Décembre 2001. Nos PlayStation 2 accueillent un nouveau héros qui laissera sa marque dans le paysage vidéoludique. Manteau rouge sur les épaules, un flingue dans chaque main et une longue épée pendant à son dos, Dante ne tarde pas à séduire, grâce à son charisme et à un gameplay qui attire tant les hardcore gamers en quête de challenge, que les joueurs plus occasionnels, qui se réjouissent d’une aventure stylée au possible. En un jeu, Dante est devenu un personnage phare de Capcom, et Devil May Cry, une licence incontournable de la firme.
C’est à l’occasion de son retour en fanfare, avec la sortie prochaine de Devil May Cry 5, que nous allons revenir sur la série. Nous laisserons cependant de côté les épisodes sortis sur mobile ou les adaptations en anime, comics ou manga afin de nous concentrer sur les jeux. Affûtez vos lames et chargez vos flingues, car on vise la note SSS. Prêts ? Let’s Rock, Baby !
Devil May Cry – La Diabolique Comédie
Devil May Cry (2001) ou comment débute une série légendaire…
Hideki Kamiya n’est pas que le patron star de Platinum Games ultra vénère qui s’amuse à bloquer les tweets des trolls en les traitant d’insectes. Kamiya, c’est également un grand nom de Capcom. Il a notamment travaillé avec Shinji Mikami sur Resident Evil. Et justement, Resident Evil et Devil May Cry ont une racine commune.
C’est un fait bien connu, Devil May Cry devait à l’origine être Resident Evil 4. Cependant, le ton du jeu s’éloignait bien trop de la série de survival horror phare de Capcom. Pourtant, en jouant à Devil May Cry, on sent bien cette patte Resident Evil. Entre les énigmes, le cadre même de l’aventure (un château délabré, auquel succède un endroit en plein air, avant de finir par un complexe sous-terrain qui ne manquera pas de s’autodétruire et qu’on doit fuir en un temps limité), ou même l’atmosphère au début du jeu (avant l’arrivée du premier ennemi).
Si effectivement, nos premiers pas dans le château se font dans une atmosphère lourde et oppressante, celle-ci opère un revirement dès lors qu’apparaît le premier ennemi. Dante sait se défendre, et le pauvre pantin démoniaque l’apprend vite à ses dépends. Dans Devil May Cry, ce n’est pas au joueur d’avoir peur des démons. C’est plutôt l’inverse.
Devil May Cry met en vedette Dante, un chasseur de démons qui est contacté par une femme mystérieuse du nom de Trish (et qui ressemble énormément à sa défunte mère). Celle-ci lui demande de se rendre sur l’île Mallet afin d’y défaire Mundus, le roi des démons. Dante, étant le fils du démon légendaire Sparda et d’une humaine, dispose de la puissance suffisante pour anéantir les forces démoniaques qui se mettent en travers de son chemin.
Le but de Devil May Cry, comme celui de tous les autres épisodes de la série, sera donc d’avancer dans le jeu tout en éliminant une horde de démons. Cependant, il ne suffit pas de simplement taper dessus comme un sourd. Vous devrez le faire avec style. Pour cela, Dante dispose de divers enchaînements avec lesquels le joueur doit jongler afin de varier les attaques et espérer avoir la meilleure note de style (allant de Dull à SSStylish).
Le titre est bien plus complexe qu’il n’y paraît car pour avoir les meilleurs scores, il faut gérer son timing et son arsenal, tout en évitant de se faire toucher. Devil May Cry est un jeu exigeant qui n’hésitera pas à punir le joueur qui utiliserait ou achèterait des objets de soin. En effet, à vous de voir si vous souhaitez vous soigner (comme le bébé que vous êtes, si vous en êtes à vous poser la question) ou dépenser vos orbes rouges pour augmenter votre puissance. N’ayez crainte, si vous prenez un mauvais coup, car une fois équipé de l’épée Alastor (ou des gants d’Ifrit), Dante pourra se transformer en démon, ce qui augmente sa vitesse, sa puissance, et régénère ses points de vie.
