C’est officiel depuis hier (mais officieusement depuis plus longtemps), la Nintendo 3DS a fait résonner son clap de fin. La console n’est pas introuvable, loin de là, mais n’est désormais plus produite, ce qui indique qu’elle repose à présent sur des stocks limités et qui ne seront plus réapprovisionnés laissant par conséquent la place nécessaire à la Nintendo Switch pour poursuivre son ascension.
Moment idéal pour rendre hommage à cette troisième console à s’éteindre en cette année 2020 (attention : la mise en vente des nouvelles PlayStation 5 et Xbox Series n’implique pas un arrêt de production pour les consoles antérieures) et nous souhaitons le faire en revenant sur les succès et les échecs, mais aussi en partageant quelques commentaires sur cette machine qui a accompagné le pas des joueurs pendant près de neuf ans.
Commercialisée chez nous à partir de mars 2011 (soit un mois après le Japon), la carrière de la Nintendo 3DS commençait très mal. Faisant suite à la Nintendo DS dont elle reprenait dans les grandes lignes la forme et les fonctions, elle n’a pas du tout rencontré le succès escompté, succès qu’elle a fini par cumuler au fil de ses années de service.
Si elle a terminé sa carrière avec plus de 75 millions d’unités distribuées (à relativiser donc puisque la console s’est vue confrontée à un nouvel adversaire contre lequel elle ne pouvait pas faire face : le gaming mobile), son lancement était désastreux (un point propre au gaming made in Japan de cette époque puisqu’il ressemble à l’échec de la Wii U, mais aussi à celui de la PS3, tous trois étant des successeurs à des succès populaires à échelle globale).
Avec un prix de vente trop élevé et reposant sur une option que la presse jugeait médiocre en termes de qualité et dangereuse d’un point de vue général (et surtout pour une partie du public cible), il n’aura pas fallu six mois pour que Nintendo opère une baisse conséquente du prix de la console afin que les ventes commencent à décoller.
Et pourtant, la Nintendo 3DS est la synthèse absolue du travail que le constructeur fournit sur console depuis plus de vingt ans. En effet, s’il était logique que la console reprenne en partie diverses fonctionnalités pour rapprocher les joueurs (différents modes de connexion, Street Pass, Miiverse, partage de jeux), la 3D, son argument de vente principal et qui en a pourtant refroidi plus d’un, est le résultat de plus de vingt ans de travail dans les bureaux blancs de la firme.
Si nous ne doutons pas que vous connaissiez la Virtual Boy, saviez-vous que des modules pour la GameCube et même pour la GameBoy Advance SP avaient été développés afin de proposer de la 3D sur ces machines ? Mieux encore, saviez-vous que les premiers essais remontent à la NES ? N’hésitez pas à rechercher des informations sur Famicom Grand Prix II: 3D Hot Rally, vous pourriez apprendre des choses.
Cependant, à mesure que les jeux sortaient, le constat devenait évident : « la 3D, c’est bien, mais on s’en fout en fait…« . Les éditeurs tiers ont simplement lâché la partie sur ce plan, préférant mobiliser leurs efforts sur d’autres aspects, et même Nintendo a fini par le faire aussi sur ses derniers titres, l’exemple le plus flagrant étant les derniers épisodes de Pokémon. Enfin, c’est pas la seule option dont la 3DS jouissait et qui a fini par mourir, n’est-ce pas le Miiverse ? Malgré le succès incomparable de la console à deux écrans face à la Wii U, la portable n’a pas su sauver le réseau social de Nintendo pour le grand malheur de ses fans les plus actifs.
Un autre point que nous souhaitons aborder : la profusion de modèles pour la console. Effectivement, la Nintendo 3DS est largement une des consoles qui a connu le plus de formes de l’histoire du jeu vidéo. Format classique, format XL, 2DS, New 3DS, New 3DS XL, 2DS XL… C’est simplement ridicule.
Bien sûr, nous comprenons les raisons qui peuvent pousser un constructeur à améliorer son produit avec un nouveau modèle ou à affiner ces derniers pour les adapter à son marché, mais, ici, force est de reconnaître que Nintendo a poussé le vice un peu loin avec des modèles quasi-identiques, supprimant ici et là des options pour les remettre dans les formats suivants et en ajoutant des choses qui auraient dû y être dès le départ.
Notre regard se tourne naturellement ici vers les formats « New 3DS » qui sont franchement des blagues. Quand on parle de commercialiser une forme plus puissante d’une console, disposant d’un bouton dédié à la caméra, en appuyant que des jeux y seront exclusifs, on doit faire mieux que de proposer en exclu un remake, un musou et une poignée de jeux Super Nintendo… Ça, c’est du troll ! Alors oui, la console tourne mieux Smash et les derniers Pokémon, mais arnaquer ses fans tous les cinq ans (avant ça, on peut citer le coffret anniversaire pour les 25 ans de carrière du plombier), c’est ni de l’amour, ni du respect !
Alors oui, on se plaint beaucoup, c’est vrai, mais la console n’a pas manqué d’occasion de briller. Si elle ne peut être comparée à son aînée, la Nintendo DS ayant quelques cartouches que sa succession ne pouvait que lui envier, on peut se contenter de profiter du best-of de deux générations avec la rétro-compatibilité. Mais on retiendra surtout la 3DS pour avoir redonné vie à certaines séries, voire permis au public de faire la rencontre de certaines séries devenues aujourd’hui des mastodontes.
Naturellement, la première qui nous vient à l’esprit n’est autre que Fire Emblem. Après un remake sympa sans plus du premier épisode sur son aînée, la Nintendo 3DS a offert à la licence un nouvel essor grâce à son fantastique Fire Emblem Awakening, un jeu si bon qu’il a transformé Super Smash Bros. en une réunion de personnages de cette série, et relancé la série pour des années avec entre autres Fire Emblem Fates et Three Houses, mais aussi Fire Emblem Warriors et Fire Emblem Heroes.
On peut aussi ajouter à cette liste Shin Megami Tensei qui a pu se frayer un passage vers l’Occident alors qu’il avait disparu des radars, Etrian Odyssey qui s’est maintenu ou le renforcement du studio Level-5 qui a ensuite donné vie à Ni no Kuni.
Enfin, difficile d’aborder cette console sans parler de son grand gagnant, Capcom et son nouveau mastodonte Monster Hunter. Effectivement, la série a su profiter de la console sur les étals pour faire entendre son nom auprès du grand public. Grâce à la machine et à son succès sur ce support, il est difficile d’imaginer que Monster Hunter World serait parvenu jusqu’à nos latitudes ou même aurait joui d’un tel succès.
Donc, malgré tes nombreux défauts, malgré ton stick C pourri, malgré tes graphismes à la ramasse, et malgré tes angles horriblement douloureux pour les mains des gens normaux pour ne citer que ça, nous te souhaitons, chère Nintendo 3DS, une bonne retraite bien méritée. Qui sait, on te rallumera peut-être encore un peu à l’occasion. Maintenant, à votre tour ! Quels bons et mauvais moments partagez-vous avec cette console ? Un jeu favori ? Partagez votre avis sur la bécane et ses jeux dans les commentaires.