Vivre au Japon, c’est une expérience extrêmement enrichissante. Si c’est le cas pour le simple fait de vivre à l’étranger, le Japon a ça de plus qu’on peut facilement rapprocher sa culture de la nôtre. Bien entendu, c’est loin d’être la seule raison de visiter ou de s’installer dans ce pays fantastique : les jolies femmes, ses temples sublimes, les jardins zen, ses jolies allées qu’enjolivent des centaines de cerisiers en fleurs, Tokyo (ville à la croisée du passé et du futur), Osaka (son centre historique), sa gastronomie, les mangas, et puis ses femmes, quoi ! Bref, cette liste pourrait être allongée infiniment tant le Japon nous fait fantasmer. Rien de plus normal.
En ce qui nous concerne plus spécifiquement, le jeu vidéo vient forcément en tête de liste des raisons qui nous pousseraient à visiter ce pays. Sony, Nintendo, Akihabara, Capcom… autant de noms qui pèsent dans notre imaginaire de joueurs gavés aux live-stream, à PewDiePie et à l’animation japonaise bon marché. Seulement, force est d’admettre que la réalité est tout autre. Ici, je vais partager avec vous la raison qui me pousse à soupirer chaque fois qu’on me dit « La chance ! Tu vis au Japon ! » ; enfin, sur l’axe du jeu vidéo, bien entendu.
Quitte à me répéter, le Japon nourrit bel et bien des fantasmes. Si on passera les amateurs d’anime nippons et fripons (si vous voyez où je veux en venir), moi, je pense notamment à l’oncle beauf qu’on a tous, celui qui nous demande si « elles ont la fente de traviole », question qui me rappelle combien la vie rurale française pèse sur certaines personne. Mais ça reste normal, l’inconnu intrigue, l’inconnu fait peur, bref, l’inconnu nourrit les fantasmes.
Et effectivement, si TF1, M6 et NRJ12 se relayent souvent afin de nous rappeler que les Japonais n’ont pas le taux de procréation le plus élevé de la planète (et en même temps, vu le prix de la vie et la quantité de boulot abattue par ces petites gens, on comprend vite pourquoi), les Japonais aussi sont affectés par ces petits picotements dans le bas-ventre.
Une preuve ? Vous n’aurez même pas besoin de quitter l’aéroport pour vous en convaincre. Le sex-appeal est omniprésent et, autant le reconnaître, si notre regard est naturellement attiré dès qu’on voit de la peau, qu’on soit homme ou femme d’ailleurs, les nippons misent grave dessus pour vendre. Le moindre produit doit être mis en avant par de jeunes et fraîches demoiselles en tenue de soubrette ou autres conneries. On vend des appartements ? Une femme plus mûre avec un léger décolleté devrait faire l’affaire. Du café ? On va plutôt mettre un jeune businessman ou un employé de chantier, les deux en tenue de travail et avec les cheveux bien coiffés (en même temps, comment vous voulez vendre du café en canette autrement ?)…
Puis bon, si vous voulez plus extrême, un passage dans un des nombreux combinis (marché de proximité quasiment ouvert 24/7) vous en donnera la preuve (en tous cas en province, car les magazines à la couverture « olé olé » ont été retirés des rayons pour éviter la mauvaise pub pour les J.O. dans les grandes villes). En gros, le sexe fait vendre, alors on l’assaisonne à toutes les sauces (pas très satisfait par ce choix de mots…). Et naturellement, le média qui a nos faveurs est lui aussi enclin à ce genre de pratique.
On va attaquer directement et pointer du doigt l’origine du problème selon moi, l’esthétique privilégiée par le jeu vidéo sur l’archipel (et en Asie en général) : l’esthétique manga/anime.
Wooooh, rangez donc ces fourches, malheureux ! Loin de moi l’envie de décrier cet art si subtil qu’il est copié d’un anime à l’autre et nous noie de ses poncifs sans lassitude avec, à peu de choses près, autant d’originalité qu’un gamin qui ne connaît d’une chanson que le refrain… Enfin, on ne va pas se mentir, on a tous ici notre petit chouchou… Si certains se retrouvent volontiers sur des jeux de baston dont le casting est composé de personnages d’animes (Dragon Ball Fighterz, Kill la Kill: If, etc.), moi, je ne rechigne que rarement à me faire le nouveau Tales of qui sort, malgré l’originalité d’un scénario à peu de choses près le même que celui du premier volet (qui date quand même de 1995…).