Devil May Cry a immédiatement séduit, que ce soit par son gameplay précis, son atmosphère gothique, ou encore son héros charismatique. Mais aujourd’hui, avec dix-huit ans de recul, si on peut s’esbaudir de la qualité du jeu, on ne manquera pas de signaler quelques défauts. Certains dus au passage du temps (notamment un gameplay rigide qui a mal vieilli), d’autres à de mauvaises décisions au cours du développement. Ainsi, tout le dernier tiers de Devil May Cry est moyen au mieux.
Phases sous-marines injouables, boss final minable à base de shoot’em up bancal (et qui du coup, ne fait pas appel à tout ce que vous avez appris au cours du jeu)… les défauts s’empilent sur le segment final du jeu. Ne reste que le scénario qui part sérieusement en cacahuète, avec des scènes nanardes à souhaits (mention spéciale à la réplique de Dante « Je devais être celui qui remplit ton âme sombre de lumièèèèèèèèèère ! »). Il n’en reste pas moins que c’est avec beaucoup de satisfaction qu’on achève le jeu, qui malgré ses défauts, aura parfaitement réussi à nous amuser.
Forcément, un tel succès appelait fatalement une suite, dont la mission était de relever encore le niveau du précédent épisode. Mission accomplie ? Non.
Devil May Cry 2 (2003) ou comment Dante passa de Classe à Naze
Des environnements urbains, un démon fusionné à un immeuble, un Dante encore plus classe qu’avant, et un nouveau personnage jouable : Devil May Cry 2 jouait la carte de la surenchère, et la jouait bien. Devil May Cry 2, c’était toujours plus de tout… et les vidéos faisaient saliver. Mais lorsque le titre sortit finalement, dès les premières passes d’armes, toute la hype accumulée après deux ans d’attente se dégonfla comme un vieux soufflé.
Dans ce deuxième opus, Dante est contacté par la jolie Lucia, une jeune femme qui lui demande de se rendre sur l’île Vie de Marli, ou l’attend la vieille Matier. Cette dernière a un deal à proposer à Dante. S’il débarrasse le monde d’Arius, PDG de Uroboros voué aux forces de l’occulte, elle lui racontera l’histoire de Sparda. Dante est suffisamment intéressé pour défourailler du démon, tandis que de son côté, Lucia se lance dans une quête identitaire.
Si le scénario du premier Devil May Cry tenait dans un demi-kleenex, celui de ce second opus fait figure de prétexte. Mais nous ne nous étendrons pas là-dessus. En effet, ce n’est pas pour son scénario homérique ou ses répliques shakespeariennes qu’on joue à un Devil May Cry, mais bien pour passer un super moment en nous mettant dans les bottes d’un personnage cool. Eh bien ce n’est pas ce que propose Devil May Cry 2.
Hideki Kamiya a toujours dit qu’il puisait son inspiration, pour Dante, chez Cobra (le héros du manga éponyme de Buichi Terasawa). Dante est un personnage suffisamment fort pour être sûr de lui face au danger. Le genre de type prêt à provoquer le diable lui-même, s’il se trouvait face à lui. Mais, dans le premier Devil May Cry, on était encore loin du fanfaron qu’il deviendrait dans le troisième volet de la série.
Dans le premier épisode, Dante asticotait ses ennemis, mais il était capable d’évaluer la gravité d’une situation. Par ailleurs, Dante est un personnage classe et charismatique, sans pour autant avoir besoin de fumer, picoler, insulter, ou faire étalage de ses prouesses sexuelles (tout le contraire de « Donte » sur lequel nous reviendrons plus tard). Dante était pensé comme un personnage doté d’un charme gothique, et sans peur. Devil May Cry 2 loupera le coche en privant Dante de toutes ses bravades.
Dans ce second opus, c’est un Dante mutique, ne parlant que rarement, que nous dirigeons. Il a beau avoir un de ses designs les plus réussis de la série, ce personnage-là n’est pas marrant. Ni à suivre, ni à jouer. Il est à l’image de son jeu : terne et sans inspiration. C’est au point que Lucia, le second personnage jouable, est bien plus mémorable que lui.
