Fiche de perso est une rubrique dans laquelle nous tirons le portrait d’acteurs du jeu vidéo, réels ou fictifs, qui pèsent ou ont pesé sur l’industrie. Aujourd’hui, nous revenons sur l’histoire et la place chez Nintendo de Donkey Kong, le grand singe qui fut le premier ennemi de Mario, et est aujourd’hui le personnage principal accompagnant la sortie de la Switch 2.
Donkey Kong se voit, en 2025, confier le rôle qui échoit d’habitude à Mario : celui de faire vendre des consoles. Le gorille est en effet le héros de la première vraie grosse exclusivité conçue pour la Switch 2 : Donkey Kong Bananza. Prendre (certes temporairement) la place de Mario himself chez Nintendo, voilà une sacrée promotion pour celui qui a commencé sa carrière comme un ennemi stupide (« donkey »), qui plus est de second choix.
Car vous connaissez probablement l’anecdote, le tout premier jeu Donkey Kong (arcade, 1981) était censé être un jeu Popeye. Pour d’obscures raisons, Nintendo n’obtiendra pas la licence (en fait si, ironiquement, 3 ans plus tard…), et collera au jeu qui était déjà prêt de nouveaux skins : Popeye devient Jumpman (renommé ensuite Mario pour l’export), Olive est transformée en Pauline, et Brutus sera remplacé par un grand singe : Donkey Kong.
Le jeu prend alors la tournure scénaristique d’un autre univers : celui de King Kong. Le nom du personnage lui-même, Donkey Kong, « sonne » comme celui du grand singe de la RKO. Nouvelle affaire de droits d’auteur : Universal Studio, qui exploite King Kong depuis son remake de 1976, attaque Nintendo et son Donkey Kong pour contrefaçon. Sauf que Nintendo travaille déjà à cette époque avec des avocats particulièrement brillants, dont un certain Jack Kirby, qui repère que le remake de King Kong par Universal a lui-même été attaqué pour contrefaçon. Universal avait alors plaidé que King Kong était dans le domaine public… Il ne pouvait donc raisonnablement pas, ensuite, prétendre en posséder les droits ! Un coup d’éclat qui vaudra à l’avocat un hommage de Nintendo, qui donnera son nom à un autre personnage bien connu.
La borne est un immense succès au Japon, mais aussi aux Etats-Unis, où Nintendo avait précédemment échoué à s’implanter avec Radarscope. Une suite, Donkey Kong Jr. sort l’année suivante, faisant cette fois de Mario le « méchant » de l’histoire, puisqu’on incarne le fils de Donkey Kong devant sauver son père capturé par le charpentier (le métier de Mario à l’époque, ce dernier semblant avoir plusieurs CAP dans la poche…). Un Donkey Kong 3 sort dans une relative indifférence en 1983 (étonnamment, plutôt un jeu de tir), puis le Grand Singe disparait pendant plus de 10 ans.
Et c’est parce qu’il avait été un peu oublié que Nintendo, qui n’accorde que très difficilement sa confiance et ses licences, laissa Rare s’en emparer pour Donkey Kong Country, en 1994. Développé sur les surpuissantes machines de Silicon Graphics en 3D précalculée, le jeu est un immense succès, permet d’asseoir une domination technique de la SNES sur la Mega Drive et élève le gorille au rang des personnages clé de l’univers Nintendo, aux côtés de Kirby, Link ou de son ancien ennemi Mario.
L’impact du jeu est tel que Donkey Kong deviendra présentateur télé virtuel pour France 2 en 1996 dans l’émission jeunesse La Planète de Donkey Kong, devenue ensuite DKTV.cool. Une émission qui sera diffusée pendant tout de même 5 ans, de 1996 à 2001.
Désormais personnage incontournable de l’écurie Nintendo, Donkey Kong ne quittera plus l’écran : à l’affiche des différentes suites de Donkey Kong Country (jusqu’au remake sorti sur Switch cette année), membre récurrent des rosters de Super Smash Bros. ou de Mario Kart, il reprendra, comme un clin d’œil, son rôle de méchant dans les puzzle games Mario VS. Donkey Kong sur GBA et Switch. C’est aussi autour de lui (et avec un jeu de mot imparable) que Nintendo concevra les jeux de rythme Donkey Konga.
Avec Donkey Kong Bananza, le personnage accède à un niveau supérieur encore, se plaçant comme mascotte en chef de la nouvelle console de Nintendo. Premier soulagement, la console est un carton avant même la sortie du jeu, auquel on ne pourra donc pas reprocher le plantage commercial. Reste maintenant au titre à se montrer à la hauteur, pour que Donkey Kong puisse garder sa stature de Roi Singe !
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