C’est la cérémonie des Pégases qui nous a poussés à nous intéresser à Ordesa. Couronné du titre du meilleur jeu mobile de l’année, le titre dont nous allons parler ici nous était il y a quelques jours encore inconnu, puisque nous n’en avions tout simplement jamais entendu parler jusque-là. Après un coup d’œil curieux sur le Play Store, on découvre qu’il s’agit d’un titre édité par Arte Expérience, déjà célébré pour Type: Rider, Homo Machina et Vectronom. Une signature qui a fini par nous convaincre d’aller voir de quoi il retournait…
OVNI – Objet Vidéoludique Non Identifié
Drôle de titre que cet Ordesa. Jeu narratif qui n’est pas tout à fait un jeu, mais en reprend tout de même de nombreux codes. Le titre est réalisé en prises de vue réelles, avec des acteurs en chair et en os. Et pas seulement pour de la motion capture : ce sont ces prises de vues qu’on aura à l’écran. On est dans le cinéma interactif, ou plutôt dans la série télé interactive. C’est en tout cas la sensation qui en ressort.
Une grande maison de campagne où vit un homme solitaire entouré de ses fantômes. Métaphoriques, les fantômes… Quoique… La maison est alors bouleversée par le retour de Lili, la fille de l’homme, qui semble avoir des comptes à rendre avec lui, mais aussi avec son propre passé. On comprend vite qu’un drame a touché la maison, et c’est la compréhension de ces événements passés qui sera tout l’enjeu de l’aventure.
Il y a très peu de gameplay dans Ordesa : on incline le téléphone à droite ou à gauche pour naviguer à l’accéléromètre dans les plans très, très larges, à la recherche de l’élément à « activer ». Dans une pièce, par exemple, faire glisser la caméra jusqu’à une porte la fera s’ouvrir, et nous fera passer à la scène suivante. Dans un chemin forestier, il faudra retrouver Lili pour la faire revenir sur le chemin et lancer la séquence narrative.
Intermédia
Un gameplay limité, donc, qui n’en est pas vraiment un, puisqu’on ne peut ni rater, ni réussir. On est plus sur une fonctionnalité qui apporte de l’interactivité, et fait basculer le court-métrage dans ce qu’on pourrait appeler l’intermédia. Là où le cross média mélange les supports, l’intermédia se trouve à la frontière de différents médias. Ordesa n’est plus tout à fait un court-métrage, sans être non plus vraiment un jeu.
Un caractère renforcé par le langage et les références qu’il porte : un film façon walking simulator, sur une base rappelant Gone Home ; l’escalier central de la maison ne pourra pas évoquer autre chose à un joueur que le manoir de Resident Evil. Un sentiment confirmé peu de temps après et tout au long de l’aventure avec l’usage des portes qui s’ouvrent lentement et servent de transition entre deux séquences. Et puis, on n’est pas tout à fait spectateur, on « incarne » une sorte de fantôme, avec un (petit) rôle dans le déroulement des événements…
Avec quelques moments d’angoisse assez réussis et des décors qui provoquent le malaise, l’ambiance est là. L’histoire, quand on arrive au bout, est peut-être un peu convenue, mais est bien construite et n’est pas courue d’avance. On regrettera tout de même un prix un peu élevé dans sa catégorie au regard du temps de « jeu » : 3,50€ pour une durée de vie d’environ 1h, et peu de rejouabilité. À noter que le scénario est signé Nicolas Peufaillit, césarisé pour Un Prophète, qui a aussi travaillé sur la série Les Revenants ou le format court Caïds en ce moment sur Netflix.