Le mois dernier nous vous avions laissé avec notre critique du tome 8 de The Promised Neverland, qui était encore une fois un excellent volume, tenant à bien des égards ses promesses en termes d’intrigue et de développement de personnage.
Cependant, malgré un cliffhanger de fin moins percutant, nous avions hâte de lire la suite pour des raisons qui sembleront évidentes aux fans de la série. Après tout nous étions sur le point de découvrir des informations importantes, et pouvions espérer un chamboulement scénaristique important dans les chapitres du tome 9. On préfère vous le dire tout de suite, nous avons été gâté et pas qu’un peu.
(Critique The Promised Neverland tome 9 réalisée à partir d’une version fournie par les Éditions Kazé)
Le pitch de The Promised Neverland (no spoil)
The Promised Neverland nous narre les aventures de Emma, Norman et Ray, les trois protagonistes principaux que l’on nous présente au début du premier tome. Ces trois amis vivent depuis presque toujours à l’orphelinat Grace Field House, aux côtés de nombreux autres enfants, plus jeunes pour la plupart. Aimés et choyés par la gouvernante qu’ils appellent tous Maman, ils ont absolument tout ce qu’il faut pour vivre une vie heureuse et paisible, dans l’attente d’être recueillis par une famille aimante.
Cependant, le code d’identification tatoué sur le cou de la jeune Emma (voir image ci-dessus) ne vous aura surement pas échappé, et vous avez déjà dû commencer à imaginer tout un tas de choses pouvant justifier ce fait. À ce sujet, on peut vous le dire clairement, il se trame quelque chose de pas net dans cet orphelinat, et le calme et le bonheur apparents ne sont en réalité qu’une façade servant à masquer une vérité complètement sordide.
Cette vérité, certains vont l’apprendre bien malgré eux, et c’est à cet instant que la décision de s’échapper sera prise pas nos trois protagonistes principaux. Nous ne vous dirons pas ce qui se cache derrière tout ça, mais soyez certains que quoi que vous puissiez imaginer, même si vous tapez dans le mille, vous serez toujours surpris par les retournements de situations qu’apporte The Promised Neverland.
Au final, il s’agit d’un shonen mêlant psychologie, survie, et suspens dans un univers complexe imaginé par le scénariste Kaiu Shirai et dessiné par Posuka Demizu, dont les enjeux vont bien plus loin que ce que laissent paraître les tout premiers tomes. De plus vous risquez d’être plutôt séduit par le dessin, qui joue continuellement avec les genres, afin d’apporter un contraste parfait entre l’enfance, la naïveté qui s’en dégage, et les horreurs que charrie le monde extérieur.
La critique du tome 9
Ce qui est rigolo avec le tome 9 The Promised Neverland c’est qu’il ne revient absolument pas sur le cliffhanger laissé par le tome 8 et qui nous montrait Ray et l’inconnu sur le point de rejoindre Emma à Goldy Pond. Petite déception du tome peut-être, mais pour autant, tout ce qui s’y passe nous a rapidement fait oublier ce fait. Les retrouvailles, selon toute vraisemblance, devraient se dérouler dans le tome 10.
L’intégralité du tome 9 se déroule donc en compagnie des fugitifs de Goldy Pond bien entendu, mais aussi et surtout d’Emma et Lucas, autrefois camarade et meilleur ami de l’homme inconnu. Sans avoir ouvert le volume, nous nous attendions possiblement à ce que Ray et l’inconnu arrivent à Goldy Pond et que nous puissions assister aux retrouvailles des deux amis d’enfance dont les destins se sont éloignés pendant des années. Cependant ce ne fut absolument pas le cas, et après réflexion, ce choix scénaristique était certainement bien plus judicieux au vu de ce qu’il se passe dans ces chapitres.
Les hostilités démarrent alors avec Emma et Lucas ont décidé de se rendre à la fameuse porte ornée du symbole de Minerva, et qui, à l’instar de la cave dans l’Attaque des Titans, était promesse de belles révélations scénaristiques. L’auteur fait alors quelque chose que l’on ne voit pas forcément très souvent dans un manga. Au lieu de nous faire traîner en longueur l’ouverture de la porte afin d’ajouter de la tension et du mystère, cela ne prend que deux pages, nous partageons donc plutôt l’envie dévorante avec laquelle les personnages veulent franchir le pas. Cette envie que nous partageons avec les personnages est alors immédiatement récompensée par la découverte d’un lieu qui vas nous apporter un joli florilège d’informations.
