Nous voici donc un an après la sortie du jeu, afin d’accueillir Kingdom Hearts III Re Mind, le gros DLC tant attendu, devant apporter son lot de nouveautés, mais surtout un morceau de scénario inédit. Sur le papier, ce DLC sonnait naturellement comme une version Final Mix moderne, puisqu’on le rappelle, les épisodes 1 et 2 de la série avaient eu droit à une seconde sortie commerciale, avec tout un tas de bonus ajoutés. Mais là où il fallait acheter un second exemplaire du jeu du temps de la PS2, aujourd’hui nous sommes à l’ère du DLC.
Alors, habituellement, nous n’avons pas trop pour habitude de faire rentrer le prix dans l’équation d’un test. Cependant, 30 euros le DLC (40 euros si vous le prenez avec le concert orchestral), cela peut naturellement faire tiquer les joueurs, c’est tout de même le prix de certains jeux d’envergure lors de leur sortie (Hellblade pour ne citer que lui). Alors, plusieurs questions se posent. Sommes-nous devenus aigris face à un continuel flou commercial venant des grosses sociétés lors de la parution de contenus additionnels ? La societé Square Enix garde-t-elle des œillères face à la réalité économique du marché actuel ? Kingdom Hearts III Re Mind vaut-il finalement son prix ?
Une quantité de travail qui ne transparaît pas assez à l’écran
Pour ne rien vous cacher, lorsque nous avons lancé Kingdom Hearts III Re Mind, ce fut la désillusion totale, et ce durant deux bonnes heures, avant que l’on puisse tout doucement à remettre un peu les choses dans leur contexte et que, accessoirement, le DLC commence à nous en mettre plein la gueule. Donc prenons simplement les choses dans l’ordre. Si vous êtes ici, c’est que vous avez déjà fait le jeu de base, et si vous êtes comme nous, cela faisait un an complet que vous n’aviez plus touché au jeu, ou presque. Dans une série comme Kingdom Hearts, cela a son importance, car la trame est devenue si dense et riche avec le temps que nous remettre en tête tous les événements du jeu de base n’a pas été chose aisée.
L’un des premiers soucis rencontrés vient du fait que le DLC nous propose de revivre la fin du jeu, mais sous un autre angle, à savoir celui vécu par les autres protagonistes lors de la bataille finale. Sora revient dans le temps afin d’agir sur son présent, et ainsi tenter de sauver Kairi. Le problème a été ici double pour nous. Dans un premier temps, le DLC reprenant exactement les événements de la fin, nous avions du mal à nous remémorer ce qui était dans le jeu de base et ce qui ne l’était pas, d’autant plus que la plupart du temps, nous restons aux commandes de Sora.
Heureusement, comme promis, il nous est parfois permis de prendre le contrôle d’un autre personnage présent à nos côtés lors de la bataille, mais ces combats n’étant pas les plus compliqués du jeu, nous n’avons pas le plaisir de nous amuser bien longtemps, parfois seulement quelques secondes. Dans un second temps, notre souci vient du fait qu’en ayant opté pour le parti pris de revivre les événements de la fin du jeu, il n’y a absolument rien visuellement qui va nous faire passer la pilule pécuniaire de ce DLC. Alors il y aura bien quelques nouveautés visuelles en termes de décors, nous y reviendrons, mais cela reste mineur, nous aurions vraiment pu espérer qu’au moins un nouvel environnement prenne place dans la partie scénarisée. Dommage.
Nous avons bien dû passer 5/6 heures sur ce nouveau morceau de scénario pour en venir à bout, et nous avons eu exactement la même sensation qu’avec le jeu de base : le rythme y est mal maîtrisé. En effet, les deux premières heures nous servent des cinématiques que nous avons déjà vues pour beaucoup, pas mal de blabla pas toujours intéressant sur d’autres, et ce n’est qu’une fois arrivé dans le dernier 1/3 que l’on se dit : « voilà pourquoi j’aime Kingdom Hearts ». On a alors droit à des cinématiques magnifiques et impressionnantes, des moments épiques, de l’émotion, un peu de challenge, des révélations à ne plus savoir qu’en faire, une fin superbe et cette OST de l’amour. Alors notre cœur se met forcément à vaciller. Mais que penser de tout ça ?
Pour répondre à cette question, il ne faut pas s’arrêter en route, et s’intéresser à la suite, car tout de même, pour 30 euros, vous n’avez pas seulement 5 heures de jeu au rythme aléatoire. La seconde partie qui se déverrouille est le mode limit cut qui va se révéler être un challenge hors norme pour beaucoup de joueurs, et un délice sans pareil pour les fans. Il s’agit là d’affronter 13 nouveaux boss dont nous tairons les noms, mais rien que le chiffre devrait vous mettre en partie sur la voie. Ce mode limit cut est excellent, offre enfin un défi de taille, et les combats sont juste dantesques. La petite cerise sur le gâteau, c’est la récompense de fin, ce fameux boss secret annoncé dans ce DLC, et qui réserve à la fois un superbe combat, mais aussi une cinématique qui devrait vous mettre « on fire » pour la suite de la série.
