Le 13 février 2025, l’industrie du jeu vidéo en France connaîtra une grande première dans son histoire. À l’appel du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV), une grève générale du jeu vidéo se tiendra dans tout le pays ! Une mobilisation d’ampleur inédite, dans un milieu où le syndicalisme peine encore à s’implanter. Mais après sept ans d’existence, le STJV est prêt. Son objectif : envoyer un signal clair au patronat et obtenir des droits pour les personnes sans qui nos jeux vidéo préférés n’existeraient pas.
L’appel à la grève générale du jeu vidéo date de janvier dernier, suite au bilan peu reluisant que le STJV avait dressé de l’industrie en 2024. Ici aussi, on vous relaye de plus en plus souvent la triste actualité des licenciements et fermetures de studios partout dans le monde. Derrière ces annonces et ces communiqués qui se confondent en excuses et en courbettes (on ne compte plus les fois où on a lu « c’est le cœur lourd que nous devons nous séparer de nos fantastiques équipes »), il faut se souvenir qu’il y a des personnes qui se retrouvent sans emploi, dans un secteur en tension.
Les revendications de cette grève générale du jeu vidéo s’articulent autour de quatre points clés. Tout d’abord, la préservation des emplois, pour que les studios arrêtent d’utiliser les licenciements comme une variable d’ajustement. Ensuite, l’amélioration des conditions de travail, dans un secteur où la pratique du crunch est inculquée dès les études, où l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle est souvent inexistant, et où les cas de harcèlement ou de discriminations sont malheureusement trop fréquents.
Les travailleurs devraient aussi avoir un plus grand pouvoir de décision sur leurs productions, à l’heure où les stratégies sont élaborées par des investisseurs déconnectés du terrain. Pour finir, le STJV pointe aussi du doigt le manque de transparence des entreprises quant à leurs finances, et une répartition injuste des bénéfices (qui ne profitent pas aux salariés). Le syndicat estime que l’industrie est gangrénée par l’appât du gain, au mépris des travailleurs et des travailleuses.
L’un des objectifs de ce mouvement, en dehors des revendications pour les travailleurs, est aussi de sensibiliser les joueurs et les joueuses aux problèmes auxquels l’industrie fait face. Dans son appel à la grève générale du jeu vidéo, le STJV explique que la situation est à un seuil critique, et que la qualité des jeux que nous consommons pourrait bien être impactée si les conditions ne s’améliorent pas.
Et après ? Dans sa communication, le STJV dit avoir bien conscience qu’une seule journée d’action ne suffira sans doute pas à obtenir gain de cause. Mais au-delà du symbole que représente une grève générale du jeu vidéo, le but est aussi de donner un élan aux salariés qui voudraient ensuite poursuivre la mobilisation à l’échelle de leur studio. Ce mouvement pourrait aussi être vu comme une lueur d’espoir par les travailleurs d’autres pays, où faire grève n’est pas une pratique aussi répandue qu’en France. Quoi qu’il arrive, ce 13 février pourrait bien être un moment clé, et aura au moins le mérite de faire prendre conscience au grand public de la crise que traverse l’industrie du jeu vidéo.
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