Y a-t-il série au format court qui aura su soulever autant d’enthousiasme que Kaamelott sous nos latitudes ? La série est devenue presque instantanément culte, et a su toucher un très large public. Si on vous dit « c’est pas faux », ou « au bûcher ! », vous savez immédiatement à quoi on fait référence, n’est-ce pas ?
Alors que se profile enfin le long-métrage que tous les fans (et les autres) attendent, que la création d’Alexandre Astier a été adaptée en bande-dessinée et que l’on peut profiter de l’intégralité des textes de la série au format roman (un régal), que reste-t-il à accomplir à Kaamelott ? Et si la consécration venait d’une adaptation en jeu vidéo ?
Des nouvelles du monde
Quoi, Excalibur ? Vous la voulez ? Tenez, je vous la rends ! Confiez-la donc à Perceval, il paraît qu’il a un plus grand destin que le mien !
Ce qui fait tout le sel et l’intérêt de Kaamelott, ce sont ses personnages hauts en couleur, et ses dialogues taillés de main de maître. Or, il s’agit exactement de ce que nous recherchons lorsque nous jouons à un RPG. Comparez The Witcher, Fallout, Baldur’s Gate ou même NieR Automata. Nous nous attachons à leurs protagonistes tout autant qu’aux aventures qu’ils vivent, et ce grâce à la qualité de la narration de ces différents titres.
Le pont est alors tout trouvé : le RPG ne serait-il pas le plus beau des écrins pour accueillir Kaamelott sur les terres du jeu vidéo ?
Rappelons rapidement le contexte, même s’il est évident que si vous êtes ici, vous connaissez déjà la chanson. La série s’inspire grandement de la légende arthurienne, mais « twiste » la formule en y apportant une grande dose d’humour. Arthur Pendragon et ses chevaliers de la Table Ronde tiennent plus ici de l’héritage des Monty Python (mais aussi d’Astérix et de Michel Audiard) que de celui de Chrétien de Troyes. La tâche de la quête du Graal semble même parfois beaucoup trop lourde pour leurs épaules.
Secondé par une troupe de chevaliers à l’incompétence proportionnelle à leur volonté de bien faire, confronté à un peuple à la limite de la stupidité congénitale et devant repousser en permanence des invasions de barbares au taux de réussite proche de zéro, Arthur doit tout autant lutter contre ses propres alliés que contre ses ennemis pour atteindre le Saint Graal.
Avec un background comme celui de cette série, incarner un personnage dans cet univers empreint de la mythologie arthurienne à la sauce Astier pourrait être d’un réjouissant sans pareil.
Qu’il s’agisse de camper Arthur Pendragon himself, ou un paysan promis à une grande destinée, les possibilités qui s’offrent à celles et ceux qui voudraient tenter l’aventure sont si grandes que cela en est vertigineux. Il va donc nous falloir débroussailler ces possibilités pour faciliter la tâche des développeurs.
Le Chevalier mystère
– Ça vieillit mal, les héros…
– Ouais, enfin les connards aussi, ça vieillit mal !
Avouons qu’incarner Arthur, qui est un personnage complexe, à la fois héros et anti-héros, serait une immense satisfaction. Et ce bien plus que d’incarner le péquin lambda, quand bien même il serait l’élu. Prenons donc pour acquis que nous interprèterons le Roi de Bretagne.
Côté scénario se pose la question suivante : à quel moment de la saga pourrait se dérouler l’histoire du jeu vidéo ?
Cela pourrait bien entendu être une préquelle, présentant un jeune Arthur appelé par une destinée exceptionnelle. Mais sentez-vous ce parfum de déjà-vu ? La deuxième option serait de vouloir couvrir la saga télévisuelle, avec pourquoi pas, une narration divisée en « Livres » à l’instar de son modèle. Mais d’un point de vue narratif, cela serait sans doute trop contraignant, obligeant les développeurs à coller au plus près au matériau de base. Que choisir alors ?
La solution pourrait être de placer le jeu vidéo comme relais de la série. ALERTE SPOILER !
À la fin de la dernière saison, Arthur part se réfugier à Rome. Lancelot a pris le trône et sous l’influence de Méléagant fait régner la tyrannie. Déchu de son titre, sans pouvoir ni véritables alliés, le voilà seul, uniquement armé de sa volonté de se battre et de reprendre en main sa destinée.
Dès lors, le contexte du jeu serait tout trouvé : après de nombreux mois d’exil, Arthur revient sur les terres de Bretagne, et va tout mettre en œuvre pour reprendre Kaamelott, et mettre un terme au règne blanc de Lancelot.
Une proposition qui semble idéale, puisqu’elle permettrait à Arthur de revoir ses anciens alliés, et de peu à peu les rallier à sa noble cause, afin de reconquérir son dû.
Bien évidemment, pour que l’histoire tienne debout, et qu’elle tienne en haleine, il faudra garantir une grande qualité d’écriture. Afin que la qualité des dialogues et du scénario soit à la hauteur de la série, personne d’autre qu’Alexandre Astier ne saurait prendre les rênes de l’écriture. Il est de toute façon de notoriété publique que l’auteur souhaite garder la mainmise sur chaque aspect de son œuvre, et sur chaque produit dérivé.
