Ce 9 décembre, l’événement A League of Its Own organisé par Redbull Gaming oppose les champions du monde en titre de League of Legends, T1, à différentes équipes européennes. La France y sera représentée par l’équipe de la Karmine Corp, celle portée par l’organisation tout le long de 2023 plutôt que sa nouvelle équipe LEC. L’événement se déroule au Velodrom de Berlin. Ce sont six équipes européennes qui sont opposées au géant coréen. Les matchs pourront être suivis sur les chaînes Twitch et YouTube de Redbull Gaming.
Le format proposé place définitivement la rencontre dans l’ordre de l’informel : sept équipes, sept matchs dont cinq incluant T1, les matchs ne se composent que d’une partie. De plus, les champions en titre seront limités puisqu’il leur sera interdit d’utiliser tout champion utilisé lors d’un match où l’équipe a participé. Cette clause n’inclut pas le match contre G2 Esport, qui détient le titre de la ligue européenne.
Une décision qui est controversée du côté des fans d’Europe, qui auraient aimé voir des matchs plus traditionnels. Kameto, fondateur de la Karmine Corp a notamment affirmé avoir demandé à Redbull Gaming que des parties normales soient intégrées dans l’événement. Cette requête a été refusée pour la majorité des équipes.
Cette réaction témoigne des ambitions des Européens, et ne semble pas se communiquer en dehors de la région : les supporters de T1 s’attendaient à ce qu’une telle clause soit incluse. L’équipe est connue pour s’imposer des contraintes lors des matchs amicaux, les membres de l’équipe ont notamment déjà inversé leurs rôles sur le terrain. Cette différence de perception n’est pas surprenante : après avoir gagné quatre fois les championnats du monde, l’équipe coréenne n’a pas forcément beaucoup à prouver. Elle se retrouve très confiante, ses membres affirmant que « la victoire la plus compliquée sera contre G2 Esport ».
À l’inverse, la ligue européenne est considérée comme l’une des plus fragiles en compétition ces dernières années. Si G2 Esport a pu tirer son épingle du jeu par le passé, les Européens peinent souvent à se démarquer. Plus encore, deux des équipes du tournoi sont particulièrement récentes : les Espagnols de Team Heretics ont accédé à la première division pour la première fois cette année, les Français de la Karmine Corp y entreront l’année prochaine.
En ce qui concerne l’organisation concrète de l’événement, elle ira crescendo : ce sont d’abord deux équipes allemandes à la rivalité bien connue dans le pays qui s’affronteront. Puis, le niveau reconnu des équipes augmente : NNO Old, qui est composée de joueurs allemands connus, Karmine Corp, qui arrive en LEC (première division européenne donnant accès aux compétitions internationales) en 2024, puis Team Heretics, en LEC depuis la saison 2023. Enfin, la compétition se clôt sur le match T1-G2 Esports, équipe en LEC depuis 2016, généralement considéré comme ayant le plus de succès en Europe
Il est évident que cet événement amical place les projecteurs sur ces équipes qui ont tout à prouver. Même pour G2 Esport, ce n’est pas si courant de pouvoir se mesurer à l’équipe coréenne. Seule une équipe européenne s’aligne réellement sur ce que vise l’événement de Redbull Gaming, l’équipe NNO Old, qui rassemble des streamers et influenceurs allemands.
Ces différences d’attitude sont un témoignage de la manière dont sont représentées les équipes compétitives, avec des ligues coréennes et chinoises loin devant, suivies par la ligue européenne, puis la ligue américaine, actuellement en grande difficulté. S’il est certain que ces différences apparaîtront dans la compétition, Redbull Gaming cherche avant tout à mettre en valeur les équipes dont Redbull est l’un des sponsors — c’est notamment le cas de T1, de G2 Esports et de la Karmine Corp.
C’est la période creuse pour League of Legends : au cours de l’intersaison, tout ce dont les streamers et autres commentateurs peuvent parler, ce sont des spéculations quant à la saison suivante, de la manière dont Riot modifiera le jeu pour la prochaine saison ainsi que les rumeurs ou confirmation de changements d’équipes.
Redbull Gaming, avec les modalités de cette rencontre de l’Europe contre la Corée du Sud, trouve un moyen de mettre à distance le format intense du Championnat du monde et du MSI (championnat international de mi-saison). Ce parti pris, de mettre à distance l’intensité de la compétition, ne plaît pas à tout le monde, mais est néanmoins bienvenu dans un contexte où les équipes sont traitées comme des idoles. S’il peut être vu comme un panneau publicitaire pour Redbull Gaming, l’événement « a League of Its Own » permet, sans qu’il n’y ait d’enjeu outre mesure, de rythmer une intersaison autrement bien creuse maintenant que la période de formation des équipes pour 2024 se clôt doucement.
Il permettra également aux équipes les plus jeunes dans la compétition internationale de prendre la mesure de la montagne à gravir pour se tenir aux côtés des plus grands lors des compétitions internationales. Une montagne haute, mais pas insurmontable lorsqu’on sait que certaines équipes, comme la Karmine Corp, visent à moyen terme le développement de formations similaires à celles coréennes pour ses futurs équipiers.
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