Il était depuis quatre ans maintenant le visage de PlayStation. « Était », car nous avons appris dans la nuit que Jim Ryan vient de démissionner et prendra sa retraite au mois de mars prochain. Une démission soudaine qui va bousculer le constructeur et devrait entraîner des remous pendant les semaines et mois à venir. Car si cette démission nous apparaît comme soudaine, presque venue de nulle part, il semblerait que du côté de Sony Interactive Entertainment, cette fin de règne soit également inattendue.
En effet, dans ces très gros groupes, le départ de leaders est généralement connu en interne des mois à l’avance, permettant ainsi de préparer une succession sereine et d’éviter, tant que faire se peut, d’afficher une image au public (et aux marchés) de faiblesse structurelle. Mais ici, point de relève définitive pour Jim Ryan, mais plutôt un intérim assuré par le directeur financier du groupe Totoki Hiroki. Intérim qui débutera d’ailleurs dès ce mois d’octobre. Quand on vous dit qu’il y a une odeur de précipitation…
Le futur ex-président de PlayStation aura, après trente années au sein du groupe, su imposer sa marque en interne. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il a été le PDG le plus populaire pour les fans de PlayStation. Ces quatre dernières années ont été le théâtre de décisions commerciales parfois plus que douteuses, entre les augmentations de prix, ou les promesses de campagne commerciale non tenues.
Des décisions qui ont peu a peu écorné l’image du groupe et ébranlé la confiance des acheteurs alors qu’en parallèle, commercialement parlant, PlayStation atteint des sommets de réussite. Yoshida Kenichiro, président de Sony, ne tarit d’ailleurs pas d’éloges à son propos :
« Jim Ryan a été un leader inspirant tout au long de sa période chez nous, mais jamais autant qu’en supervisant le lancement de la PlayStation 5 au milieu de la pandémie mondiale de COVID. Cette réussite extraordinaire réalisée par toute l’équipe SIE s’est progressivement développée et la PlayStation 5 est en passe de devenir la console la plus réussie de SIE à ce jour. Je suis immensément reconnaissant à Jim pour toutes ses réalisations. »
Qu’est-ce qui pourrait alors expliquer un départ dans de telles conditions ? Le principal intéressé évoque un problème d’équilibre entre sa vie personnelle, en Europe (Jim Ryan étant anglais), et sa vie professionnelle aux États-Unis. Mais ce timing nous amène tout de même à nous interroger. Alors que Sony semble être en proie à une attaque de grande ampleur par des hackers, pourquoi annoncer un départ aussi précipité pour l’un de ses cadres les plus importants ?
Qui alors pour lui succéder ? Un retour de Shuhei Yoshida, qui a été président des studios PlayStation de 2008 à 2019, nous paraît assez peu probable malgré sa popularité auprès des joueurs et son expertise. Hermen Hulst, l’actuel président des studios first party, paraît être, sur le papier du moins, un candidat crédible à la couronne. Une chose est sûre, on sait ce qu’on perd, mais on ne sait pas ce qu’on gagne, alors, en attendant d’en savoir plus, laissons donc le mot de la fin à Jim Ryan :
« PlayStation fera toujours partie de ma vie et je me sens plus optimiste que jamais quant à l’avenir de SIE. »
Au revoir, Jim, et bonne retraite.