Fin décembre, le Parti Communiste Chinois s’était fendu de la promesse d’un encadrement plus strict des jeux-services, visant à bannir certains mécanismes incitant à l’addiction (et, in fine, au passage à la caisse). Cependant, la réaction des investisseurs a été plus brutale que prévu, de quoi faire reculer l’autorité législative qui a annoncé publiquement réviser sa copie.
En ligne de mire du gouvernement chinois, des pratiques courantes des jeux-services telles que les récompenses quotidiennes de connexion et les bonus accordés pour un premier achat en jeu, mais aussi la commercialisation de loot boxes auprès des mineurs et les possibilités de spéculation sur la revente d’objets. Il ne serait plus question non plus de proposer des objets exclusivement disponibles sur un tirage aléatoire sans offrir la possibilité de les acheter spécifiquement : une stratégie juteuse sur laquelle repose le genre entier des gatchas. Globalement, l’objectif de cette loi est de limiter les dépenses des utilisateurs via les microtransactions.
Les conséquences sur le marché ne se sont pas faites attendre, puisque l’action en bourse de géants tels que Tencent, NetEase et BiliBili s’est effondrée le jour même, pour une dépréciation qui avoisinerait les 80 milliards de dollars, NetEase ayant notamment perdu le quart de sa valeur. La réaction peut paraître disproportionnée lorsque l’on considère qu’il s’agit d’entreprises au capital varié, dont on se doute qu’elles ne seront pas intégralement mises en danger par ces restrictions sur les jeux-services. Cependant, au-delà du strict impact économique à prévoir, on devine que c’est le signal global envoyé par le gouvernement qui fragilise la confiance du marché en le plaçant dans une position d’incertitude.
Le Parti Communiste Chinois a en effet publiquement présenté ses excuses au secteur et annoncé réfléchir à une législation plus souple. Ce retour en arrière semble ainsi indiquer un manque de concertation avec les professionnels, ou a minima une prise en compte trop légère de leurs objections lors de l’élaboration de la proposition de loi originelle. Une situation qui, à n’en pas douter, rappelle celle de 2021, alors que l’attribution des visas des jeux vidéo avait été suspendue pendant neuf mois le temps de la mise en place de nouvelles règles, gelant complètement l’industrie.
En attendant une version mise à jour de la proposition de régulation, il fallait bien sûr un sacrifice pour calmer l’opinion populaire : c’est ainsi Feng Shixin, haut fonctionnaire en charge de la régulation du secteur, qui a été démis de ses fonctions pour avoir porté ce projet de loi. En face, la cotation boursière des entreprises qui avaient été impactées par cette annonce a quant à elle commencé à reprendre du poil de la bête. Néanmoins, il est évident que du côté du gouvernement comme de celui du marché, on ne sortira pas indemne de cet épisode.
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