Nous nous permettons de spoil bien entendu, nous sommes dans une critique, mais nous n’allons pas non plus tout vous dévoiler. Nous allons alors préférer formuler cela sous forme de questions, histoire que votre imagination fasse le reste. Dans le désordre vous trouverez donc réponse à des questions comme : mais qui peut bien être William Minerva ? Ou encore pourquoi est-ce qu’il s’est donné tant de mal pour amener les fugitifs jusqu’ici, n’était-ce pas en réalité un piège des démons ? Comment est-il possible de se rendre dans le monde des humains ? Le passage pour s’y rendre n’était-il en réalité pas plus proche des enfants qu’ils ne l’auraient imaginé ? Vous trouverez bien des réponses dans ce volume, à ces questions, mais aussi à d’autres, et là ou c’est fort, c’est que les révélations ne mettent en rien à mal tout l’aspect mystérieux de l’univers. En effet il n’est pas rare qu’une fois tout un pan d’un univers expliqué, l’intérêt pour se dernier se perde, surtout quand la tension repose sur des éléments inconnus. Mais ce n’est absolument pas le cas ici, l’auteur délivrant juste ce qu’il faut d’informations, dévoilant la vérité sur certains éléments tout en les entourant d’un nouveau mystère peut-être encore plus grand.
La quasi-totalité du tome ne nous plongeant pas au coeur de l’action, vous trouverez peut-être qu’on manque un poil de dynamisme comparé aux autres. Ce n’est pas tout à fait faux, mais comme toujours, le dessin joue énormément sur les expressions des personnages, rendant les nombreuses phases descriptives tout de même passionnantes à regarder, surtout qu’on le sait maintenant, mais beaucoup de détails se cachent dans les décors et arrière-plan. Malgré tout, le dernier tiers du tome se consacre à la préparation de l’évasion de Goldy Pond, et pour cela il va falloir sortir les armes et combattre. Après une longue phase riche en informations, dont une que l’on vous cache délibérément tant elle a une importance capitale pour la suite du manga, nous revenons à de l’action, les enfants devant affronter les démons chasseurs. Ces derniers ayant appris la présence d’Emma sur le terrain de chasse, il n’allaient pas rester à se tourner les pouces, alors qu’une viande de qualité supérieure leur tend les bras.
Comme toujours, l’action est calculée, millimétrée, aussi bien dans la réflexion du dessin que dans l’exécution des idées par les enfants. Stratégiquement tout fonctionne à merveille, certains phases du plan de bataille sont convenues, d’autres beaucoup moins, et à l’arrivée, chaque dénouement est ultra jouissif, que la mort surgisse d’un camp ou d’un autre. On découvrira notamment que les enfants de Goldy Pond avaient un plan bien précis mis en place sur des années, à la façon de Ray lorsqu’il était à l’orphelinat, et qu’ils ne sont pas là pour juste suivre les consignes d’une Emma parfois leader malgré elle.
Durant le début du combat on découvre un peu plus les démons chasseurs dont nous pouvons apprécier un peu plus le design. Car on le répète, mais l’esthétique des démons a été vraiment très soignée. Leur côté ultra glauque contraste toujours aussi bien avec le village enfantin et les scènes de joie que l’on peut parfois observer. En tout cas, maintenant que leur point faible a été découvert, les premières victimes côté ennemis n’ont pas tardé à arriver pour notre plus grand plaisir. C’est justement à ce moment précis que l’on a repensé à Ray et l’inconnu dont on vous parlait au tout début de l’article. Les voir arriver à Goldy Pond avant la bataille aurait eu deux effets. Le premier effet aurait été de faire se retrouver Lucas et l’inconnu dans un moment sans aucune tension, durant les préparatifs, ce qui aurait été dommage tant ces retrouvailles sont attendues. Le deuxième effet, aurait alors été de rendre la narration un peu plus (trop ?) prévisible. Alors que là, on sait qu’ils doivent arriver, on ne sait juste pas quand, nous réservant peut-être une scène lourde de sens lors de l’un des affrontements que l’on attend pour le tome 10.
À la toute fin, nous retrouvons Emma faisant face au plus dangereux et sadique des démons en présence, et c’est à cet instant que l’on s’est dit qu’il serait compliqué de tenir jusqu’au 2 octobre prochain pour lire la suite. The Promised Neverland tome 9 doit sortir le 21 août, mais nous avons eu la chance de le recevoir en avance, étant donné qu’il était disponible à la vente là aussi en avance, lors de la Japan Expo 2019. Cependant, cela veut dire qu’il va nous falloir attendre plus longtemps avant de pouvoir découvrir la suite, et c’est d’autant plus compliqué dans un manga comme The Promised Neverland qui a une fâcheuse tendance à réussir ses cliffhanger.
The Promised Neverland tome 9 est une franche réussite du début jusqu’à la fin et ce pour plusieurs raisons. On évoquera rapidement le dessin et la narration qui font mouche comme toujours, mais ce n’est pas tout. Beaucoup d’informations étaient à prévoir, et nous n’avons absolument pas été déçu.
Les révélations sont percutantes et nous avons même eu un mini arrêt cardiaque en milieu de tome, notre coeur étant alors partagé entre la stupéfaction et l’émotion de découvrir deux éléments combinés qui promettent une suite vraiment captivante.
Le volume manquera peut-être un poil de rythme pour certains très attachés à la partie plus action shonen, notamment à cause du dessin plus « figé » qu’à accoutumée, servant à poser l’ambiance lors des révélations. Cependant, une fois la « pause » terminée, l’action reprend tambours battants, nous promettant un tome 10 tonitruant (courage Emma) que nous avons déjà hâte d’avoir entre les mains.