Dans un paysage vidéoludique dominé par les shooters réalistes et les univers saturés de détails numériques jusqu’à la crise d’épilepsie, MOUSE: P.I For Hire fait déjà figure d’exception. Le futur titre du studio Fumi Games s’inscrit à contre-courant avec une direction artistique risquée mais effrontément assumée : un jeu de tir en noir et blanc, inspiré des dessins animés des années 30. Loin d’un simple clin d’œil nostalgique, cette esthétique semble s’imposer comme la base même de son identité.
Le jeu met en scène Jack Pepper, détective privé à la truffe fine et à la détente facile, dans une ville gangrenée par le crime : Mouseburg. L’univers s’inspire des codes du film noir et du cartoon d’antan, mêlant humour grinçant et ambiance jazzy.
La dernière bande-annonce publiée ces derniers jours par le studio polonais met en lumière de nouvelles armes expérimentales, présentées dans un faux spot publicitaire signé du fabricant fictif SPIKE-D. Trois gadgets loufoques, aux effets aussi comiques qu’utiles en combat, y sont dévoilés : un pistolet à térébenthine dissolvant, un canon frigorifique et un fusil capable de retourner l’esprit des ennemis.
Derrière ces trouvailles se cache, dirait-on, un gameplay plus tactique qu’il n’y paraît. Chaque arme ouvre des possibilités d’approche différentes, et pousse à improviser en fonction du terrain et des ennemis.
L’humour, omniprésent, masque à peine un système de jeu pensé avec précision, loin de la simple parodie. Le joueur devra jongler entre les phases d’action, d’enquête, et même quelques énigmes environnementales et mini-jeux, dans un univers où chaque élément semble dessiné à la main.
C’est là que le noir et blanc prend toute son importance et fait son œuvre. Loin de limiter la lecture de l’action, il renforce les contrastes, dramatise les scènes, et donne à Mouseburg une atmosphère singulière. Les animations image par image, les jeux d’ombres et les personnages caricaturaux évoquent les débuts du cinéma d’animation, et transforment chaque mission en tableau mouvant. Cette approche visuelle, rarement tentée dans le FPS, est poussée avec une cohérence qui interpelle.
La narration suit cette même logique de stylisation. Dialogues burinés, seconds rôles grotesques, satire sociale diffuse : MOUSE: P.I For Hire ne cherche pas le réalisme mais construit un monde crédible dans ses propres codes.
L’exploration de la ville, les interactions avec ses habitants et la progression scénaristique semblent s’intégrer dans un ensemble visiblement théâtral, inspirés des spots TV américains de l’époque où l’on n’était jamais loin de la propagande. Comment ça, comme aujourd’hui !? Passons…
Toujours prévu pour cette année sur toutes les plateformes — y compris la Switch et sa future évolution — le titre continue de se dévoiler par bribes. Fumi Games entretient une communication mesurée, préférant révéler ses atouts à travers des trailers ciblés plutôt qu’une surabondance d’informations.
Même si l’utilisation du noir et blanc ou du clair-obscur a produit les plus belles perles artistiques du côté des indépendants (Limbo, Inside, Kentucky Route Zero, Lorelei and the laser eyes, pour ne citer que ceux-là), le noir et blanc total reste un pari immense dans le jeu vidéo. On espère que le reste du jeu sera du même niveau et que le public répondra favorablement à cette audace.
Car, même s’il s’inscrit dans la lignée d’un Cuphead (ce dernier illuminait cependant l’écran d’une myriade de couleur), MOUSE: P.I For Hire devra défricher le terrain glissant du FPS. Là où la majorité du genre court après le réalisme, le studio Fumi Games fait le choix de l’illustration, de la satire et du contre-pied artistique. Une prise de risque réelle — et peut-être, à terme, une nouvelle référence pour ceux qui aiment les jeux qui osent sortir de l’ombre et du rang.
Test Limbo – Pas facile de danser dans le noir
Medoc
Test Lorelei and the Laser Eyes – Inattendu et immanquable
n1co_m
Test Cuphead – Die (hard) and retry (often)
City