Rappelons enfin que Messire Astier est également un passionné de jeux vidéo, qu’il a donné de la voix pour Mass Effect Andromeda (pour le personnage du maire August Bradley) et qu’il touche sa bille (©1989) en matière de RTS. Dans une interview donnée au Point le 24 février 2017, il déclare :
Oui, je joue pas mal aux jeux vidéo. Mais je suis plus RTS (jeux de stratégie en temps réel, NDLR), j’ai pas mal joué à toutes les grandes licences RTS avec entre autres Warcraft 3, Starcraft 2, Age of Empire Mythologies sur DS, ou les Command and Conquer. Je crois que mon premier RTS, ça a dû être Dune 2: The Battle for Arrakis sur Mega Drive et c’était super ! Mais j’aime aussi beaucoup les jeux de rôle « papier ».
Vu l’expérience du bonhomme, que ce soit en termes d’écriture, de mise en scène et de jeux, à n’en pas douter, Kaamelott RPG pourrait être une véritable pépite.
Unagi
Progressif… N’oubliez pas, dans la casse, le plus important, c’est les suites d’épaisseurs… Bûche de 10, Bûche de 16, Bûche de 32, Bûbûche, Bibuchette, et re-Bûche de 6 !!!
Outre un scénario confectionné sur mesure par un excellent tailleur, un RPG ne saurait gagner ses lettres de noblesse sans un système de combat digne de ce nom. Alors se pose la question : tour par tour ou en mode action-RPG ? Votre serviteur étant un boulimique de J-RPG, écoutant son cœur, il répondrait « tour par tour or die ! ». Mais gardons la tête froide.
Les combats sont une composante importante de la série. Les affrontements contre les hordes barbares, les séances d’entraînement mythiques contre le maître d’armes, et bien sûr la quintessence du combat : le training de Karadoc et Perceval.
Dès lors, cela s’impose comme une évidence : c’est bien dans un style de combat fluide que le jeu vidéo Kaamelott s’épanouirait au mieux. Un système s’inspirant du Free Flow System de la saga Batman Arkham ne ferait-il pas des merveilles ?
C’est presque sans effort que nous pouvons imaginer Arthur armé de son épée, pourfendant ses hordes d’ennemis avec une aisance déconcertante. Ou même à mains nues, neutralisant ses rivaux sans leur ôter la vie.
Les combats réussis apporteraient de l’expérience au héros, points d’expérience qu’il pourrait par la suite « dépenser » pour acquérir de nouvelles aptitudes et talents dans un arbre de compétences. Formule classique certes, mais plutôt efficace en règle générale.
Scénario, contexte, gameplay, nous avons presque tout sous la main. Reste à savoir : qui pour développer un tel projet ?
Le professionnel
Moi, j’ai appris à lire, eh ben je souhaite ça à personne !
Prenons le pari de rester quelque peu chauvin. Des studios français bourrés de talents, ce n’est pas cela qui manque à l’appel. On pense bien sûr tout de suite à de gros studios comme Ubisoft ou Quantic Dream, mais cela serait sans doute d’une trop grande évidence. Prenons plutôt le temps de jeter un œil à quelques talents peut-être un peu plus discrets, mais pas moins doués, loin de là.
- Les techniciens : Arkane Studios, la maison mère de Dishonored et du futur Deathloop pourrait être un véritable orfèvre, bien que leur spécialité soit plutôt de fabriquer des jeux en vue à la première personne. Serait-ce le meilleur choix pour un RPG ? Qui sait ?
- Les créatifs : Asobo Studio a prouvé son talent avec A Plague Tale: Innocence, un jeu d’aventure particulièrement prenant, avec des mécaniques de gameplay bien huilées. Pour réaliser un RPG, le studio pourrait être un excellent candidat.
- Le choix de la raison : Dontnod Entertainement sait raconter des histoires. On pense à Life Is Strange et à Tell Me Why bien sûr. Mais le studio a aussi touché au jeu d’action (Remember Me) et au jeu de rôle (Vampyr). Un bien beau CV pour s’attaquer à un jeu de rôle Kaamelott, n’est-ce pas ?
- Le choix du cœur : The Game Bakers savent tout faire. Furi est un jeu d’action survolté à la direction artistique surprenante, Hyper Light Drifter est un action-RPG en 2D passionnant, et leur dernier-né Haven est un ovni ludique à la fois jeu d’action et simulation de vie de couple. Un studio qui ferait sans doute des merveilles avec une licence comme celle qui nous intéresse ici.
Ajoutons à la composition musicale le très talentueux Olivier Derivière (A Plague Tale, Vampyr, Greedfall, Streets of Rage 4) et nous tiendrons une véritable dream team capable d’exaucer notre souhait : faire de Kaamelott RPG une réussite.
Et ainsi s’achève notre histoire… Nous avons fait le tour de ce que nous pourrions attendre de l’adaptation de Kaamelott en jeu vidéo. Et vous, quel type de jeu auriez-vous imaginé pour la licence d’Alexandre Astier ? Qui selon vous pourrait réaliser un tel jeu ? N’hésitez pas à partager avec nous vos avis et remarques dans les commentaires !