Dead Island 2 fait partie des très belles surprises de 2023. Le jeu nous avait en effet impressionnés avec son gameplay jouissif, son ambiance réussie et son ton à la fois satirique, mais aussi relativement crédible, ainsi que – et cela mérite d’être noté – une absence de bugs et de problèmes d’optimisation. C’est donc avec un grand plaisir que nous retournons dans l’enfer de Hell.A, armé de notre fidèle et redoutable bidon d’eau, afin d’en savoir plus sur les mystères de Haus.
Haus est le premier DLC du Pass de Dead Island 2 et doit donc logiquement démontrer le niveau de qualité que l’on pourra attendre du suivant, et, autant le dire de suite, le résultat est plus que mitigé, à notre plus grand regret.
Hella Hell.A
Nous voici donc de retour à Los Angeles. Pour débuter le DLC, il est nécessaire d’avoir réalisé certaines missions principales et notamment d’avoir terminé « Room Service pour le Major Booker ». Nous vous conseillons cependant d’avoir terminé au préalable les missions donnant accès aux armes à feu, car elles seront plus qu’utiles dans le DLC, et peut-être même incontournables pour les boss. Une fois la mission de l’hôtel accomplie, lorsque vous retournez à la villa d’Emma, un marqueur orangé sera présent au rez-de-chaussée près d’un enregistrement audio étrange et d’une lettre d’invitation.
Si vous acceptez cette dernière, vous être immédiatement téléporté à Malibu, carte d’invitation toujours en main. Et c’est là un premier regret pour nous : une mise en scène plus soignée aurait largement amélioré l’immersion et renforcé le côté « creepy » du DLC, comme une brève cinématique où un véhicule encore fonctionnel viendrait nous récupérer avec un chauffeur à l’aspect dérangeant, quelque chose dans cette tonalité.
Mais ce n’est pas le cas, et le studio est par ailleurs parfaitement conscient que c’est là d’une facilité assez honteuse, car votre personnage fera un petit commentaire sur l’absurdité de votre téléportation. Ce n’est qu’un détail, mais il annonce déjà l’un des problèmes majeurs du DLC : son aspect « cheap ».
Nous voici donc à Malibu, face à une petite villa sympathique et devant laquelle sont garés de nombreux SUV noirs. Arrivé devant les portes, celles-ci s’ouvrent d’elles-mêmes et vous êtes accueilli dans une vaste antichambre où vous accompagnent divers enregistrements audio, levant légèrement le voile sur le propriétaire et l’idéal de la secte. Vous arrivez ensuite dans un grand hall, joliment orné d’œuvres d’art, doté d’une grande porte qui ne s’ouvrira que vers la fin et où se trouvent trois cadavres décapités assis sur des chaises. Ce hall sera quelque part le hub du DLC et reliera les différentes missions jusqu’au dénouement. Et une fois que vous remettrez en place la tête de ce cher Vincent, Haus se lancera véritablement.
Haus ? Raus !
Si l’ambiance est une réussite et parvient à construire à certains moments un sentiment de malaise et d’inconfort, certaines références mises en avant ne sont pas forcément évidentes et font appel à une connaissance pointue des films d’horreur, filmographie de Roméro en tête, que votre serviteur ne détient malheureusement pas. Il est certain que les cinéphiles reconnaîtront çà et là quelques hommages bien cachés et bien rendus à des réalisateurs, des films ou même des procédés de mise en scène.
L’aspect « cheap » de Haus saute aux yeux constamment, hélas. Si tous les zombies que vous rencontrerez dans la villa sont visuellement nouveaux, il s’agit en fait d’un simple reskin, à grand renfort de latex, des zombies que vous croisez dans Dead Island 2, et il n’y a donc aucun nouveau type d’ennemi à affronter ici. Aux rangs des nouveautés se trouvent deux armes, dont une arbalète mettant en avant un gameplay plus furtif dont on ne saisit pas bien l’intérêt puisque les ennemis réapparaissent constamment, ainsi que de nouvelles cartes qui n’ajoutent rien de substantiel au gameplay.
De fait, Haus se parcourt en trois bonnes heures, et est rallongé sans la moindre once de vergogne par des combats souvent forcés contre des adversaires qui reviennent sans cesse, et, surtout, un labyrinthe souterrain dont il faut s’échapper lors de deux missions différentes et qui dissimule fort mal les artifices utilisés pour rendre l’aventure un peu plus longue.
De la cabale à la Kabbale
Pourtant, tout n’est pas à jeter. L’on a notamment un combat amusant contre un boss à la fois grotesque et sordide, mais très bien servi par la mise en scène et la musique. Certaines lettres que vous pouvez trouver en explorant la villa poursuivent l’œuvre satirique du jeu de base et font, par exemple, mention de l’usage d’IA pour écrire des scripts.
À noter la présence de deux protagonistes français qui vous aident durant l’aventure et sont relativement stéréotypés, en allant de leur accent à leur passion pour le tabac et en passant par leur obsession extrême pour l’art, même quand il est morbide. Mais ces deux personnages sont assez sympathiques et plus amusants que vexants.
Reste l’intrigue générale de Haus. Entre références cinématographiques pointues, mises en scène horrifiques et dérangeantes, ésotérisme religieux quant au salut (technologique ?) des âmes et au monde à venir, ainsi qu’une certaine emphase sur le rôle de l’intelligence artificielle, Haus emprunte autant aux Evil Within qu’à Cyberpunk pour aborder des thèmes très intéressants, mais finalement abordés superficiellement, malgré les ambitions des équipes derrière ce DLC.
Haus n’a en effet pas le temps, ni les moyens, de réellement raconter son histoire. Alors, tout va vite, des artifices sont utilisés pour rajouter des combats et quelques dizaines de minutes de durée de vie sont ainsi difficilement gagnées ici et là, mais ce n’est pas suffisant puisqu’on a envie d’en savoir plus. On sort donc de Haus comme d’un fastfood, à la fois content d’avoir goûté à un mélange de saveurs plaisant, mais toujours affamé et un peu honteux d’avoir dépensé autant pour si peu.
La véritable force de Haus est de se tenir sur les fondations d’un excellent jeu, d’utiliser son très bon gameplay et de faire appel aux Tueurs de Dead Island 2 et à leurs personnalités sympathiques dont les lignes de dialogue comblent régulièrement les moments vides du DLC. Quant aux révélations finales, et sans rien dévoiler, elles apportent des informations supplémentaires et importantes quant à l’histoire du jeu de base, le rôle réel de certains personnages ainsi que la raison de votre singularité. Mais le dénouement est malheureusement desservi par la durée de vie du jeu et la rapidité avec laquelle ces informations sont partagées.
Haus aurait certainement été beaucoup plus intéressant s’il avait été traité comme une extension majeure, de celles qui coûtent 20 à 25€ et apportent énormément à un jeu de base très solide. Il n’est pas certain que le rapport qualité-prix soit très intéressant en l’état, mais pour les fans inconditionnels du jeu, cela reste malgré tout une expérience sympathique.
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