Quelle place doit avoir l’intelligence artificielle dans le développement de jeux-vidéo ? C’est bien la question que le public et les studios se posent. Et si certains considèrent que l’humain doit rester au centre du processus créatif, cela n’a pas l’air d’être le cas de Forever Entertainment, l’éditeur de Front Mission 3: Remake.
Le remake de Front Mission 3 victime de l’I.A.
S’il y a bien une issue que les joueurs craignaient depuis l’intégration de l’intelligence artificielle générative au processus créatif, c’était de se retrouver un jour face à un jeu dans lequel on constaterait de manière évidente les traces de son utilisation. C’est chose faite.
La saga Front Mission, que l’on doit originellement à Square, revient depuis 2023 avec les remakes développés par le studio polonais Forever Entertainment. Et c’est justement pour le remake de Front Mission 3 que le studio a choisi d’utiliser l’I.A. générative afin de refaire les assets du jeu, pour un résultat plus que médiocre.
Pourquoi faire le remake d’un jeu, si c’est pour transformer les illustrations originales à coup d’intelligence artificielle générative ? Se pose alors une autre question : peut-on vraiment considérer le remake de Front Mission 3 comme un remake en bonne et due forme, sachant que les assets graphiques ont simplement été passés à la moulinette générative ?
Il suffit de se rendre sur le site de Forever Entertainment pour prendre la mesure du problème : l’éditeur polonais se targue d’être l’un des éditeurs les plus prolifiques sur Nintendo Switch, avec plus de 150 jeux à son actif, mais ce n’est vraisemblablement pas un gage de qualité. L’I.A. apparait alors comme un outil permettant à l’éditeur de produire des jeux en nombre.
Le schisme du jeu-vidéo
Nous évoquions plus tôt les positions de Masahiro Sakurai, le créateur (entre autres) de la série Super Smash Bros., sur la question de l’utilisation de l’I.A., et notamment sa volonté de placer l’humain au centre du processus créatif.
Si nous prenons en compte l’avis de Akihiro Hino sur la question, qui rejoint les réflexions de Sakurai, nous aurions pu dresser un tableau plein d’espoir quant à la question de l’utilisation de l’I.A. générative dans le développement de jeux-vidéo.
Après tout, le PDG de Level-5 avait lui-même annoncé utiliser l’intelligence artificielle pour aider au développement des derniers jeux du studio. Dans Inazuma Eleven: Victory Road, de nombreux modèles 3D auraient été refaits par intelligence artificielle à partir de modèles présents sur la première trilogie sortie sur 3DS, mais ils n’auraient pas été ajoutés directement et seraient tous passés par une phase de contrôle et de travail supplémentaire par les artistes de Level-5. Pour lui, l’humain est le cœur du processus créatif et ne doit pas être remplacé.
Pourtant, le développement de Front Mission 3: Remake sonne comme un dur retour à la réalité. Aujourd’hui, il faut produire des jeux pour être toujours plus rentable, et refaire des illustrations via intelligence artificielle semble être la voie choisie par Forever Entertainment pour mener à bien ses ambitions. Toujours plus de jeux pour toujours plus de profit, et ce en dépit de la qualité et de l’éthique, est-ce vraiment dans cette direction que se dirige l’industrie ?
Il est possible que des grands noms de l’industrie continuent à croire que l’intelligence artificielle n’a soit pas sa place dans le développement de jeux, soit ne doit être utilisée qu’en tant qu’outil, sans jamais venir remplacer les créateurs. Mais tout le monde ne partage pas cet avis. S’il y a bien une chose que nous pouvons constater, c’est que nos craintes vis à vis de l’intelligence artificielle sont bien fondées.
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