvre. Le premier jeu est incroyable en termes de sound design, que ce soit dans le jeu d’acteur et le doublage donc, mais aussi dans les sons environnementaux. Mais ce qui nous a le plus marqués est sans aucun doute la bande sonore originale du titre. Majoritairement composée par Gustavo Santaolalla, on y retrouvait des thèmes joués en grande partie à la guitare avec des tonalités très mélancoliques et apaisantes. Jamais hors de propos, elles accompagnaient élégamment le périple de nos deux héros.
Preuve d’ailleurs que la musique est une composante importante de l’œuvre, c’est en musique que The Last of Us Part II fut annoncé avec une Ellie chantant pour l’occasion lors du PlayStation Experience de 2016. Lors de l’E3 2018, c’est Santaolalla qui s’était incrusté pour jouer sur scène un morceau avant la première présentation de gameplay du jeu. La franchise est donc bien plus musicale qu’on ne le pense et c’est dans la discrétion de ses thèmes qu’est sa force. L’ambiance si particulière de The Last of Us ne serait rien sans sa musique, qu’on se le dise.
Dans le premier épisode, Naughty Dog laissait beaucoup de place aux sonorités environnementales pour renforcer l’immersion du joueur dans l’univers, mais aussi le rendre plus authentique et vivant. L’apparition de la musique marquait alors bien plus, car appuyant un fait grave ou important se produisant, renforçant alors la charge émotionnelle accompagnant ces séquences. Avoir réussi à doser cela de la sorte est du grand art et c’est tout ce que l’on espère retrouver dans cette suite, d’autant plus que Gustavo est de retour à la guitare.
Un game, ça se play
Après tant d’éloges, nous ne pouvions vous laisser sans parler du gameplay. S’il y a bien un point qui divise encore concernant The Last of Us, c’est celui-ci. Beaucoup jugent le jeu trop classique dans son approche et on ne peut les contredire. Le titre de Naughty Dog n’a rien inventé ou presque, mais a tout de même réussi à proposer une expérience des plus solides et réussies de ce point de vue, car tout y était exécuté à la quasi-perfection.
Cette suite marche d’ailleurs sur les traces de son aîné. Le craft est toujours présent et, s’il nous offre de nouvelles options comme la possibilité de fabriquer des silencieux de fortune pour ses armes, devrait fonctionner de la même façon. Il nous faudra alors scruter notre environnement et y déceler des objets utiles à la fabrication d’objets en tous genres. Même chose en ce qui concerne l’amélioration de l’armement d’ailleurs, pas de grand bouleversement à attendre de ce côté-là, si ce n’est quelques ajouts qui apporteront la petite touche nouveauté qu’il faut.
Concernant le système de combat et les gunfights, les choses évoluent quelque peu, par contre. Ellie n’étant pas Joel, elle ne peut compter sur une force physique incroyable pour se défaire de ses ennemis. En revanche, elle se montre bien plus agile. Elle peut alors esquiver, un système qui sera central dans la gestion des affrontements au corps-à-corps, ou se faufiler plus facilement dans des endroits exigus lorsqu’elle se cache ou fuit des assaillants, ce qui offre de nouvelles options de contournement et d’approche.
Aussi, le jeu nous propose maintenant de pouvoir avancer en rampant sur le sol, chose pratique lorsque l’on veut s’approcher d’un ennemi sans se faire remarquer ou tout simplement nous cacher dans l’urgence. En utilisant son environnement pour ce faire, Ellie peut véritablement disparaître aux yeux de tous. L’environnement sera d’ailleurs le moteur des affrontements. Plus ouvertes, les arènes offrent plus d’options de déplacements et nos possibilités d’approche en seront alors décuplées. Quelques rencontres peuvent d’ailleurs même être évitées en contournant soigneusement les quelques forcenés armés en présence.
Mais l’IA n’est pas en reste. Semblant plus agressive et mieux organisée, communiquant beaucoup plus pour se passer des informations concernant notre position par exemple, elle aura aussi tendance à plus nous contourner. Elle pourra même utiliser des chiens pour nous pister et nous débusquer, d’où l’importance de ne pas rester statique et de jouer en mouvement. Sans cela, nos joutes armées restent néanmoins assez classiques tout comme la façon dont nos opposants se battent en fonction de leur faction ; la secte des SCARS utilisera des armes silencieuses et de corps-à-corps par exemple, et il sera plus question d’adaptabilité que d’autre chose dans ce cas précis.
Cependant, on ne peut s’empêcher de trouver que cela manque un brin d’ambition de ce côté-là, en tout cas sur ce qu’il nous a été donné de voir. C’est certes plus fluide, mieux exécuté, moins scripté dans l’approche, mais terriblement classique aussi. Alors, on n’est pas à l’abri d’une très bonne surprise, mais on doute sérieusement que The Last of Us Part II nous surprenne de ce côté-là, même s’il est clair que tout sera exécuté encore une fois à la perfection.
Par ailleurs, vous vous en doutez, les infectés seront toujours de la partie. Plus agressifs et dangereux, et de nouvelles sortes feront leur apparition. L’un d’entre eux peut par exemple se tapir dans l’ombre et attendre le moment opportun pour attaquer, alors qu’un autre explosera une fois proche de nous. S’il est toujours possible de les esquiver ou de les brain, ils seront bien plus coriaces et promettent des moments de pure tension comme on en expérimente trop rarement. Il arrivera aussi de tomber à la fois sur infectés et forces ennemies, il nous reviendra alors d’utiliser astucieusement nos objets de diversion pour créer une rencontre entre eux et les laisser s’entre-tuer tranquillement.
The Last of Us Part Bis ?
Alors, qu’attendre de The Last of Us Part II ? Peut-on espérer plus que ce que nous avait offert le premier épisode ? Très franchement, oui. Plus ambitieux dans tous les domaines, le prochain jeu de Naughty Dog s’annonce comme le hit de cette génération de consoles. Que ce soit en termes d’ambiance, d’univers, d’histoire, de narration et même des mécaniques de jeu, tout s’annonce plus grand, plus fort et plus excessif, sans que cela ne le soit trop.
Il faut dire qu’avec son moteur de jeu maison qui flirte incroyablement avec la prochaine génération, rien que visuellement, le jeu a de quoi nous donner une bonne claque dans la tronche. Incroyablement crédible dans sa patte artistique et détaillé comme jamais, le titre va sûrement remettre tout le monde d’accord sur ce qu’est un grand spectacle pour les yeux. Mais s’il n’y avait que ça. On ne peut trop en dire pour le moment et on ne veut trop en dire non plus, car encore une fois, The Last of Us Part II est une expérience qui se vit et non qui se lit ou s’écoute. Une chose est sûre : l’expérience promet d’être riche en émotion.