Au cours d’une récente interview du média japonais NewsPick, le grand et vénéré (on ne s’en cache pas) Nobuo Uematsu a donné sa vision quant à l’industrie du jeu vidéo contemporaine. Selon lui, les caractéristiques qui donnent son unicité à la musique du jeu vidéo sont en train de perdre leur originalité, leur authenticité, se fondant ainsi avec les codes de la composition cinématographique.
Uematsu estime donc que la musique du jeu vidéo ressemble de plus en plus à ce qui est observable au cinéma. Il entend par là qu’elle manque aujourd’hui d’audace et de créativité, ne se cantonnant qu’à seulement être un simple fond sonore. Le compositeur de Final Fantasy ou encore Chrono Trigger va même jusqu’à déplorer un manque de liberté. Liberté qu’il faudrait donc retrouver, afin que la musique puisse continuer à se développer.
« La musique de jeu deviendra plus intéressante si les compositeurs s’interrogent sur ce qu’ils sont les seuls à pouvoir faire et s’ils utilisent leurs connaissances ainsi que leur expérience pour être vraiment créatifs. »
La créativité qu’il défend a, selon lui, été au sommet de son utilisation lors des périodes 8 et 16 bits. La musique y faisait office d’oxygène. Par là, faudrait-il entendre qu’elle insufflait l’âme à l’œuvre ? Toujours est-il qu’à ces périodes évoquées, la contrainte technologique était ce qui poussait le compositeur à se surpasser, à créer de nouvelles choses et à inventer un langage propre pour donner vie aux personnages alors muets ou à l’univers que l’on voulait représentait.
Une contrainte qui, aujourd’hui, manquerait à l’industrie. L’évolution, qui se fit au cours des années, a donc introduit une sorte de facilité. Il était plus « facile de retransmettre différents styles de sons tels que le rock, le jazz… », ce qui offrait de nouvelles possibilités à l’imaginaire. Mais, paradoxalement, c’est ce qui aux yeux d’Uematsu a rendu la musique moins intéressante. Il y avait moins d’ambitions.
La vision peut inévitablement être considérée comme réactionnaire et Uematsu comme un artiste qui appartient au vieux monde, ayant du mal à s’accoutumer à l’évolution des codes. Un avis qui manque d’objectivité et qui s’apparente à une réflexion du type « le jeu vidéo, c’était mieux avant » ?
Une assertion qui ne serait pas tout à fait inepte et qui semble surtout vraie pour un type de jeu vidéo : le blockbuster, dont l’identité a tendance à être une hybridation avec le cinéma. Dès lors, en extrapolant les propos d’Uematsu, il faudrait briser cette influence que détient actuellement le septième art. Un septième art, qui soit dit en passant, n’est pas dénué de défauts en matière de musique, les films de grand divertissement étant particulièrement insipides et convenus sur ce point.
Le jeu vidéo peut-il retrouver cette indépendance et donc cette créativité ? Tout dépendra des artistes, ou plutôt de la liberté qu’ils bénéficient, les développeurs et producteurs ayant (selon Uematsu toujours) probablement leur part de responsabilité dans la direction actuelle. Et quand la menace de l’IA générative est plus que palpable, la tendance serait plutôt à la crainte. Une crainte de voir l’aspect humain, pourvoyeur d’émotions comme souligné dans l’interview, réduit à néant.
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