Neil Druckman, réalisateur des jeux The Last of Us, très impliqué dans la série qui en est tirée, et boss de Naugthy Dog a pris la parole sur X pour rétablir la vérité après que Sony aurait déformé ses propos dans une interview. Dit comme ça, c’est un sujet qui pourrait avoir l’air sérieux, et ça l’est surement, mais pas pour les raisons que Druckman expose.
Au cœur de l’incident, il y a cette phrase qui apparait dans une interview réalisée et publiée par Sony, dans laquelle, évoquant son prochain jeu, Druckman déclare que ce dernier « serait à même de redéfinir la façon dont le grand public perçoit le jeu vidéo » (« could redefine mainstream perceptions of gaming », en V.O.). Or, le réalisateur explique que ce n’est pas exactement ce qu’il a dit. Ses propos tournaient plutôt autour de quelque chose comme : « je suis vraiment impatient de voir comment le grand public va réagir » ; le passage « non-tronqué » a été publié sur le compte X de Druckman.
Franchement, un non-évènement. La phrase telle que publiée par Sony avait tout du « bullshit » marketing que nous vendent régulièrement les constructeurs, et alors que Microsoft vient de sortir un titre que beaucoup décrivent comme le plus beau jamais réalisé en 3D temps réel, l’enseigne d’en face devait réagir. C’est peut-être l’angle le plus intéressant de cette histoire quand même très nombriliste : que le constructeur (comme les autres, évidemment) est prêt à faire dire n’importe quoi à n’importe qui pour servir sa com’. Rien de neuf, mais on en a ici une nouvelle preuve toute récente. Quant à la « vérité » rétablie par Neil Druckman, elle n’aurait pas pu être plus plate et pleine de vide.
Par contre, en se focalisant sur ces détails qui n’ont à voir qu’avec l’ego de l’auteur-réalisateur, on ignore un passage qui arrive plus haut dans l’interview, et qui en dit probablement plus sur le prochain jeu de Naughty Dog, et sur la façon dont il sera fabriqué. Druckman parle en effet de l’intelligence artificielle, de ce que la technologie pourrait apporter au développement des jeux vidéo :
« L’IA va réellement révolutionner la manière de créer du contenu, même si cela entraine aussi quelques questions éthiques auxquelles il faut qu’on réfléchisse. Avec les technologies de l’intelligence artificielle et la possibilité de réaliser la motion capture directement à la maison, nous réduisons à la fois les limites techniques et budgétaires… » (traduit par la rédaction)
On note qu’au milieu de ce plaidoyer pour l’IA, Druckman soulève tout de même les « questions éthiques ». Ce qui n’est pas tout à fait un problème, puisque d’éthique, il n’en a que peu. On sait par exemple que Naughty Dog verse particulièrement dans la culture du crunch. « Allumer une lampe de poche dans le visage d’Ellie dans The Last Of Us la fera fermer les yeux et détourner le regard. Ces détails existent parce que Naughty Dog a bâti une culture du perfectionnisme, selon laquelle les jeux doivent être excellents, peu importe le coût humain », écrivait Jason Schreier dans son enquête sur le développement de The Last of Us II (traduit par la rédaction).
Pour le prochain jeu de Naughty Dog, les développeurs devront ainsi peut-être venir travailler le dimanche soir avec des collègues n’ayant ni besoin de dormir, ni de manger ni même de voir leur famille, puisqu’appartenant à la grande famille de Chat-GPT. D’autres développeurs n’auront au contraire plus besoin de venir du tout, éventuellement remplacés par les cousins du même Chat-GPT.
La hype Naughty Dog va très probablement fonctionner à plein régime quelques mois avant la sortie du prochain jeu. The Last of Us II reste l’un des plus grand jeu vidéo de l’histoire du média, et on sera, comme tout le monde, impatient de découvrir le prochain titre du studio. Mais il faudra aussi se poser (encore) la question des conditions de fabrications du jeu, et peut être, se demander, comme ce développeur témoignant au micro de J. Schreier, si « tout ça vaut vraiment le coup »…