C’est dans un entretien avec le journal économique Forbes que Reggie parle des relations de Nintendo avec les développeurs et les plans d’avenir.
Ça va faire un moment qu’on le sait, Nintendo est sur tous les fronts ces dernières années et en même temps, il leur fallait bien ça après les retours mitigés reçus par certaines des expériences qu’ils nous ont proposées au fil des années. Après la GameCube et la perte d’intérêt des développeurs tiers (malgré la puissance de la machine pour l’époque), après une Wii au succès certain mais une ludothèque blindée de titres paresseux, après l’échec flamboyant de la Wii U, Nintendo avait besoin de se ressourcer et de reconquérir les sommets. Et des efforts, ils en ont fait. Sous Tatsumi Kimishima, la compagnie a repris de belles couleurs. La Switch a fait un démarrage furieux sur presque tous les continents, les héros de la firme sont partout, le budget pub de la compagnie a explosé et les éditeurs tiers comme Bethesda se montrent relativement confiants avec la machine. Même le démarrage des jeux mobiles qu’il nous propose, sans être excellents, restent « satisfaisants » (selon les dires de l’éditeur lui-même). Mais Big N ne compte pas en rester là et c’est Reggie Fils-Aimé (Responsable de Nintendo of America) qui en parle avec Forbes.
Dans cette interview, le directeur s’exprime sur la volonté de la compagnie de renforcer le support des éditeurs tiers, de continuer à mettre en avant les titres indépendants et n’hésitera pas à multiplier les partenariats afin de renforcer la console ou ses héros. Pour les éditeurs tiers, il présente la Switch comme une console vibrante avec un immense succès potentiel et appuie ses théories avec les chiffres de vente impressionnants de la bête (la Switch est la console ayant fait les plus belles ventes sous les 12 premiers mois de commercialisation dans l’histoire des US). Il affirme également que certains développeurs indépendants ont rencontré un succès tel sur Switch que la vente de leurs softs sur Switch a éclipsé celle des autres consoles. Enfin, plus précisément, il indique que les éditeurs tiers travaillant sur leurs outils (il cite littéralement Frostbite chez EA) peuvent porter leur travail puisqu’ils sont compatibles avec la console. Bref, on a clairement affaire à une opération séduction ici, semble-t-il.
En ce qui concerne les indépendants, c’est plus de l’explication. En effet, Nintendo a tissé pas mal de liens étroits avec de nombreux développeurs indépendants. Reggie précise que ces derniers ont de nombreux moyens de mettre en avant leurs produits (articles sur la console, site web, Nindies Showcase…) et qu’au final, tout a été pensé pour que le joueur trouve ce qu’il veut sur la console et puisse l’acheter (au grand dam de certains membres de notre équipe). Il ajoute que la présence de certains titres forts de la scène indépendante comme Hollow Knight ou Killer Queen Black, qui sera une exclusivité (temporaire) à la Switch, s’inscrivent dans cette politique. Avec ces 2 options dans la poche, il serait possible pour Nintendo de proposer à tout joueur de quoi se satisfaire et donc de continuer à vendre des cartouches aux possesseurs de Switch mais encore et surtout, de continuer à intéresser plus d’éditeurs et de développeurs à investir du temps dans la machine.
Reggie s’est ensuite exprimé sur le crossplay et a indiqué que Nintendo ne cherchait pas à séparer les joueurs présents sur les différents écosystèmes. En vrai, il cherche surtout à laisser la liberté aux développeurs et éditeurs de sortir un jeu comme ils l’entendent. En soi, c’est donc à ces derniers de décider comment ils souhaitent que leurs jeux soient abordés. Grand bien nous fasse quand les développeurs cherchent à nous rassembler autour de leurs franchises.
Puis, le débat autour des applications mobiles a été abordé en détail. Le directeur de Nintendo of America a commencé par préciser que la compagnie se porte plutôt bien sur mobile. Sans rentrer dans les chiffres, il indique que le marché mobile a bien l’effet voulu par le géant d’Osaka et que certains dépassent même ses espérances. Pour rappel, Nintendo cherche à rendre ses propriétés intellectuelles aussi familières que possible en rendant ses licences accessibles à tout un chacun. Dans cette optique se placent les jeux mobiles et les produits dérivés, ainsi que les films et le parc d’attraction (créé conjointement avec Universal). Leur but : vendre plus de consoles et de cartouches sur le long terme. Il cite d’ailleurs Pokémon GO qui a permis à son lancement de relancer l’intérêt autour de la licence mais également autour des consoles de la famille de la 3DS (console sur lesquelles les derniers épisodes sont sortis). Des idées où se glisse Pokémon Let’s Go dans la stratégie ? Dans la continuité évidemment ! L’idée est de tenter les joueurs de Pokémon GO à plonger pour une nouvelle aventure sur Switch. C’est aussi pourquoi l’interactivité entre la version mobile et les différentes expériences promises par Pokémon Let’s Go en termes de soin à apporter à nos monstres sont mises en avant par la compagnie. Autant vous dire tout de suite qu’ils souhaitent tout autant de succès à Fire Emblem: Three Houses vu le succès et la rentabilité de Fire Emblem Heroes. Reggie rappelle enfin que Mario Kart s’apprête aussi à faire son entrée sur mobile pour une sortie dans le courant de l’année fiscale.
Bref, Nintendo confirme bien sa situation avantageuse en ce moment et les prévisions semblent au beau fixe. Seulement, comme pour tout, il ne faut pas s’emballer, on n’est jamais à l’abri d’une erreur. N’est-ce pas Nintendo ?