Devil May Cry 2 reprend le principe du premier épisode. On y dirige Dante (ou Lucia) dans des niveaux infestés de démons. Comme précédemment, on peut collecter des orbes rouges, bleues, jaunes ou vertes. Ces orbes servent à acheter des objets ou des améliorations pour les armes, augmenter la barre de vie, bénéficier d’un continue en cas de décès ou se soigner.
La maniabilité a été rendue plus souple grâce à une esquive bienvenue, et qui manquait cruellement au premier épisode. Dante et Lucia peuvent à présent faire des cabrioles que ne renierait pas la scène de danse de Rabbi Jacob et courir sur les murs. Par ailleurs, il est désormais possible de tirer dans deux directions à la fois (la technique Twosome Time) ou faire s’abattre une pluie de balles sur les ennemis.
Le jeu a été rendu plus facile, et c’est là que le bât blesse, car cela rend le titre monotone et inintéressant. Il est ainsi possible de finir le jeu sans donner un seul coup d’épée. Il suffit simplement de tirer comme un bœuf pour tuer tout ce qui bouge, même les boss (on l’a fait). De toutes les façons, les notes ne récompensent plus la variété des combos, mais le temps mis pour tuer les ennemis. Ceux-ci constituent par ailleurs un bestiaire peu inspiré, tout comme la direction artistique.
Fini, le château gothique du premier. Ce Devil May Cry 2 vous emmène dans des environnements urbains ennuyeux. La direction artistique baigne dans une couleur marron fécale qui rend le jeu très terne. On a beau enchaîner les niveaux, on n’a pas l’impression de beaucoup bouger. Les combos à l’épée ne sont pas spécialement gratifiants, et il est impossible de débloquer de nouvelles attaques. Tout au plus obtenons-nous des amulettes qui donnent des pouvoirs à la forme démoniaque de Dante (courir plus vite, voler, etc.).
Finalement, la principale qualité de ce Devil May Cry 2, c’est qu’il faut moins de dix heures, en tout et pour tout, pour en voir le bout. Du coup, on n’a pas à souffrir longtemps. Eh oui, on plie les scénarios de Dante et Lucia en moins de dix heures. À la fin de son histoire, Dante prend sa moto et va en enfer. Exactement ce qu’on a envie de dire à cet épisode – probablement le plus mauvais de la série – à savoir : va au diable !
Devil May Cry 3 (2005) ou comment Dante s’éveilla enfin
Hideki Kamiya n’a pas participé au développement de DMC 2, pas plus qu’il ne participera au développement des suivants. Il est remplacé par Hideaki Itsuno. L’homme, sympathique au demeurant, aura pris à cœur les critiques adressées à Devil May Cry 2 qu’il semble considérer comme un échec. On fait table rase du passé, et on se lance dans un renouveau pour le prochain épisode. Un Dante plus jeune, quelques bonnes idées du second opus, et un léger bidouillage dans le lore de la série, et hop ! On obtient Devil May Cry 3 : l’Eveil de Dante.
Dans DMC, on apprenait que Dante avait un frère jumeau du nom de Vergil (une autre référence à la Divine Comédie. Notons que Trish fait référence à Beatrice Portinari, la muse de Dante Alighieri qu’il va chercher en enfer dans son poème épique. Ce frère jumeau avait été tué enfant par Mundus et ressuscité sous une forme démoniaque, Nelo Angelo, afin de mettre des bâtons dans les roues de son frangin. Il s’agissait d’ailleurs du meilleur boss de DMC.
Retcon. Ce mot est la contraction en anglais de Continuité Rétroactive. Il s’agit, grossièrement, de corriger des éléments d’un récit afin de le faire coïncider avec sa suite. Vergil adulte, avec son katana et son manteau bleu, c’est un retcon. Et c’est un élément bienvenu. Vergil à lui seul assure des enjeux bien plus importants pour ce nouvel épisode.
Dante vient d’ouvrir son agence de chasseur de démons. Mais il n’a pas encore décidé de nom pour elle. Les affaires semblent pourtant déjà marcher, car le gaillard reçoit des appels de clients. Un jour, un homme chauve, du nom d’Arkham, entre dans son bureau. Dans une scène qui fait écho à la scène d’introduction de Devil May Cry premier du nom, le visiteur fait part au héros d’une invitation laissée par Vergil, son frère jumeau qu’il n’a pas vu depuis un bail.