Et il y a une logique derrière tout ça ! Dans un pays qui voue tout à l’image et qui fera tout pour que l’image reste parfaite, le plus simple, ça reste de façonner ses propres héros ! Effectivement, à la différence des acteurs, ils ne se marient pas (encore que là-bas…), ils restent des fantasmes sans date de péremption à la différence des idols, et peuvent se prêter à toute forme de coquinerie, qu’elles soient esthétiques ou plus… moins spirituelles.
Bref, c’est bien plus simple à gérer que les vrais gens qui, même s’ils peuvent être jetés aussi, ne possèdent au final aucun droit (et mieux, si les fans tentent de récupérer ce perso, un petit procès pour rappeler qui a les droits et une suite/reboot pour renouveler la carrière du retraité n’est pas inconcevable…).
Par conséquence logique, il est tout de suite plus simple de comprendre pourquoi les Tales of peuvent s’enchaîner sans soucis, pourquoi les simulations de drague pullulent ici plus que les boutons d’acné sur le visage adolescent que fut le mien… Bref, pourquoi le jeu vidéo japonais semble nous proposer, d’une année sur l’autre, des jeux à l’esthétique similaire. Bon, il y a bien sûr des exceptions, hein ? On pense notamment à Death Stranding ou Monster Hunter sur ces dernières années, des jeux d’ailleurs bien mieux placés dans le top des meilleures ventes de jeux japonais de l’an dernier, mais il reste que les softs inspirés d’animes sont, comme ce dont ils s’inspirent, plus simples à produire que ceux Occidentaux (visuellement)… (Puis bon, souvent, ils vieillissent mieux aussi.)
Et puisqu’on en était à parler de jeux simples à produire, revenons sur le sujet qui nous intéresse : le jeu de drague (qui est, on le rappelle, le thème d’aujourd’hui). Vous avez vu comme ce genre se multiplie de nos jours ? Ouais, parce que c’est bien de me laisser le dire tel quel, mais allumez votre Nintendo Switch et jetez un œil à l’eShop. Vous ne voyez rien ? C’est le festival, vraiment ! Aujourd’hui, sur l’hybride de Nintendo ou même sur Steam, pour ne parler que de ces supports, vous pouvez rencontrer l’amour au bureau (Office Lovers), au casino, au lycée (Gakuen Club), à Versailles… Vous pouvez vous choisir de vous laisser séduire par une figure historique (Destiny’s Princess), une célébrité (enfin, une célébrité fictive, hein, comme dans My Butler), un vieux (Pub Encounter)…
Tout un panel de choix que nous n’étofferons pas plus, il vous suffit de vérifier de vous-même. Mais pourquoi tant de jeux ? C’est élémentaire ! Ces jeux ont un avantage que des productions comme Code Vein, Scarlet Nexus ou même Dragon Quest XI (pour ne citer ici que des jeux profitant d’une esthétique de film d’animation japonais) n’ont pas, ils peuvent être conçus en un rien de temps.
Des doutes ? Pas de problème ! Nous vous offrons de découvrir ici une YouTubeuse américaine qui construit, en une poignée de jours, son propre dating-sim sur RPG Maker (ouais, je n’avais jamais pensé à faire ça quand je m’essayais à ce soft…). Alors, si une apprentie passionnée peut faire ça sur un logiciel accessible à tous (pour la somme de 60€), en combien de temps une petite équipe peut faire les siens avec du matériel adapté ? Notez que des solutions gratuites existent également si vous souhaitez vous y mettre !
Attention, je tiens à préciser n’avoir aucune animosité envers le genre en question, au mieux, je ne me sens même pas concerné. En revanche, si un point me chagrine, c’est bien l’absence de personnalité du protagoniste qu’on y contrôle. Si je comprends bien qu’il s’agit d’un moyen pour que le joueur/la joueuse se sente impliqué(e) dans le déroulement des événements, personnellement, j’y vois plutôt, en ce qui concerne le penchant féminin, un effacement total de la femme vis-à-vis des décisions prises par les scénaristes et les élans caractériels des différents séducteurs dotés d’un chromosome Y. En plus, on le sait tous, au final, dans une relation, le dernier mot revient à la femme et c’est tout naturel (c’est aussi le cas dans le jeu, mais entre le cool, le rigolo et le bourrin, c’est arbitraire) !
