Tout juste avant de sortir dans le commerce, Doppelgänger nous a été gentiment transmis par la maison d’édition Kazé afin que nous puissions vous en faire la critique. Ce manga est réalisé par la mangaka Tamaki Vanessa Chihiro, dont il s’agit de la toute première oeuvre à paraître en tomes reliés.
(Critique Doppelgänger tome 1 réalisée à partir d’une version fournie par les Éditions Kazé)
Le pitch de Doppelgänger (No spoil)
Le terme Doppelgänger désigne le double d’une personne vivante, et c’est un thème régulièrement exploité dans le cinéma, la littérature ou la musique. Dans ce manga sobrement intitulé Doppelgänger justement, il n’est pas exactement question d’un double au sens propre, puisque nous suivons le personnage de Makoto Kenzaki, qui, alors qu’il est exécuté suite à une affaire de meurtre, va se retrouver téléporté dans le passé, un peu avant que les crimes qu’on lui prête ne soient commis.
Dans ce thriller qui s’achèvera en 4 tomes, le héros va devoir faire équipe avec son double du passé afin de dénouer cette injustice policière. Là où Doppelgänger se démarque, c’est dans l’exploitation du personnage, dont chacune des entités aura son propre point de vue sur la situation, occasionnant des divergence d’opinion, d’un point de vue moral. Le temps leur est bien entendu compté, et il va falloir mettre la main sur le vrai coupable avant que les crimes ne soient commis, afin que les choses rentrent peut-être dans l’ordre.
La critique de Doppelgänger tome 1 (Voir directement la conclusion pour un avis rapide sans spoil)
Tout débute en 2003 sur l’image de l’arrestation du jeune Makoto Kenzaki, alors que ce dernier endosse le rôle de suspect numéro 1 dans une affaire de meurtres en série. La page suivante, nous retrouvons Makoto 11 ans plus tard, enfermé dans une cellule sombre, continuant de faire ce qu’il a toujours fait dans la vie civile : sculpter. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui font qu’il a été suspecté à la base, puisqu’il était sculpteur de profession, et que les victimes étaient toutes des anciennes connaissances de classe lorsqu’il faisait ses études en art. Pour autant, Makoto semble innocent, tout du moins c’est ce qu’il clame haut et fort, et c’est ce qu’il continuera de clamer durant ses 11 années de détention avec d’être conduit à l’échafaud.
Suite à son exécution, il se réveille en pleine rue 11 années plus tôt, un peu avant que les crimes ne soient commis, et l’on touche au premier point intéressant de ce premier volume. Avant de faire un bond dans le temps, Makoto a subi 11 ans de prison et ça se voit. Physiquement il n’a plus la même allure, il est passé d’un jeune homme avec la vie devant lui, à un adulte marqué physiquement et mentalement par l’enfermement et certainement les joyeusetés inhumaines qui s’ensuivent. Makoto est donc très, mais alors vraiment très différentiable de son lui du passé, ce qui est un point qui aura naturellement son importance, et qui va permettre d’éviter de tomber par moment dans les poncifs du genre, et notamment dans la fameuse situation où l’on ne sait plus qui est qui lors d’un situation de tension.
D’ailleurs, une fois les premiers instants passés à se demander comment cela avait pu arriver, et pourquoi il était revenu dans le passé, Makoto va rapidement se mettre en quête de son lui du passé afin d’en faire un allié de choix pour arrêter le meurtrier avant qu’il ne passe à l’acte. Encore une fois le tome évite de s’enliser dans les différents clichés du genre lorsque qu’une personne rencontre son double du futur/passé, et tout cela est très vite expédié, sans pour autant bâcler la mise en place de la relation entre le héros et son double.
L’action se passe donc en 2003, et nous avons affaire à une dualité, naturellement, entre les deux personnages qui sont comme les deux côtés d’une même pièce. Là où l’autrice fait bien les choses, c’est qu’on retrouve cela dans tous les compartiments. Déjà physiquement, comme nous l’avons dit, la différence est saisissante, mais c’est aussi le cas au coeur même du dessin, avec bien souvent des représentations plus marquées pour le Makoto de 2014, et des traits plus doux pour le Makoto de 2003.
Mais surtout, là ou la dualité est la plus parlante, c’est dans la psychologie des personnages, et si nous n’avions pas eu cette subtilité, nous pouvons presque assurer que Doppelgänger aurait été raté, ou en tout cas bien moins intéressant à suivre. En effet, le Makoto de 2003 est jeune, il a la naïveté qui va avec, et il n’a surtout pas le passif du Makoto de 2014, qui est usé depuis des années, et qui rumine depuis tout ce temps ses rêves de vengeance. C’est un aspect qui se met en place surtout dans le dernier tiers du manga, une fois que la base est bien en place, et cette divergence psychologique nous intrigue énormément pour la suite de l’histoire. Le plus jeune souhaite la justice alors que l’autre souhaite se venger, et ces deux notions étant difficilement compatibles, il pourrait bien y avoir des rebondissements intéressants par la suite.
Durant ce tome, à partir de la seconde moitié, les deux Makoto vont commencer à mener l’enquête, chercher des pistes qui leur permettra peut-être de remonter la trace du tueur, et cela commence par une rencontre avec les futures victimes. On sait que 4 personnes vont mourir, on fait petit à petit leur connaissance, et l’enquête est menée avec un bon rythme, nous tenant fermement jusqu’à la fin où l’on nous laisse avec un cliffhanger aussi frustrant qu’efficace, nous laissant saliver en attendant la sortie du tome 2.
Dans l’ensemble, Doppelgänger tome 1 est vraiment une bonne petite surprise qui a un certain potentiel, notamment en termes de psychologie, même s’il faudra attendre de voir ce que l’autrice veut bien faire de son histoire pour en juger plus clairement. Par contre si l’histoire nous tient bien du début à la fin du tome en suivant un très bon rythme, il faudra attendre d’en savoir plus sur le tueur pour vraiment s’emballer. Car si le héros semble intéressant, il va vraiment pas falloir louper l’antagoniste, duquel on ne sait pour le moment que très peu de choses.
Doppelgänger tome 1 nous a donné envie de découvrir la suite, à la fois par son cliffhanger efficace, mais aussi par la dualité permanente se dégageant de l’oeuvre. L’autrice s’est lancée dans un thème qui a déjà été traité un nombre incroyable de fois, et toute la subtilité résidait dans le fait de ne pas tomber dans le déjà-vu ou dans le cliché ringard.
Pour le moment les pièges ont été évités et même si les bases posées sont plutôt classiques, la narration est efficace et le rythme nous tient parfaitement du début à la fin. Le tome 2/4 devrait permettre de déterminer de manière bien plus précise ce que ce manga a dans le ventre, alors rendez-vous en avril pour notre prochaine critique.