Au même moment, une tour géante, le Temen-ni-gru, surgit de terre en plein centre-ville. Les démons s’abattent sur le monde, et il revient à Dante de s’occuper de cette menace et de participer aux festivités ourdies par Vergil. Entre temps, une jeune fille aux allures de lycéenne, Lady, fait irruption dans la tour, décidée à affronter Arkham, son père. Tu parles d’une histoire de famille.
Si Devil May Cry 2 était le plus mauvais épisode de la série, le troisième est au contraire l’apogée de la licence. Pad en main, on se retrouve devant une version un peu plus souple du gameplay de DMC 1. Le jeu redevient exigeant sans pour autant être frustrant, et le gameplay est d’une richesse encore impressionnante aujourd’hui.
Dante dispose en effet au début de quatre styles de combat différents (à choisir avant chaque mission) qui lui donnent des capacités spéciales. Trickster lui donne une mobilité idéale pour les amateurs d’esquive. Gunslinger lui permet d’avoir des compétences en plus, pour les armes à distance (certaines sont issues de DMC 2). Les fanas de combos seront ravis d’utiliser le style Swordmaster qui donne quelques coups au corps à corps en plus. Enfin, ceux qui aiment le beau geste pourront compter sur Royal Guard et ses contres dévastateurs qui garantissent à ceux qui les maîtrisent des rangs SSS à foison.
Par ailleurs, l’arsenal de Dante se diversifie. Chaque boss affronté se transformera en arme différente (Cerberus le nunchaku, Agni et Rudra les deux épées, et même Nevan la guitare électrique, pourquoi pas ?). Il est possible de switcher entre deux armes au moyen d’une touche, ce qui permet aux esthètes de créer des combos interminables. À cela s’ajoutent des personnages secondaires enfin mémorables et une ambiance qui tranche avec les épisodes précédents.
Fini le Dante taciturne du second épisode ou le beau gosse gothique et parfait du premier. Dante est à présent un jeunot, un chien fou qui passe toute l’aventure sourire aux lèvres et capable des prouesses les plus stylées, et tant pis si c’est parfois ridicule. Ainsi, lorsque Lady tire un missile sur Dante, celui-ci surfe dessus en explosant de rire. Après un DMC 2 trop sérieux, le troisième volet semble faire le choix de l’auto-dérision. Et c’est bon. On a réellement l’impression de jouer à un jeu Evil Dead bien barré.
Le titre remporte un franc succès, mérité, et a redoré le blason de la licence. La même année sort une édition spéciale qui permet de jouer Vergil. Inutile de dire que, ce personnage étant très apprécié des fans, cette édition a apporté un lot continu de soupirs de soulagement. Dante a repris sa place de patron du beat ’em all et tout lui sourit. Qu’allait être son prochain mouvement ?
Devil May Cry 4 (2008) ou comment Dante a laissé la place aux jeunes
Dante est une star du jeu vidéo, un de ces personnages irrémédiablement associé à ce média, comme Lara Croft, Mario, ou Solid Snake. Le gus s’invite dans d’autres jeux Capcom, comme Marvel vs Capcom ou la version PlayStation 2 de Viewtiful Joe et fait une apparition dans Shin Megami Tensei Lucifer’s Call. Inutile de dire que le personnage est bien installé dans l’esprit des gens.
Hideaki Itsuno étant un petit farceur, un fifrelin et un galopin, il décide donc, pour Devil May Cry 4, de mettre en avant un nouveau héros : Nero. Ce dernier ressemble à Dante, avec son épée et son flingue, ses cheveux blancs et son manteau long (bien qu’il soit bleu, comme celui de Vergil). Et puisqu’Itsuno se sent d’humeur taquine, et s’il vous faisait miroiter, comme principal antagoniste, nul autre que Dante lui-même ? On mélange, et bam ! Si ça fait pas des Chocapics, ça fait Devil May Cry 4, sorti sur PlayStation 3 et Xbox 360.
