Les commentaires sur l’IA générative pleuvent en ce moment. C’est tout naturellement que le New York Times, qui publie un entretien avec Shigeru Miyamoto à l’occasion de l’ouverture prochaine du musée Nintendo, prévue pour le 2 Octobre prochain à Kyoto, amène le sujet sur la table lors de l’échange.
Le créateur de Mario et Zelda ne passe pas par quatre chemins : pour lui, la technologie n’a pas sa place chez Nintendo. Cette réponse fait écho à une déclaration de Shuntaro Furukawa, président de Nintendo, qui ne voit pas la technologie d’un très bon oeil non plus.
L’IA générative, qui génère du contenu visuel, textuel ou sonore à partir d’une base de données fournie de manière plus ou moins légitime, fait couler beaucoup d’encre dans tous les domaines où elle est applicable, à cause de questions techniques, légales ou éthiques.
Le milieu du jeu vidéo ne fait pas exception : Ubisoft, Microsoft, Sony… tous se sont fendu d’un commentaire positif. D’autres, comme Square Enix, ont déjà disposé de l’outil lors de la production de Foamstars.
Les développeurs de Nintendo prennent une position plus dubitative face à l’outil :
« On peut donner l’impression d’aller à contre-courant par plaisir, mais nous cherchons surtout à trouver ce qui rend Nintendo spécial. Dans les discussions autour de l’IA, tout le monde semble commencer à atteindre un consensus, mais c’est là que Nintendo prend un autre chemin. »
Si ce sont surtout des raisons nobles qui sont mentionnées, le studio souhaitant mettre en valeur un travail humain, qui ne dépendrait pas de la technologie, Furukawa avait déjà expliqué il y a quelques mois que les enjeux de droits d’auteur sont également un problème.
Les banques de données d’IA générative étant majoritairement composées de ressources prises en masse sur internet, elles grouillent d’éléments protégés. Ces éléments protégés sont ensuite utilisés, amalgamés pour générer un contenu : la question de la légitimité de ce contenu est encore légalement en suspens, les procès majeurs sur cette question n’ayant pas encore abouti.
Nintendo est bien au courant des problèmes liés aux droits d’auteur dans les banques de données d’IA génératives : ces derniers jours, la branche américaine de la firme a demandé à la société Tracer de faire main basse sur les images générées par IA utilisant des personnages créés par le studio.
Si, dans ces cas là, la représentation du contenu soumis au droit d’auteur était volontaire, des chercheurs ont démontré que l’IA générative pouvait reproduire des captures d’écran entières de films Disney ou Warner Bros avec de simples requêtes.
Alors que Nintendo est sur le point d’ouvrir son musée à Kyoto, qui célébrera l’histoire et les créations de la firme, Shigeru Miyamoto réaffirme, finalement, la place de l’humain dans le processus créatif du studio. Une posture essentielle alors que les vagues de licenciements sont incessantes et que les bras de fer avec les syndicats se multiplient.
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