Le game designer Hidetaka Miyazaki récolte les fruits d’une vie de travail.
Le 16 novembre dernier se déroulaient à Londres les « Golden Joysticks Awards« , l’une des cérémonies de remises de prix les plus réputées dans l’industrie du jeu vidéo, à cette occasion, le game designer Hidetaka Miyazaki a reçu le prestigieux « Honourable Lifetime Achievement Award » qu’on traduira grossièrement par « Prix de l’honorable réussite de toute une vie ». Une récompense méritée pour l’artiste qui a su remettre à l’honneur les jeux vidéo imprégnés de la personnalité de leur auteur, tout en mettant en avant la corrélation entre gameplay et narration.
The honourable Lifetime Achievement Award goes to #HidetakaMiyazaki. Very well deserved! #GoldenJoysticks #lifetimeachievementaward pic.twitter.com/gKEbnKizFT
— Golden Joysticks (@GoldenJoysticks) November 16, 2018
Evidemment, l’industrie actuelle étant ce qu’elle est, le nom de Hidetaka Myazaki ne sonne peut-être pas familier à toutes les oreilles, l’auteur est pourtant responsable de la majorité des jeux « Souls » (Dark Souls 1 et 3, ainsi que Demon Souls) sans oublier le chef d’oeuvre Bloodborne, il a aussi accompli un travail conséquent sur 3 des 23 itérations en jeux vidéo de la saga Armored Core. Plus récemment, il s’est a nouveau fait connaitre pour son expérimentation dans le monde de la VR avec Déraciné et les amateurs du combat nerveux de Bloodborne l’attendent au tournant pour Sekiro: Shadows Die Twice, un jeu qui promet lui aussi son lot de prises de risques et de challenge, car cette fois-ci Miyazaki s’attaque a une narration plus linéaire que ses précédents RPG à la 3ème personne.
A une époque où le jeux vidéo se faisait stagnant, où le J-RPG plus particulièrement souffrait de l’accumulation de licences, cultes, mais qui commençaient a souffrir de leur âge, en cherchant maladroitement à innover (Final Fantasy, Dragon Quest, etc.), à une époque où le studio From Software peinait à maintenir la tête hors de l’eau en ayant comme seul réel support le développement de quelques jeux Armored Core, Hidetaka Myazaki a su prendre les devants en proposant Demon’s Souls, une nouvelle licence qui prenait des risques significatifs avec la recette du J-RPG classique de l’époque. Gameplay en temps réel exigeant, level-design tortueux au possible, narration cryptique presque incompréhensible à l’œil qui ne regarde pas attentivement, le tout gratiné d’une mort ultra punitive qui fera régresser à la fois la position de votre personnage dans le niveau mais aussi la progression interne de ses statistiques en le privant de la ressource lui servant à s’améliorer. C’était un bond en avant au-dessus du vide, mais la démarche fut bénéfique car le jeu rencontra un franc succès pour une nouvelle licence. L’auteur transformera l’essai en 2009 avec Dark Souls, et la suite, vous la connaissez.
On a souvent tendance à mettre en avant les boîtes de développement, ou pire, les éditeurs, en oubliant par la même occasion le nom de celles et ceux qui nous apportent tant d’émotions par le biais du jeu vidéo, c’est pourquoi des récompenses comme celle-ci permettent de faire la lumière sur des artistes certes influents, mais souvent ombragés. On ne peut qu’espérer qu’un jour on verra le nom d’un game-designer en-dessous du titre d’un jeu vidéo, comme cela se fait souvent au cinéma ou dans la littérature.
Mais ce jour est lointain, d’ici là, espérons.