Nouveau personnage, donc nouvelles capacités. Nero, le nouveau héros est équipé de la Red Queen, son épée. Celle-ci est dotée d’un genre de moteur qu’il est possible d’actionner pour gagner en puissance. Son autre arme est la Blue Rose, un revolver à deux canons qui peut charger ses tirs. Mais la caractéristique la plus particulière de Nero reste sans le moindre doute son bras démoniaque, le Devil Arm qui peut chopper les adversaires à distance.
Nero se joue différemment de Dante. Il est plus aérien, et son bras fait des merveilles. Celui-ci permet d’achever les ennemis à travers diverses actions contextuelles. Chopper un adversaire affaibli aura toujours divers effets selon votre victime. Entre ses combos aériens, ses choppes et ses provocations (qui entrent dans le décompte de la note de style depuis DMC 3), Nero s’avère être une parfaite alternative à Dante.
Dans cet épisode, on part pour la ville de Fortuna. Là-bas, une Eglise qui vénère Sparda fait la loi. Nero, notre protagoniste, arrive à temps à l’église pour écouter le récital de Kyrié, sa petite amie. Mais, alors que le pape se met à prêcher, Dante débarque et lui colle un pruneau dans la face avant de se mettre à buter avec style tous ceux qui lui barrent le chemin. Nero décide de se mettre en chasse. Mais une horde de démons se dresse contre lui, et il découvrira bien vite que l’Ordre de l’Épée, à la solde de l’Eglise, n’est pas très propre.
Avec son gameplay très nerveux et ses fort jolis graphismes, Devil May Cry 4 s’avère être un excellent épisode. Le rythme est soutenu (un nouveau type d’ennemi est introduit à chaque niveau) et c’est avec satisfaction qu’on prend les commandes (sans surprise) d’un Dante plus puissant que jamais dans le dernier tiers du jeu. Le Dante d’Itsuno continue de se présenter comme un héros à la puissance inégalable, et toute la section dans laquelle on le dirige prend des allures de promenade de santé.
Cependant, Devil May Cry 4 souffre d’un grave défaut. Si on dirige Nero et Dante, les deux compères traversent les mêmes niveau dans un sens, puis dans l’autre. Et bien qu’il soit intéressant de survoler avec Dante des niveaux dans lesquels on a bataillé avec Nero, il n’en reste pas moins qu’on reste déçu de passer deux fois aux mêmes endroits.
En 2015, une Special Edition arrive sur PlayStation 4, PC et Xbox One. Et là, c’est festival. Le titre propose deux campagnes supplémentaires. Comme dans DMC 3: SE, on peut brandir le katana de Vergil (qui se joue comme dans l’épisode précédent) mais aussi visiter Fortuna en compagnie du tandem Lady/Trish. L’occasion de constater que Lady a tout à fait sa place aux côtés de Dante et que Trish est une réelle brute. Outre les classiques Palais Sanglant et autres modes de difficulté, l’édition propose un mode Chevalier Sombre Légendaire qui multiplie le nombre d’ennemis. Devil May Cry 4 prend alors des allures de musô jouissif.
La dernière phrase que prononce Nero, « Hey Dante, est-ce qu’on se reverra ? » a longtemps eu une résonance mélancolique pour les fans. Dante est pourtant bien revenu… mais pas comme ils l’auraient souhaité…
DmC: Devil may Cry (2013) ou comment Donte a énervé tout le monde
C’est à l’occasion du Tokyo Game Show 2010 que le public, médusé, découvre le trailer du nouveau Devil May Cry. Intitulé DmC: Devil may Cry, ce trailer présentait un nouveau Dante, sorte de Nicola Sirkis émo (enfin plus émo encore) à l’air toxico (enfin plus toxico encore). Ce nouvel opus sera signé Ninja Theory (Enslaved, Heavenly Swords…) et le moins qu’on puise dire, c’est que l’accueil du public n’est pas des plus chaleureux.
