Rétro (mais pas trop), c’est la chronique qui rebondit sur l’actualité pour revenir en arrière et évoquer l’histoire d’un jeu vidéo, ou du jeu vidéo. À l’occasion de la sortie imminente de Donkey Kong Bananza, la nouvelle aventure de notre gorille préféré, on en profite pour revenir sur l’histoire d’un personnage encore assez méconnu, et qui pourtant cache une trajectoire étonnante et une place fondamentale dans l’univers de Mario : Pauline.
Si vous êtes joueur Nintendo de longue date, peut-être aussi avez-vous vécu cette expérience commune : croiser inlassablement Peach à chaque coin du Royaume Champignon, Daisy dans les spin-offs sportifs, Harmonie à l’orée des galaxies… Ces trois figures féminines revenant sans cesse dans les casts élargis. Pourtant, un jour, au détour d’un énième roster, surgit une silhouette nouvelle ; une femme brune, élégante, dont la voix résonne avec force. Ni princesse, ni Toadette, elle répond au nom de Pauline. Et aussitôt, la curiosité s’éveille : D’où sort-elle, et pourquoi est-elle soudain mise en avant ?
Un lien profond avec Mario
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le cœur de Mario n’a pas toujours battu pour la princesse Peach Toadstool. Non, la mythologie du plombier est en vérité si riche, qu’il a eu l’occasion de vivre plusieurs histoires sentimentales. Son tout premier amour s’appelle donc Pauline. C’est en 1981, dans le tout premier Donkey Kong, que le héros moustachu (alors simplement charpentier, connu sous le nom de Jumpman) devait sauver une jeune femme des griffes d’un gigantesque singe. Cette demoiselle en détresse, c’était elle.
Pauline est donc, historiquement, le tout premier personnage féminin de l’univers Mario. Pourtant, après ce jeu fondateur, elle disparaît presque complètement. Comme souvent chez Nintendo à l’époque, elle n’était qu’un simple rouage narratif, un rôle à remplir. D’autant plus que ce premier Donkey Kong devait initialement être une adaptation de Popeye, et Pauline n’était, en somme, qu’un ersatz d’Olive, avec ses petites couettes pixelisées. Une demoiselle en détresse parmi d’autres, qui aurait pu rester une simple anecdote dans l’histoire de Nintendo.
Les oubliés ne meurent jamais
Mais si l’histoire nous a appris une chose, c’est que Nintendo ne laisse jamais vraiment ses personnages disparaître, même les plus discrets. On se souvient de Daisy, longtemps oubliée depuis Super Mario Land sur Game Boy, qui a su renaître grâce au besoin d’un duo féminin dans Mario Tennis, porté par Camelot Software. Pauline, elle aussi, a suivi un chemin semblable : une longue traversée du désert, avant de revenir doucement, par petites touches disséminées au fil du temps.
Détail amusant : Pauline fait une apparition dans l’effroyable film Super Mario Bros. de 1993, en tant que petite amie du héros, sous le nom complet de Daniella Pauline Verducci et les traits de l’actrice Dana Kaminski. Un clin d’œil dans un film qu’on préférerait oublier, certes, mais qui prouve que Pauline n’a jamais été totalement rayée des tablettes. Elle fera par ailleurs un autre caméo dans l’adaptation animée bien plus réussie de 2023.
Côté jeu vidéo, il faudra attendre Donkey Kong sur Game Boy, en 1994, pour revoir Pauline dans un nouveau design : brune, habillée d’une robe rouge légèrement déchirée, rappelant la demoiselle culte Dwan des films de King Kong. Mais là encore, sa place reste celle d’une captive. Puis vinrent dix autres années d’absence, avant que Pauline ne réapparaisse encore dans Mario vs Donkey Kong sur Game Boy Advance, puis dans sa suite de 2006, La Marche des Minis sur Nintendo DS, toujours condamnée à jouer la classique demoiselle à secourir.
Malgré un redesign très réussi, Pauline reste donc longtemps cantonnée à un rôle de second plan, un visage du passé que seuls les plus curieux ou les nostalgiques savent replacer.
