La guerre des consoles dans sa version contemporaine ne ressemble plus à celle des années 90, mettant SEGA face à Nintendo. Si l’on oppose souvent par habitude Xbox à PlayStation, comparant les ventes de machines, ou les exclusivités disponibles dans chaque chapelle, à l’intérieur de l’industrie, ce n’est pas exactement comme cela que sont vues les choses. Microsoft a en effet plus à cœur de vendre des abonnements au Game Pass que ses consoles.
Si le constructeur américain ne s’est pas retiré du marché « hardware », c’est essentiellement parce que les Xbox restent la porte d’entrée principale vers le Game Pass. Cependant, Microsoft a travaillé à porter son service sur de multiples supports : PC, bien sûr, mais aussi tablettes et mobiles et les TV connectées. Depuis cet été, les jeux du catalogue arrivent aussi doucement sur GeForce Now, le service de cloud gaming de Nvidia (un double abonnement, à GeForce Now et au Game Pass, est alors nécessaire pour en profiter).
Et pour cette diversification des supports, Microsoft ne s’interdit rien, même des associations qu’on aurait jugées contre-nature quelques mois auparavant. Ainsi, Tim Stuart, responsable de la division financière chez Microsoft, est intervenu lors d’un événement professionnel, et a confirmé que « le but ultime de la société était de porter son contenu et ses services sur tous les écrans capables d’accueillir des jeux ».
C’est dans le cadre de cet objectif que Microsoft a cassé sa tirelire pour s’offrir Activision Blizzard. Stuart explique :
« Vous passez de marges réduites sur des produits third party distribués sur nos stores à des marges élevées pour du first party, quand vous pensez à Call of Duty et Xbox, nous sommes passés de faibles marges à des marges bien plus importantes. Alors ce que vous faites, c’est que vous vous développez pour aujourd’hui dégager de grosses marges sur PlayStation ou sur Nintendo. » – Tim Stuart lors de la conférence Wells Fargo TMT Summit, propos rapportés par Video Games Chronicles, traduits par la rédaction.
Une première étape dans une stratégie qui vise à « coloniser » les écosystèmes concurrents ? Tim Stuart ne s’interdit rien, et même annonce ses intentions :
« Ce que vous entendrez de notre part, c’est de plus en plus une nouvelle stratégie, et si nous n’annonçons rien aujourd’hui, notre mission est d’apporter nos expériences first party, nos abonnements, à tous les écrans pouvant accueillir des jeux. Cela signifie les Smart TVs, cela signifie les mobiles, cela signifie ce que nous considérions dans le passé comme des concurrents, à l’instar de PlayStation et Nintendo. Nous arrivons sur le GeForce Now de Nvidia… »
On notera d’abord la conjugaison du verbe considérer, au passé, qui appuie une nouvelle fois sur le fait que la guerre des consoles telle qu’on se la représente appartient bien au passé. On savait que Microsoft ne compte pas vraiment devenir le plus gros vendeur de consoles de l’industrie. Dans cet esprit, est-ce que porter le Game Pass sur les machines concurrentes ne serait pas un move gagnant-gagnant-gagnant ? (oui, trois fois !)
Pour Xbox, d’abord, qui multiplierait d’autant son potentiel d’abonnement. Pour le joueur, ensuite, qui pourrait profiter du meilleur des deux mondes : les exclusivités Sony ou Nintendo et le Game Pass sur la même machine ! Et Sony ou Nintendo ? Le premier résoudrait d’un coup d’un seul le problème de catalogue un peu trop réduit qu’il traîne depuis la parution de la PS5, le second s’offrirait, via le Cloud Gaming, une sorte de mise à niveau lui permettant de parler d’égal à égal avec ses deux concurrents.
Mais seront-ils prêts à accueillir le loup Microsoft dans leur bergerie ? Si Xbox vise juste, et si la véritable concurrence se joue désormais sur les services, les abonnements, etc., on imagine que Sony préfèrera orienter les joueurs vers son abonnement PS Plus. Peut-être les fonctionnalités proposées par la prochaine console de Nintendo nous donneront-elles des indications sur la direction que prendra l’industrie ?
Game Pass – Xbox possède Activision, mais n’oublie pas le Japon
n1co_m
Le Game Pass va-t-il faire naître de nouveaux genres ?
n1co_m
Le Game Pass, mauvais pour l’industrie ? Le débat refait surface
n1co_m