Des fonctionnalités qui ne devraient plus être payantes en 2020
Nous avons donc vu les deux morceaux principaux du DLC, à savoir la partie scénarisée, ainsi que le mode limit cut qui vaut son pesant de cacahuètes. Il nous reste donc les ajouts que l’on va qualifier de « mineurs » car mine de rien, en 2020, payer pour un mode photo, ça fait mal. Mais encore une fois, prenons les choses dans l’ordre. Pour le reste du DLC, nous avons un mode photo, un mode diaporama, ainsi qu’un menu premium permettant de gérer absolument toutes les composantes du gameplay, afin de moduler la difficulté de votre partie en choisissant d’avoir des HP en chute constante, ou une défense à 0 en permanence.
Si ce menu permet en effet d’accéder enfin à un challenge intéressant, ce que beaucoup attendaient encore plus que le mode critique, le seul moyen d’y accéder et de relancer une nouvelle partie, et il n’est donc pas possible de commencer tranquillement votre DLC en utilisant ce menu premium. Encore une fois, c’est dommage.
Viennent donc ensuite deux éléments que l’on va mettre dans le même panier, les modes photo et diaporama. Alors que l’on soit bien clair, le mode photo de Kingdom Hearts est le mode photo le plus complet et intéressant que l’on ait jamais vu dans un jeu vidéo. C’est juste incroyable de voir autant de modifications possibles. Vous pouvez choisir jusqu’à 25 personnages à ajouter dans le décor de votre choix, ajouter des ennemis, des effets de particules, choisir la pose que chacun adoptera, la keyblade utilisée, etc. Vraiment, si vous êtes un dingue des modes photo dans les jeux, vous allez avoir à disposition certainement le meilleur jamais réalisé dans un jeu jusqu’à présent. Une fois les photos réalisées, vous allez pouvoir en faire des diaporamas et ainsi contempler vos œuvres, en y ajoutant musiques et transitions à votre guise.
Donc maintenant, la question est de savoir si en 2020 ces fonctionnalités, aussi riches soient-elles, peuvent réellement peser dans la balance du prix d’un DLC, quand depuis des années les modes de difficulté et photos sont ajoutés pour le plaisir des joueurs de façon gratuite. Et pour revenir sur ce que nous disons plus haut en titre, l’argent que tout Kingdom Hearts III Re Mind a dû coûter en termes de développement ne transparaît absolument pas à l’écran. En forçant un peu, on aurait presque l’impression qu’ils ont plus bossé sur le mode photo que sur la partie scénarisée. Alors ce n’est probablement pas vrai, mais c’est l’image que l’on se fait de tout ça une fois que l’on arrive au bout.
Dans l’absolu, ce qui nous aurions aimé, c’est que ce DLC soit aussi disponible sans les fioritures photo, afin d’arriver à un prix qui donne envie à un maximum de joueurs de découvrir les prémices de la suite de la série, car malgré tout, ce DLC vaut vraiment le coup que l’on se penche dessus si l’on est un fan. Sauf qu’encore une fois, même si la qualité intrinsèque de chaque élément est réelle, ce sont bien ceux qui font vivre la série qui sont pris un peu pour des « pigeons », alors qu’ils devraient plutôt être récompensés pour leur dévouement depuis bientôt 20 ans. On imagine que tout est bien plus compliqué, et Disney a son mot à dire dans tout cela, mais en amoureux de la licence, il reste compliqué de constater que pour profiter de la « vraie » fin du jeu, il faille débourser autant.
Alors, sommes-nous finalement de vieux ronchons qui veulent payer toujours moins ? Nous pensons surtout que Kingdom Hearts III Re Mind aurait été une bonne affaire durant l’ère PS2, une époque où pour accéder à un tel contenu supplémentaire, il fallait acheter cette fameuse version Final Mix. Mais les choses ont changé, les fleurs ont fané, et le temps d’avant, c’était le temps d’avant. Aujourd’hui, la réalité économique n’est plus la même, et malgré un travail conséquent et très chiadé, Square Enix nous livre une sorte d’hybride entre deux âges, que l’on peut facilement considérer comme un simili Kingdom Hearts III Final Mix. Alors que tout était fait pour rendre cet épisode accessible aux nouveaux joueurs, ce DLC a donc une saveur un peu âpre que sûrement seuls les vrais fans pourront tolérer.
Kingdom Hearts III Re Mind est vraiment trop cher, et non pas car ce qu’il propose est de mauvaise qualité, mais parce que le temps des Final Mix est révolu, et que les joueurs, même s’ils sont pris pour des pigeons, n’ont plus pour habitude de hocher la tête bêtement pour dire merci à un contenu aussi léger comparé à son prix. Pour autant, c’est très désagréable d’en arriver à cette conclusion, car si au premier abord nous pouvons facilement pester de rage, en analysant un peu plus, on se rend compte qu’il y a un magnifique boulot de fourni pour parfaire cette expérience, et mettre encore plus en valeur cet épisode.
Après avoir été un peu acerbe durant le test, il faut tout de même dire que Kingdom Hearts III Re Mind nous a offert un superbe final que l’on qualifiera de court mais intense d’un point de vue scénaristique, et qui ravira les fans qui attendent la suite de la série avec impatience, même si certains se contenteront sûrement de lancer les moments forts sur YouTube. Enfin, si le prix vous fera indubitablement grincer des dents, il faut avouer que le challenge de ce DLC aussi. Le menu premium (un menu payant…) apporte mine de rien une dose de difficulté supplémentaire allant bien au-delà du mode critique, et promet au joueur moyen de s’offrir des heures de bonne souffrance en perspective, permettant au passage de découvrir le jeu sous un nouveau jour.
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