Tournant avec l’odyssée à New Donk City
Puis vint Super Mario Odyssey, en 2017. Et là, ce fut un véritable retour en grande pompe.
Pauline n’est plus une prisonnière, comme à son habitude. Elle est ici la maire de la ville de New Donk City, une métropole vibrante inspirée de New York, et surtout un hommage direct au Donkey Kong de 1981, empli de divers poutres rouges. Elle dirige une cité à son image : énergique, élégante, vivante. Elle chante, aussi, avec le morceau on ne peut plus mémorable Jump Up, Superstar!, dans une performance musicale restée gravée dans la mémoire des joueurs. Pour la première fois, Pauline a une vraie personnalité, une histoire, une voix. Elle existe en tant que personnage.
L’année suivante, elle devient même jouable pour la première fois dans Mario Tennis Aces. Suivront Mario Golf: Super Rush, Mario Kart Tour sur smartphone, Mario Strikers: Battle League Football, Mario Kart 8 Deluxe (où elle intègre le roster lors de la vague 6 du pass additionnel), ainsi que Mario Party Jamboree et enfin le récent Mario Kart World. À noter aussi : elle apparaît dans Super Smash Bros. Ultimate, aussi bien comme représentante de la licence Mario que de celle de Donkey Kong ; un double ancrage rare chez Nintendo.
Le studio japonais semble donc avoir à cœur de redonner à Pauline la place de choix qu’elle mérite en tant que pionnière féminine de l’univers du plombier. Et à travers ses apparitions dans des jeux collectifs, elle s’impose peu à peu comme une nouvelle figure féminine, à côté des classiques Peach, Daisy, Harmonie, Toadette ou encore Birdo.
Avec son allure de muse glamour des années 50, bien loin des princesses délicates ou des créatures amusantes, Pauline détonne et apporte une vraie fraîcheur au roster féminin ; paradoxalement, malgré son ancienneté dans le catalogue Nintendo, elle a su conquérir de nouveaux joueurs pour qui elle est devenue un personnage de prédilection.
Donkey Kong Bananza – D’ennemis à alliés
Aujourd’hui, Donkey Kong Bananza marque une nouvelle étape. Pauline n’est plus la proie du grand gorille : elle combat désormais aux côtés de Donkey Kong. Nouveau design : toujours sa robe rouge classique déblocable, mais aussi un look plus moderne, avec un jean et cheveux décoiffés. Âgée de seulement treize ans dans cet opus, on sent une volonté d’explorer ses origines, tout en lui insufflant davantage de dynamisme et de personnalité. On lui offre ainsi un rôle bien plus affirmé, dans un jeu à la narration plus présente.
Et symboliquement, c’est fort. Car c’est en revenant à ses racines que Donkey Kong s’offre un nouveau souffle. Et dans ce retour aux sources, quoi de plus logique que de rappeler celle qui, dès le départ, faisait partie de l’aventure ? Mais cette fois, le lien est différent, amical, porteur d’une dynamique nouvelle et bienvenue. En 2025, Pauline ne peut plus se cantonner au rôle éculé de la demoiselle en détresse. Elle est devenue bien plus que cela, et c’est tant mieux ! Une évolution belle et logique pour une émancipation amplement méritée.
Pauline, la renaissance réussie d’une icône méconnue
Pauline est un fantôme du passé devenu étoile montante. Un personnage que beaucoup avaient oublié, mais que Nintendo a réhabilité avec patience, doigté, et surtout, affection. Elle n’a peut-être pas la notoriété de Peach ou l’aura cosmique d’Harmonie, pour le moment, mais elle a une incroyable histoire, une trajectoire unique, et une légitimité indéniable.
Alors la prochaine fois que vous croiserez cette chanteuse brune haute en couleur dans un jeu Nintendo, vous saurez : ce n’est, en vérité, pas une nouvelle venue. C’est une pionnière, une héroïne qui est présente depuis le début et enfin réhabilitée à sa juste valeur.
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