Depuis près d’une décennie, Capcom est (re)devenu l’un des éditeurs les plus appréciés du jeu vidéo grâce à une cadence et une qualité impressionnantes dans les jeux proposés, alternant avec succès grosses productions tels que les Resident Evil, projets plus confidentiels comme pour Kunitsu-Gami: Path of the Goddess ou remakes soignés comme avec Dead Rising Deluxe Remaster. Des succès qui sont souvent critiques et commerciaux, avec un Capcom qui engrange les bénéfices records années après années. Cependant, l’un de ses derniers AAA, Monster Hunter Wilds, semble ne pas avoir pleinement atteint tous ses objectifs commerciaux.
Pourtant, le dernier né de la licence Monster Hunter s’était écoulé, lors de son premier mois de commercialisation, à plus de dix millions d’exemplaires. Une performance remarquable qui laissait augurer du meilleur et qui s’inscrit dans l’incroyable santé financière de l’éditeur. En effet, Capcom vit probablement la meilleure période de son histoire avec, par exemple, une hausse de plus de 10 % de son bénéfice d’exploitation pour la dixième période fiscale consécutive, excusez du peu.
C’est la faute au prix de la PS5
Malgré tout, les performances de Monster Hunter Wilds semble être in fine en deçà des attentes des dirigeants de la firme, avec notamment seulement 477 000 exemplaires supplémentaires vendus entre avril et mai 2025. Durant une interview accordée au média nippon Nikkei, Haruhiro Tsujimoto, président de Capcom, esquisse une explication quant à ce ralentissement inattendu des ventes du jeu :
« Nous avons également constaté que la « barrière de la PS5 » est étonnamment élevée. La console coûte environ 80 000 yens japonais (470 euros). Si l’on prend en compte le coût des logiciels et des abonnements mensuels, cela représente environ 100 000 yens à l’achat (580 euros). Ce n’est pas un prix facilement accessible, surtout pour les jeunes générations. Cette situation ne se limite pas au Japon, elle est également observée à l’étranger. »
Un discours particulièrement savoureux lorsqu’on le met en perspective avec les déclarations de ce même Haruhiro Tsujimoto qui, en 2023, déclarait à qui voulait bien l’entendre (et le croire) que pour survivre, les jeux devaient absolument êtres augmentés encore pour atteindre la barre symbolique des 100 €. Bizarrement, à l’époque, on l’entendait déjà moins théoriser sur le ralentissement des ventes dû aux tarifs de vente excessifs. D’autant que l’éditeur n’en est plus à son coup d’essai avec les pratiques commerciales parfois douteuses. On se souvient notamment des microtransactions dans Dragon’s Dogma 2 par exemple, ou aux prix prohibitifs de ses personnages ou multiples versions de Street Fighter.
Il y a pourtant d’autres causes qui expliquent en partie l’échec relatif (si on peut vraiment parler d’échec à ce niveau de vente) de Monster Hunter Wilds. En effet, le titre a beau être excellent, il reste globalement boudé par les puristes de la licence qui y voient une simplification trop importante des mécaniques de jeu au profit des nouveaux venus.
Aussi, n’oublions pas que les deux précédents opus de la saga, World et Rise, sont souvent proposés à tout petit prix pour un contenu gargantuesque, boosté par leurs extensions respectives, avec lequel Monster Hunter Wilds ne peut (encore) rivaliser. Ne sont-ce pas là de meilleures explications que simplement pointer du doigt le prix d’une console déjà écoulée à plus de 75 millions d’unités ?
Et quel sera le discours alors lorsque Capcom annoncera en grande pompe un éventuel portage de Monster Hunter Wilds sur Nintendo Switch 2, ou même le développement d’un épisode exclusif, comme ce fut temporairement le cas pour Monster Hunter Rise ? Et dans l’hypothèse d’un d’échec commercial, cela sera-t-il encore la faute du consolier qui propose une machine trop chère pour ses joueurs ? Ou peut-être que ce sera à cause du prix du format physique, souvent dénoncé par l’éditeur ?
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