La vie n’est pas un long fleuve tranquille pour la licence Final Fantasy, et ce, depuis son passage à l’ère HD avec des jeux qui ont déçu, d’autres qui n’ont pas répondu aux attentes de Square Enix, ainsi que pas mal d’annulations et de reports qui ont entaché l’image de la saga. Qui se souvient encore du projet Fabula Nova Cristalis qui mourut lentement après la réception critique de Final Fantasy XIII ? Qui se souvient de FF XV et de ses qualités, malgré le fait que l’on y décèle très bien un développement des plus houleux ?
Alors oui, Final Fantasy n’est pas mort, et malgré un seizième épisode qui a encore une fois divisé les fans (même si de notre côté, on a apprécié le voyage), il est clair que Square Enix mise tout sur le succès des remakes de Final Fantasy VII aujourd’hui. Lorsque l’on voit le gigantisme et la générosité de Rebirth, nul doute que ce dernier a bénéficié de moyens plus que conséquent pour son développement.
Et c’est à la fois un aveu d’échec de la part de l’éditeur qui peine à retrouver un public fort avec ses opus inédits, mais aussi une force, car il peut s’appuyer sur un catalogue de jeux cultes vraiment fourni pour tenter de redorer le blason de la licence à coup de remaster et de remakes. N’oublions pas qu’il se murmure qu’après Final Fantasy VII, un autre objet culte de la firme pourrait renaitre de ses cendres sous un nouveau jour.
Mais malgré toute la bonne volonté du monde, les résultats financiers de ces deux mastodontes du RPG japonais n’ont pas été à la hauteur des attentes de Square Enix, comme le stipule un compte-rendu interne daté du 13 mai et rendu public hier. Dans ce dernier, Takashi Kiryu, président et directeur délégué de la firme, admet sans se cacher que les résultats « n’ont pas été à la hauteur des attentes » concernant le sous-segment du jeu vidéo HD de l’entreprise et que cela concerne aussi bien Final Fantasy VII Rebirth, que le seizième épisode.
Ces deux jeux n’ont pas généré de bénéfices, et si on ajoute à cela la débâcle Foamstars, on ne peut pas dire que tout roule pour le géant japonais, puisqu’il accuse une perte de 8,1 milliards de Yens (un peu de 6 millions d’euros) sur la dernière année fiscale. Néanmoins, sur cette même année, l’entreprise enregistre une hausse de 20 milliards de Yens (environ 125 millions d’euros) par rapport à N-1, pour un total de 99,2 milliards de Yens (environ 624 millions d’euros) de rentrée d’argent.
Square Enix n’est donc pas à plaindre non plus, même s’il est certain qu’avec la sortie de deux AAA du calibre de Final Fantasy, les investissements ont aussi bien augmenté au cours de la dernière année fiscale, d’où sûrement les pertes sèches assez élevées pour l’entreprise, alors qu’elle misait sur des revenus nets plus conséquents.
L’avenir se dessinera avec du Final Fantasy pour tous
Toujours est-il que Kiryu semble prendre le problème à bras-le-corps, puisque Square Enix a décidé de repenser toute sa stratégie concernant l’exclusivité à une machine de ses jeux, ainsi que son planning de sortie. On savait déjà depuis mai dernier que le premier point était décidé et que les sorties PC de jeux Final Fantasy devraient se montrer plus régulières, voir similaire à celles sur PlayStation. Il est aussi prévu d’ouvrir à nouveau la licence au marché Xbox, ainsi qu’à celui de Nintendo, notamment parce que malgré un partenariat solide avec Sony, les ventes de ne décollent pas.
Concernant la planification des sorties, Kiryu affirme que la mauvaise gestion de cette dernière n’a pas permis à certains jeux de briller comme ils auraient dû. En cause, des sorties trop proches les unes des autres et donc des titres qui se sont cannibalisés. Il entend ainsi lancer un plan sur trois ans visant à ce que le catalogue des sorties soient fluide et logique.
Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est avant tout que la stratégie d’exclusivité des Final Fantasy pour PlayStation n’a pas fonctionné comme souhaité par Square Enix, qui se voit contraint de la repenser pour équilibrer les comptes de son secteur jeu vidéo HD. Notons toutefois que sa branche jeu mobile fonctionne bien et que l’éditeur pourrait proposer la plupart de ses F2P sur PC.
Néanmoins, il n’est pas certain que le problème soit l’exclusivité des jeux à une console, mais plus l’aura que la saga a auprès des joueurs aujourd’hui. Les plus jeunes n’ont absolument pas connu son âge d’or, et pour beaucoup leur première expérience avec cette dernière remonte à Final Fantasy XIII, voir XV. Autant dire que ce ne sont pas là les meilleurs jeux de la licence, et ce, malgré de grandes qualités. Il manque à Final Fantasy un nouveau titre inédit qui marque une génération entière de joueurs.
Quant à Final Fantasy VII Rebirth, qui est pour nous tout simplement le meilleur opus de la franchise depuis très longtemps, il ne parle principalement qu’aux nostalgiques de l’original, même s’il a sûrement convaincu bien de nouveaux joueurs. Son impact lors de sa sortie a aussi potentiellement été rendu délicat par le succès surprise de Helldivers 2 qui a éclipsé pendant près d’un mois toute autre proposition vidéoludique. Reste à voir ce qu’il va donner sur la durée, et surtout ce qu’apportera sa sortie PC.
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