Vous ne connaissez pas la maison d’édition Pix’n Love ? Eh bien après tout, personne n’est parfait, je vais donc vous faire un petit récapitulatif rapide. C’est un beau jour de 2007 que Pix’n Love vit le jour. Derrière cette société, une équipe de passionnés ayant à coeur de transmettre leur passion du jeu vidéo et plus particulièrement du retro gaming. Pour ce faire, des ouvrages divers et variés, traitant aussi bien du rétro que de l’arcade, ou encore même de thèmes parallèles comme les OST de jeu, par exemple. Comme disait l’autre, il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va, et c’est ce que cherchent à montrer les ouvrages de chez Pix’n Love en retraçant l’histoire du jeu vidéo et des grands noms qui ont contribué à l’expansion de ce milieu. Avec des détails historiques aussi précis que leur contenu est accessible, les ouvrages Pix’n Love méritent que l’on s’y intéresse si l’on aime vraiment le jeu vidéo. Maintenant que nous sommes tous à jour, passons à leur dernier ouvrage sur les grands noms du jeu vidéo et il sera question du papa de Tetris, Alexey Pajitnov.
L’incroyable histoire du créateur de Tetris par Pix’n Love
Le sous-titre de l’ouvrage : « L’incroyable histoire du créateur de Tetris« , est vraiment une phrase qui prend tout son sens après avoir parcouru ce livre. Quand on pense à Tetris, on pense à la Gameboy, on pense à la musique pénétrante du jeu et au succès planétaire de celui-ci. Cependant tout n’a pas été aussi simple que l’on peut le penser. Au travers d’un récit passionné et passionnant, nous avons pu découvrir une épopée rare et surréaliste que l’on aurait du mal à imaginer dans nos rêves les plus fous. Tout va commencer avec Alexey Pajitnov, le créateur du jeu, et son histoire ne se résume pas à un simple succès commercial, elle s’avère touchante, poignante et très instructive.
La naissance du programmeur Alexey Pajitnov
Alexey Pajitnov est né le 14 mars 1956 en Union Soviétique et il est le fils d’une mère critique de cinéma et d’un père philosophe. Tout semble bien commencer pour lui, cependant, nous sommes en pleine guerre froide et le communisme ne cesse de s’accentuer sur la population. A peine arrivé à l’âge de raison, Alexey Pajitnov voyait Leonid Brejnev prendre la tête du gouvernement et assouvir sa toute puissance sur la population, restreignant alors les libertés au plus strict minimum. Dans un premier temps, c’est en cela que le livre se révèle être absolument passionnant, on découvre ou redécouvre ce que pouvait être la situation économique et politique de l’Union Soviétique en pleine guerre froide, on y découvre les restrictions, la peur, l’oppression, et dans les premières pages, on se demande clairement comment d’une telle situation, Tetris aura pu se frayer un chemin. Mais ne sautons pas les étapes. Cet ouvrage a été réalisé avec la collaboration de Alexey Pajitnov et de ce fait, nous nous retrouvons confrontés à ses propres mots, ses propres émotions et l’on arrive vraiment à imaginer ce que cette époque pouvait être. Le ton donné n’en est pas pour autant grave ou pesant, et c’est même cela la force de la narration, c’est de pouvoir nous maintenant constamment sur un fil entre les difficultés rencontrées et les moments de délivrance. On avance alors étape par étape, on passe par les moments insouciants de l’enfance, les affres de l’adolescence, les joies, les peines et on se rend très vite compte que malgré un environnement peu ouvert sur le monde extérieur, Alexey Pajitnov a toujours eu le goût de la curiosité, de la compréhension des choses, c’est pour cela qu’il sera passionné par les énigmes et les puzzles durant toute sa vie. En apprenant cela, on pourrait se dire qu’il est donc normal qu’il ait donné naissance à Tetris, mais il n’en est rien. On découvre alors que dans une Union Soviétique ou la technologie informatique n’est réservée qu’à une minorité et où le jeu vidéo n’existe quasiment pas, Alexey Pajitnov n’est dans un premier temps pas dans l’optique de créer des jeux vidéo.
A l’Académie des sciences, l’informatique m’a peu à peu fasciné.
Le cinéma va lui ouvrir une fenêtre sur le monde occidental et il va s’ouvrir petit à petit à des choses et des idées nouvelles, et le fait que son père soit philosophe n’aura fait que le pousser dans ce sens. C’est à l’Académie des sciences qu’il commencera réellement à se mettre à la programmation et qu’il commencera à vouloir reproduire des petits jeux de société en programmes informatiques. On apprend petit à petit à connaître cette personnalité simple et attachante et finalement, l’homme derrière l’un des plus gros succès planétaire du jeu vidéo, n’était finalement qu’une personne comme les autres, il n’avait pas des rêves de grandeur, il n’était pas le meilleur dans son domaine, mais c’est en travaillant plus que de raison et en s’affranchissant des codes sociaux de l’époque qu’il arrivera à tirer son épingle du jeu.
