C’est la grande annonce du jour : LEGO et The Pokémon Company ont signé un partenariat officiel pour proposer des produits dérivés dès 2026. Si, jusqu’à présent, c’était Mattel qui détenait la licence via sa gamme MEGA Construx, il est probable que LEGO en obtienne désormais l’exclusivité. Revenons sur cette alliance historique et sur ce que cette gamme révèle de la stratégie de la célèbre brique danoise, de plus en plus séduite par les univers japonais et vidéoludiques.
Une collaboration longtemps fantasmée
Si l’idée d’un partenariat entre LEGO et Nintendo paraissait évidente, il aura fallu cependant attendre 2020 pour voir apparaître les premières briques. Avant cela, la firme de Kyoto s’était toujours montrée réticente à prêter ses licences à des entreprises étrangères, préférant gérer elle-même la production de ses produits dérivés ou confier cette tâche à des entreprises locales. D’autant que l’histoire entre les deux marques n’a pas toujours été idyllique.
Lorsque LEGO Super Mario a été annoncé, les attentes des fans étaient élevées, notamment en ce qui concerne l’apparition de minifigurines classiques représentant les personnages emblématiques de la saga. Mais Nintendo, fidèle à son esprit d’innovation, a choisi un format interactif, où le plombier moustachu et ses compagnons ont pris la forme de figurines électroniques dotées d’écrans LED et de capteurs. Si cette approche a d’abord déconcerté les collectionneurs et amateurs, elle a su conquérir un large public, notamment des enfants, et a permis de poser les bases d’un partenariat durable.
Depuis, la collaboration entre Nintendo et LEGO s’est diversifiée. En plus de LEGO Supe Mario, une gamme de sets destinés aux adultes a vu le jour, comme le bloc “?” reprenant l’univers de Super Mario 64, la plante Pirahna ou encore un gigantesque Bowser articulé, ainsi qu’une nouvelle vague de sets adaptants divers véhicules de Mario Kart.
L’expansion vers d’autres licences Nintendo
Évidemment, suite à ce premier succès, Nintendo et LEGO ne se sont pas arrêtés à Mario et on décidé de continuer leur collaboration. Les fans pouvaient souffler, car l’alliance entre ces deux géants n’était pas un événement éphémère et exceptionnel, bien au contraire.
Fin 2023, le partenariat s’est élargie avec l’annonce de sets LEGO Animal Crossing. Cette licence, avec ses petites maisons et son esthétique colorée, s’est avérée parfaitement adaptée au concept de la brique danoise et, contrairement à Mario, cette gamme a introduit de véritables minifigurines fidèles au style de la franchise, avec des personnages emblématiques parfaitement retranscrits comme Tom Nook, Kéké ou encore Marie. Le résultat a été salué tant par les fans de la licence vidéoludique que par les amateurs de LEGO.
Mais ce qui était sans doute le plus grand fantasme des fans de Nintendo est finalement devenu réalité en 2024, après des décennies entières passées à en rêver : un set LEGO The Legend of Zelda. Suite à des années de propositions sur LEGO Ideas et d’innombrables créations de fans (MOC), la firme danoise a enfin officialisé un ensemble de construction mettant en scène l’Arbre Mojo, inspiré à la fois d’Ocarina of Time et de Breath of the Wild, pouvant être modulé selon la version préférée des joueurs.
Le set inclut 3 sublimes et détaillées minifigurines de Link à des époques et âges différents, ainsi qu’une non moins splendide représentation de la princesse Zelda, confirmant ainsi l’intérêt croissant de LEGO pour les divers univers de Nintendo et l’écoute attentive accordée aux attentes des fans.
Pokémon x LEGO, une conquête toujours plus affirmée des licences
Avec l’arrivée de LEGO Pokémon, c’est un nouveau cap qui est franchi. Reste à savoir quelle direction prendra cette nouvelle gamme : aurons-nous droit à des sets classiques avec des minifigurines de dresseurs et des Pokémon à l’échelle, ou bien LEGO optera-t-il pour un format destiné aux adultes, à l’image du Bowser de la gamme Mario, avec des statuettes de Pikachu ou Ouisticram à construire ?
En tout cas, il s’agit d’un énième coup majeur pour l’entreprise danoise, qui s’octroie une autre licence iconique à ajouter au panthéon de celles qu’elle a déjà adaptées, comme Star Wars, Marvel, DC, Harry Potter, et bien d’autres. L’acquisition de Pokémon montre aussi un tournant dans la stratégie de LEGO, qui s’ouvre de plus en plus aux licences japonaises. Après avoir longtemps privilégié les franchises occidentales, les briques jaunes semblent désormais vouloir séduire un public plus jeune, particulièrement friand de jeux vidéos, de mangas et d’animés, comme en témoigne son partenariat annoncé également pour cet été avec One Piece.
Cette diversification représente une opportunité énorme pour le groupe danois, qui pourrait prochainement s’attaquer à d’autres licences majeures du Japon. Avec des franchises comme Dragon Ball, Naruto ou encore My Hero Academia qui cartonnent à l’international, il ne serait pas surprenant de voir LEGO explorer ces univers, jusque-là absents de son catalogue malgré les suppliques des fans, dans les années à venir.
Mais il est intéressant de noter que le choix de la licence Pokémon représente un double intérêt stratégique pour la firme ; D’un côté, il s’inscrit dans cette tendance à s’ouvrir davantage aux franchises japonaises, et de l’autre, il confirme une volonté de plus en plus marquée d’investir le secteur du jeu vidéo, un terrain sur lequel LEGO multiplie les incursions ces dernières années.
