Est-ce la fin pour Dr Disrespect ? Guy Beahm, de son vrai nom, est l’un des streamers les plus populaires de la plateforme Twitch, sur laquelle il a des milliers d’abonnés et génère des centaines de milliers de vues. Il a également plus de 2 millions d’abonnés sur Twitter et a été élu par deux fois « Streamer of the Year » sur Twitch du fait de sa popularité. Autant dire qu’il s’agit quasiment du visage de la plateforme et que celle-ci, bien consciente, l’a retenu auprès d’elle en négociant avec lui un contrat d’exclusivité sur plusieurs années.
Le naufrage a commencé en 2020, le 26 juin 2020 pour être précis, jour où Twitch a banni définitivement Dr Disrespect pour avoir violé les règles communautaires de la plateforme et sans davantage de précision sur la nature de la violation. De son côté, Guy Beahm avait alors réagi sur Twitter en exprimant son incompréhension :
« Les Champions, Twitch ne m’a pas notifié sur la raison derrière leur décision. Poignées de main sincères à tout ceux qui me soutiennent pendant cette période difficile. »
En 2022, Dr Disrespect annonce avoir résolu le litige en cours avec Twitch et que les deux parties ont admis qu’il n’y a pas eu d’actes répréhensibles sans que l’on ne sache toujours pas de quoi il s’agit. Manifestement, Guy est resté particulièrement amer après ce ban et a annoncé qu’il ne retournerait pas sur la plateforme tout en les insultants de « serpents mauves répugnants ».
Jusqu’ici, bien que le ban soit auréolé de mystères, il n’y a aucune accusation spécifique, ni même la moindre allégation. Il faut attendre le 22 juin 2024 pour que la mèche de la bombe s’embrase et se consume rapidement. Cody Conners, un ancien employé de Twitch, accuse un streamer non spécifié d’avoir envoyé des messages à caractère sexuel à une mineure et tenté de la rencontrer lors de la Twitch Con, ce qui lui a valu un ban :
Une accusation corroborée le jour suivant par un autre employé de Twitch, qui sous couvert d’anonymat, confirme les propos de Cody Conners en précisant que lui-même travaillait dans l’équipe Confiance et Sécurité de la plateforme à l’époque du ban. L’influenceur Jake Lucy précise à son tour que le streamer non mentionné est bien Dr Disrespect, ce qui amène ce dernier à réagir en assurant « qu’aucun acte répréhensible n’a eu lieu » et que Twitch a payé l’ensemble de son contrat.
Si le caractère très juridique de la réponse de Guy n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux, la bombe vient juste d’exploser ce 22 juin et les retombées vont illustrer l’ampleur des dégâts. Zachary Diaz, ancien Manager des partenariats au sein de Twitch, tweete le jour même :
Le 24 juin, c’est rien de moins que le studio co-fondé par Dr Disrespect, Midnight Society, qui rompt tout lien avec le streamer :
« Nous avons pris connaissance d’une allégation contre l’un de nos co-fondateurs, Guy Beahm, alias Dr Disrespect. Nous avons présumé son innocence et avons commencé à parler avec les parties impliquées. Afin de maintenir nos principes et standards en tant que studio et individus, nous devions agir. C’est pourquoi nous mettons immédiatement fin à notre relation avec Guy Beahm. »
Alors que la présomption d’innocence commence à s’ébranler et que des personnes relativement fiables confirment qu’il s’agit de la raison réelle derrière le ban de 2020, Dr Disrespect se fend d’un long communiqué livrant sa version des faits :
« Tout le monde voulait savoir pourquoi j’avais été banni de Twitch, mais pour des raisons indépendantes de ma volonté, je n’ai pas été autorisé à dire quoi que ce soit ces dernières années. Maintenant que deux anciens employés de Twitch ont divulgué publiquement les accusations, je peux maintenant vous raconter ma version de l’histoire concernant ce ban.
Y a-t-il eu des messages sur le Whispers de Twitch avec un mineur en 2017 ? La réponse est oui. Y avait-il de réelles intentions derrière ces messages ? La réponse est absolument non. Il s’agissait de conversations informelles et mutuelles qui penchaient parfois trop vers le côté inapproprié, mais rien de plus. Rien d’illégal ne s’est produit, aucune photo n’a été partagée, aucun crime n’a été commis, je n’ai même jamais rencontré l’individu. Il y a eu un long arbitrage concernant un litige civil entre moi et Twitch et cette affaire a été résolue par un règlement. Soyons clairs, il ne s’agissait pas d’une affaire pénale et aucune accusation criminelle n’a jamais été portée contre moi.
Maintenant, avec tout cela dit, ne vous méprenez pas, j’ai vu toutes les remarques et étiquettes qu’on m’a lancé. Les réseaux sociaux sont une zone de destruction. Je ne suis ni un putain de prédateur ni un pédophile. Vous plaisantez j’espère ? Quiconque me connaît vraiment sait où je me situe sur ces choses avec ce genre de personnes. »
Dr Disrespect conclut son message en déclarant qu’il va prendre des vacances avec sa famille et qu’il ne disparaîtra pas, contrairement aux souhaits de certains, une allusion inappropriée envers la cancel culture qui le ciblerait aujourd’hui.
Plusieurs questions subsistent : Pourquoi Twitch n’a alors rien dit et qu’il a fallu attendre 2024 pour que l’explication devienne publique ? Comme certains ont pu le suggérer, cela pourrait être dû à un NDA, un accord de confidentialité qui aurait été associé au règlement de juin 2020, ce qui paraît d’autant plus probable puisque les accusations ont été rendues publiques quatre ans pile après ce règlement.
Enfin, quelle a été la véritable nature des messages échangés entre Guy et cette mineure en 2020 ? Manifestement, il n’a pas été poursuivi mais Twitch a jugé ces échanges suffisamment sérieux pour bannir définitivement l’un de leur streamer parmi les plus populaires, et ce juste après voir négocié un important contrat avec lui.
Il demeure donc des zones d’ombres, qui seront peut-être éclaircies lors des semaines à venir, mais en substance il semble bien que Dr Disrespect lui-même reconnaisse être allé trop loin. Et si certains de ses fans sont vent debout derrière lui, il a perdu des milliers d’abonnés sur les différentes plateformes et son avenir en tant que streamer risque d’être compromis.
#MeToo – Le jeu vidéo gagné par les scandales d’agressions sexuelles
n1co_m
Et Ta Cause – Un stream caritatif contre les violences sexistes et sexuelles
M⅃K
Steam – Racisme, sexisme… Le Sénat américain demande des comptes
n1co_m