Une histoire de droit
Si la première partie du livre était axée sur l’histoire de Alexey Pajitnov, la seconde est, elle, beaucoup plus focalisée sur Tetris à proprement parler. Après de touchantes informations délivrée avec toute la justesse qui leur était due, nous entrons dans le côté plus loufoque de l’histoire, et l’avant propos nous l’avait déjà un peu amené : « s’il s’agissait d’un scénario, sur le papier, ce dernier ne tiendrait pas la route ». Tels sont les mots de l’auteur, et c’est vrai qu’avec un peu de recul après une première lecture, l’histoire de ce jeu aura été complètement invraisemblable. On passe donc dans la partie création de Tetris, on y apprend comment Alexey Pajitnov en a eu l’idée et ce qui l’a inspiré dans son développement. Si nous n’avions pas forcément envie de sourire jusqu’à maintenant, il faut avouer que c’est à partir de maintenant que vous risqueriez de vous surprendre à rire à gorge déployée tant certains événements s’avèrent être complètement dingues. On se rend alors compte que durant toutes les années qu’il aura fallu au jeu pour enfin arriver sur nos Gameboy, tout n’a été qu’une question de droits d’exploitation. Comme il nous l’a bien été décrit dans la première partie, pouvoir créer sa propre entreprise à des fins commerciales à l’époque de l’Union Soviétique était tout simplement impossible, alors autant vous dire que Alexey Pajitnov ne risquait pas de lui-même de monter sa société pour exporter quelconque oeuvre que ce soit. Quand on sait que l’on peut se faire arrêter pas le KGB dès qu’on fait un pas de travers, autant dire qu’il vaut mieux filer droit et rester dans les règles imposées. Le premier prototype de Tetris viable a vu le jour en 1985, et comme Alexey Pajitnov travaillait sur ordinateur, le jeu a d’abord été, et pendant longtemps, un jeu disponible uniquement sur ordinateur, ce n’est que bien plus tard que Nintendo fera son apparition. Nous ne vous dévoilerons pas tout bien entendu, mais sachez que la façon dont Nintendo a acquis les droits d’exploitation est certainement l’un des plus gros « hold up » de l’histoire du jeu vidéo, et c’est ce genre de petits détails qui vont faire tout le sel de cette deuxième partie. 1985 est aussi la date d’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, l’homme qui mettra fin à la guerre froide et qui reverra complètement le système en place pour laisser bien plus de liberté à la population, un fait qui ne sera pas sans conséquences pour Alexey Pajitnov quelques années plus tard.
Les gens commençaient à parler et personne ne les mettait en prison pour cela, c’était ça la Perestroïka et la Glasnost.
Le plus impressionnant va être la façon dont un certain Robert Stein arrivera à rouler tout son monde pour arriver à exploiter les droits du jeu sans aucun accord préalable, c’est tellement impressionnant qu’on se demande à l’heure actuelle comment une telle chose pourrait arriver. A partir de ce moment de l’histoire on ne cesse d’aller de surprise en surprise, à tel point qu’il nous faudrait un petit encadré pour nous rappeler que finalement tout ce que nous sommes en train de lire a vraiment eu lieu. Et quand on voit avec quelle légèreté Alexey Pajitnov nous délivre son parcours, c’est encore plus fascinant. La vision qui nous est offerte de l’intérieur de l’industrie grâce à ses témoignage nous montre énormément de choses et nous en apprend beaucoup sur le monde du jeu vidéo, comment les contrats sont signés, comment les deals sont finalement conclus et sous quelles conditions. En plus d’être une épopée humaine, il s’agit aussi de tout une couche de l’industrie du jeu vidéo qui s’offre à nous. Pour parfaire encore un peu plus la chose nous pouvons retrouver une interview passionnante d’un homme clé, sans qui rien n’aurait pu aboutir, Henk Rogers, l’homme qui arrivera à récupérer les droits de Tetris pour Nintendo.
Conclusion
Le septième volume de Les grands noms du jeu vidéo est encore une fois un très bon ouvrage qui aura la particularité de plaire autant à la ménagère qu’au fan invétéré de jeu vidéo, rétro ou non. On y aborde des faits difficiles de l’époque de l’Union Soviétique, les faits historiques et les témoignages de Alexey Pajitnov sont vraiment émouvants et sincères. On se sent proche de lui en quelque sorte pendant toute la lecture du livre et on ne peut qu’applaudir un tel parcours, surtout dans un contexte politique et économique compliqué. On passe des moments de tensions au petit rire nerveux tant l’histoire semble dingue et une fois terminé, on se pose, et on se dit que parfois la vie n’est vraiment qu’une suite d’événements incontrôlés et désordonnés, mais qui peuvent parfois aboutir à l’un des plus grand succès du jeu vidéo, même 27 ans plus tard.
Si vous ne connaissez pas encore les éditions Pix’n Love et que cet ouvrage vous intéresse, rendez-vous sur la page de Alexey Pajitnov – L’incroyable histoire du créateur de Tetris.