Les adptations de jeux vidéo, l’autre Eldorado
Si la marque danoise a toujours été un mastodonte du jouet dérivé, elle s’est longtemps concentrée uniquement sur des adaptations de films et comics américains, avec des franchises comme Star Wars, Indiana Jones, Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux, Batman ou encore Spider-Man. Même leurs incursions vidéoludique, à travers leurs propres jeux LEGO, étaient basées sur ces divers franchises cinématographiques. Pendant des décennies, LEGO a donc privilégié le grand écran et les BD américaines, laissant les adaptations de jeu vidéo en marge de ses productions physiques.
Pourtant, la tendance a commencé à changer, avec le succès de la gamme LEGO Minecraft dès 2012, qui perdure depuis plus de treize ans et reste l’une des plus fructueuses de la firme. Une autre tentative plus timide a suivi avec LEGO Overwatch, un second essai en demi-teinte qui n’a pas connu le même succès, la franchise de Blizzard s’adressant sans doute à un public moins large et universel que Minecraft. Mais depuis, LEGO a intensifié ses adaptations de franchises vidéoludiques avec des sets comme le Tallneck de Horizon: Forbidden West, le bus volant de Fortnite, ou encore une gamme complète dédiée à Sonic the Hedgehog. Et plus récemment, c’es évidemment le partenariat durable et très profitable avec Nintendo qui a changé la donne.
Cette orientation vers le jeu vidéo n’est pas anodine. Le médium est devenu un pilier du divertissement moderne, captant un public jeune mais aussi de nombreux adultes, au point de rivaliser (voire surpasser) l’influence du cinéma. Cette évolution se traduit d’ailleurs au sein même d’Hollywood, où les adaptations de jeux vidéo ont le vent en poupe, comme le prouvent le succès des films Super Mario Bros. et Five Nights at Freddy’s, ainsi que des séries The Last of Us, Arcane, Cyberpunk: Edgerunners et Fallout. Sans oublier les sorties à venir, telles que Minecraft : Le Film ou encore le projet de long-métrage Horizon. LEGO suit donc cette dynamique en s’attaquant progressivement au marché des joueurs, et cela semble parfaitement fonctionner.
Car c’est un fait, LEGO a déjà exploité presque toutes les licences cinématographiques et télévisées possibles. On a bien vu des sets Gremlins, Beetlejuice, Mission Impossible, SOS Fantôme, Bob l’éponge, Les Minions, Super Nanas, Le Magicien d’Oz, Retour vers le Futur, Tortues Ninja, Avatar, Tron… La marque a écumé quasiment tout le catalogue des franchises cultes du grand et du petit écran.
Enfin, certaines restent tout de même volontairement mises de côté, LEGO évitant soigneusement les licences d’horreur ou trop violentes, comme Alien, Blade Runner, Game of Thrones, Terminator ou encore Mad Max, afin de préserver son image kid-friendly (et ce, malgré la commercialisation de sets à 500 euros clairement destinés aux adultes). Cela dit, certaines licences plus matures et violentes ont tout de même eu droit à leur adaptation, à l’image de la pentalogie Indiana Jones, du diptyque Dune ou encore de la trilogie DC de Zack Snyder et du très noir The Batman.
Pas vraiment ce qu’on appellerait des films ‘kid-friendly’… mais bon, personne ne va se plaindre de pouvoir ajouter à sa collections des figurines du Temple Maudit, d’Arrakis ou de la Justice League de Snyder. Si LEGO estime que ça passe, tant mieux pour nous ! Des exceptions rares donc, et qui confirme la règle. En tout cas, le terrain encore largement inexploité par la marque danoise, et qui s’annonce comme une mine d’or inestimable pour les années à venir, c’est bien celui du jeu vidéo. Et à en juger par la réaction des fans, cette conquête ne fait que commencer.
Nintendo et les collaborations occidentales : une prudence historique
Ce qui rend ce partenariat encore plus intéressant, c’est que Nintendo a toujours été réticent à confier ses licences à des entreprises occidentales. Si la firme japonaise a toujours collaboré étroitement avec des fabricants locaux pour produire des figurines et des jouets dérivés (notamment avec Bandai, Takara Tomy ou encore Banpresto) elle s’est montrée bien plus frileuse lorsqu’il s’agissait d’accords avec des marques occidentales. Pendant longtemps, Nintendo a privilégié une gestion stricte et très contrôlée de son image, refusant de diluer son identité dans des partenariats qui pourraient nuire à sa réputation ou à sa vision du produit.
L’alliance avec LEGO avec Super Mario, puis Animal Crossing, Zelda et désormais Pokémon, montre que la firme nippone semble de plus en plus encline à s’ouvrir aux collaborations internationales, à condition que celles-ci respectent l’essence de ses licences (comme en témoigne l’adaptation réussie au cinéma du plombier moustachu en 2023 par Universal et Illumination). Ce rapprochement avec LEGO n’est d’ailleurs pas anodin : la firme danoise, bien qu’occidentale, partage avec Nintendo un ADN similaire, fait de créativité, d’innovation et d’un attachement fort à un public familial. Ce sont deux marques qui ont su rester incontournables malgré les évolutions du marché.
L’arrivée des sets LEGO Pokémon marque donc une étape clé dans cette évolution. Non seulement, elle illustre la volonté de Nintendo de continuer à explorer de nouvelles opportunités commerciales, mais elle témoigne aussi de l’intérêt croissant des briques pour l’univers du jeu vidéo et des licences japonaises. Reste à voir comment la marque danoise exploitera cet univers si riche et emblématique. En tout cas, les attentes seront sûrement énormes.
Entre les fans de Pokémon, les passionnés de LEGO, les collectionneurs nostalgiques et le poids commercial titanesque des deux marques réunies, cette gamme a toutes les cartes en main pour devenir un véritable phénomène.
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