On reproche à ce DmC la tronche de Dante, mais aussi son attitude. On est très loin du héros dépeint dans les précédents épisodes. Ce Dante n’a ni l’élégance de celui de Kamiya, ni le charme enfantin de celui de Itsuno. Les fans n’ont plus l’impression d’avoir Dante. Celui-ci fumait (il ne le fait plus dans la version finale), est ordurier et pervers (il commence le jeu en « se tapant » deux strip-teaseuses).
Il est tellement éloigné du héros originel que les fans hardcore sur internet le surnommeront Donte (pour Don’t call me Dante). À cela s’ajoute une communication très maladroite de Ninja Theory qui attise la colère des fans à chaque sortie. Quand Tameem Antoniades, le fondateur du studio, parle du personnage féminin de cet opus, Kat, qui est loin du stéréotype de la « prostituée avec un flingue », les fans y voient une allusion à Trish et Lady. Par ailleurs, les fans s’énervent quand, lorsqu’une serpillière tombe sur la tête de Donte (mimant sa coupe de cheveux iconique) celui-ci la retire en s’exclamant « not in a million years » (qu’on peut traduire par « plutôt crever »).
Au final, une fois le jeu sorti, qu’est-ce que ça donne ? Eh bien pour être honnête, pas grand-chose. Le jeu n’est pas exceptionnel, mais il est très loin d’être la bouse annoncée. Le titre propose des idées intéressantes, surtout de mise en scène. Mais il est vrai que son ton faussement subversif et sa grossièreté jouent contre lui. D’autant qu’il n’arrive pas à la hauteur des épisodes précédents (hormis le 2 qui est et restera le pire épisode produit, n’en déplaise aux nostalgiques). Au final, DmC est un jeu moyen. Sa Definitive Edition, sortie en 2015, corrige de nombreux problèmes et ajoute le (mauvais) DLC Vergil’s Downfall, qui suit la descente aux enfers de Vergil.
Il est à noter que si le titre est particulièrement mal aimé des fans, ceux-ci n’ont eu de cesse de tourner en dérision l’univers du jeu. Nous parlions du surnom de Dante dans ce jeu, mais il faut savoir qu’il existe un mod sur la version PC permettant d’affubler notre héros (également appelé Dino par la communauté des fans) de moustaches de desperado mexicain. En mettant les dialogues en espagnol, on découvre alors les aventures de Dino, El Exterminador de Demoños. Cela donne une autre saveur à ce titre.
DmC se veut être un reboot. On y suit les aventures de Dante, un Nephilim né de l’union du démon Sparda et de l’ange Eva (qui a un rôle plus important dans cet opus). Celui-ci est contacté par son frère Vergil afin de lutter contre Mundus, un démon qui contrôle l’économie dans le monde afin d’asservir les humains.
Il est à noter cependant que si les joueurs ont détesté le jeu, ce n’est pas le cas de Hideaki Itsuno, qui est parfois venu filer un coup de main à Ninja Theory. Le gaillard était par ailleurs très tenté de développer un DmC 2 avant qu’il ne se laisse fléchir par son équipe, désireuse de travailler sur Devil May Cry 5. Il est d’ailleurs facile de percevoir la trace de DmC: Devil may Cry dans l’univers de DMC 5.
Conclusion
Et voici pour ce tour d’horizon de la série Devil May Cry. Bien sûr, nous nous sommes concentrés sur les jeux principaux et avons laissé de côté les apparitions de Dante dans d’autres médias. Il s’agissait après tout de vous rafraîchir un peu la mémoire, alors que Devil May Cry 5 arrive. Cet épisode promet d’être absolument mémorable. Après tout, Itsuno a indiqué à l’Inside Xbox du 12 juin 2018 que Devil May Cry 5 allait dépasser toutes nos attentes.
Retour de Dante, retour de Nero, apparition de V le troisième personnage jouable qui peut invoquer des démons, des graphismes à couper le souffle, Trish et Lady au casting… comme le dirait Dante dans Devil May Cry 3, « This party’s getting crazy ! ». Ce dossier s’achève, et vous êtes prêt à activer votre Devil Trigger. Pour la cinquième fois (et même sixième, si on compte DmC), vous allez pouvoir prouver que le diable peut pleurer. Jackpot !