C’est en tous cas ce qu’avance le Docteur en psychologie dans une interview.
Il y a quelques semaines (l’année dernière, déjà !), on a tous vu tourner cette vidéo extraite de l’émission de Jimmy Kimmel où des parents filment la réaction de leurs enfants alors qu’ils éteignent l’écran en plein milieu d’une partie de Fortnite. Cette séquence, très largement partagée sur Facebook et reprise dans de nombreux média, était sensée illustrer à quel point ce jeu rend les enfants accros et agressifs.
Car le jeu vidéo rend fou, c’est bien connu. Ou tout du moins, c’est l’idée reçue du moment. À la marge, cela sert les affaires de certains, qui, flairant le filon, ont ouvert des cures de désintoxications à Fortnite. Mais de manière plus générale, cela inquiète les parents qui ne comprennent pas le phénomène. Comme le cinéma, le jeu de rôle sur table ou le métal, qui, chacun en leur temps, se sont vus accuser des pires maux.
Alors, dans ce contexte, il peut être rafraîchissant, voire salutaire, d’entendre un autre son de cloche. Surtout quand celui-ci nous vient d’un Docteur en psychologie respecté, chroniqueur régulier du très sérieux magazine Forbes .
À l’occasion de la publication de son livre “The New Childhood: Raising Kids To Thrive In A Connected World” (« La nouvelle jeunesse : Élever ses enfants afin qu’ils s’en sortent dans un monde connecté »), Variety a donné la parole à Jordan Shapiro dans une interview aussi intéressante qu’à contre-courant.
Jordan Shapiro pointe par exemple cette situation extrêmement répandue : des parents qui, d’un côté, veulent préparer leurs enfants à la société de demain, celle, connectée, du tout numérique et de l’intelligence artificielle, mais qui, dans un même temps, paniquent à la vue de leurs enfants qui jouent en ligne ou passent du temps sur les réseaux sociaux. Un comportement paradoxal s’il en est.
D’autant que, continue Jordan Shapiro, jouer est probablement la meilleure façon d’apprendre. Ainsi, si les enfants d’aujourd’hui vivent dans un monde connecté, c’est de cette façon qu’ils doivent jouer. Selon lui, il est bon qu’ils aient des activités qui les préparent au mieux à naviguer dans cette société numérique. Et c’est justement ce que proposent les jeux vidéo. Pour Jordan Shapiro, si les parents accompagnent leurs enfants en ce sens, tout ira bien.
If parents, teachers, and caretakers get involved—if they start playing video games with their kids—well, then, I’m certain that everything will be alright.
C’est le sujet de prédilection de Jordan Shapiro : le jeu comme moyen d’apprentissage, et le jeu vidéo en particulier. Il nous explique que de manière générale, tout ce qui n’est pas directement exploitable d’un point de vue professionnel est souvent minoré, critiqué. Et de prendre l’exemple du tonton relou qui ira de son « Et à quoi est-ce que ça va te servir, un diplôme en philosophie ?! ».
Pourtant, en jouant, les enfants acquièrent des compétences indiscutables. Jordan Shapiro avance même que quand un enfant s’entraîne pour maîtriser des coups spéciaux ou monter en niveau, il travaille !
À ce mépris du jeu, il faut ajouter cet étrange mélange de fascination-répulsion pour la technologie. Ainsi, l’exemple de nos smartphones est assez parlant : on les aime autant qu’on les déteste. En effet, bien que scotchés à nos appareils, on ne compte plus les initiatives du type « journée sans écran » ou autres articles de magazines lifestyle qui nous apprennent à « déconnecter ».
La « nouvelle enfance » dont parle le titre du livre de Jordan Shapiro, c’est celle qui, contrairement à notre génération, et née dans cette société connectée. Nous n’étions, nous, pas préparés à vivre cette révolution, et nous ne sommes pas surs de savoir préparer nos enfants à cette société. C’est là que nos anxiétés de parents trouvent probablement leurs sources.
Jordan Shapiro termine l’interview sur une note à la fois amusante et provocatrice : il avoue jouer en ce moment en famille à… Mortal Kombat X ! Si il comprend que beaucoup trouveraient troublant de s’amuser avec ses enfants devant un spectacle aussi sanguinolent que les fatalités dans Mortal Kombat, il insiste sur ce qui est le plus important dans cette anecdote : le fait de s’amuser ensemble, en famille.
Pour lire l’interview complète de Jordan Shapiro (en anglais), rendez-vous sur le site de Variety.