« Et pourquoi ça serait ok que l’homme soit effacé ? » Voyons messieurs, nous savons naturellement tous par quoi la grande majorité d’entre nous est intéressée et pourquoi les jeux de romance à destination des hommes et des femmes sont, dans la plupart des cas, différents. Plongeons à présent dans le cas délicieux des jeux pour adultes. Eh oui, cette catégorie magnifique, que l’on appelle sur place « Eroge » (contraction de « erotic » et « game »), a une histoire très riche au Japon parce qu’elle a quand même commencé son histoire en 1982 et a permis à une entreprise toujours active aujourd’hui de voir le jour (on en reparlera un autre jour).
Puisque nous parlions de romance, on va commencer par le point fondamental qui sépare les hommes et les femmes, ce qui justifie que l’un peut se trouver à côté de Mario et de FIFA PES et que l’autre se voit caché par d’épais rideaux noirs opaques et couverts d’avertissements à destination des jeunes yeux curieux : les enjeux. Effectivement, si pour les femmes, le postulat est celui de rencontrer un homme bon qui sied à leurs goûts, pour les hommes, c’est la barbac’, c’est la viande (pas besoin d’illustrer) et donc, naturellement, l’imagerie n’est pas à conseiller à tout le monde, ce qui justifie la mise à l’écart lors du rayonnage.
Par conséquent, vous n’allez pas arriver par hasard face à ces titres au gré de vos promenades dans un commerce et autant vous prévenir, feindre la surprise ne prendra pas autour de vous. Mais, si vous êtes amateur (et pas trop sensible au regard des gens en étant le seul étranger de la boutique qui s’est dirigé droit vers ce rayon), vous devriez être servi. Effectivement, ce genre, intimement lié au jeu vidéo japonais, a énormément évolué au fil des ans et propose des expériences aussi variées que vous pouvez l’imaginer : des jeux d’aventure, des puzzle-games, des RPG (oui, non, on ne va pas vous donner des noms pour ceux-là)… De quoi satisfaire les coquinous qui cherchent à joindre l’utile à l’agréable (vous définissez l’un ou l’autre selon vos préférences) !
Cependant, une fois encore, les heures de gloire des éditions packagées au Japon est bel et bien passée et le format laisse place plus volontiers aujourd’hui au dématérialisé et au gaming mobile, alors, comment ça se passe ? Si les rideaux noirs et les sections qu’ils protégeaient disparaissent petit à petit, ce n’est pas le cas du genre associé, loin de là même. Présentement, il n’a jamais été aussi simple de chercher et de trouver des jeux pour adultes au pays du Soleil-Levant (et c’est aussi vachement plus simple d’éviter le regard de l’hôte de caisse) grâce au dématérialisé.
Par exemple ? Grâce à Steam ou tout autre support connecté (comme celui d’où vous lisez ces lignes ou, le cas échéant, l’écran dans votre poche/sacoche), vous avez directement droit à toutes formes de catalogues pour combler vos envies de jeux vidéo exotiques ! Regardez (âmes sensibles s’abstenir) la section « jeux pour adultes » sur Steam pour vous faire une idée, si nombre d’entre eux sont des titres dont la qualité et l’esthétique sont simples, le genre se remplit petit à petit et le catalogue continue de s’étoffer mois après mois (ce qui veut dire que oui, le jeu vidéo pour adultes n’est plus aussi underground qu’il ne le fut par le passé et c’est donc également le cas chez nous comme le prouvent les sorties de jeux comme Senran Kagura). Et ça, c’est sans parler de DMM et de son service bourré de jeux coquinous dont nous vous parlions dans notre chronique gaming mobile…
Voilà, une fois encore, je me plains et je me plains toujours et je m’en excuse pas, mais je tiens à préciser que si je m’étends très ouvertement (et très probablement avec le peu d’ouverture d’esprit que ne peut avoir un consommateur perdu dans un pays qui n’est pas le sien et dont la culture n’est pas la sienne), ce n’est pas pour critiquer le client fan des genres en question, mais bien le manque de scrupules de compagnies qui saturent un genre à la recherche de toujours plus de blé, un principe à l’image de tous ces studios à la recherche du prochain Luffy/Sangoku ou Naruto.
Enfin, après tout, chacun son kink… Et vous, quelle est votre opinion sur le sujet d’aujourd’hui ? Jouez-vous à des dating-sims ou des jeux pour adultes ? Notre avis est-il, selon vous, plus clos que celui de Zemmour ? Nous vous attendons dans les commentaires !
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