Entre la fantasy et les jeux vidéo, depuis l’origine des temps, c’est une véritable histoire d’amour. Des Dragons de Pern au Trône de Fer, en passant par (évidemment) l’oeuvre de Tolkien, on ne compte plus les adaptations vidéoludiques de romans fantastiques (l’inverse est un peu moins vrai… Quoique !) Si une adaptation en jeu de l’oeuvre de Terry Goodkind n’est pas encore d’actualité, avec Les Enfants d’Hara, les éditions Bragelonne nous convie à assister aux débuts d’une saga en devenir…
Les Enfants d’Hara : héritiers de L’Épée de Vérité
Terry Goodkind, (bon chic) bon genre
“- Elle utilise ses yeux pour voir dans notre monde…
– Et que pouvons-nous faire contre ça ?
– Une chose très simple.
Sans hésiter, Shale enfonça les pouces dans les orbites de Nolo. Mobilisant toutes ses forces, elle énucléa l’Estorien – un spectacle étrange que de voir une si jolie femme jouer les bouchères.”
Les Enfants d’Hara, p.96
Terry Goodkind est connu pour son cycle L’Épée de Vérité, qui comprend tout de même une vingtaine de tomes en comptant préquelles et spin-off. Avec plus de vingt millions d’exemplaires vendus à travers le monde, on peut dire que le bonhomme est de ceux qui comptent dans l’univers de la fantasy ! Alors la sortie de son nouveau roman, Les Enfants d’Hara, est forcément un petit événement.
D’autant que ce dernier s’inscrit dans la longue saga que constitue L’Épée de Vérité. Les Enfants d’Hara met en effet en scène les personnages de la saga précédente. Mais pas d’inquiétude si vous entendez parler de Terry Goodkind pour la première fois, le volume peut se lire de manière tout à fait indépendante. C’est même une excellente porte d’entrée dans l’univers de l’auteur, et dans la fantasy en général.
Approchez, approchez…
Les Enfants d’Hara commence dans la salle du trône, un jour d’audience. Kahlan et le Seigneur Rahl écoutent en effet les doléances de leur peuple pour essayer d’y remédier. On comprend (même sans avoir lu le cycle précédent) que le pays est au sortir de la guerre, et qu’à sa tête, le couple formé par la Mère Inquisitrice Kahlan et le Seigneur Rahl font tout ce qui est en leur pouvoir pour conserver une paix chèrement payée.
C’est alors que se présente devant eux Nolo, vieillard diplomate de son état, venant réclamer la reddition du monde (!) au nom d’une Déesse dont personne ne semble avoir entendu parler jusqu’ici. On comprendra rapidement que les élucubrations du vieil homme cachent bien évidemment une véritable menace, qui dépassera, et de loin, les frontières de l’Empire…
Hara…cadabra ?
Avec Les Enfants d’Hara, Terry Goodkind réussit la performance de nous livrer un récit de fantasy au souffle épique, mais à l’échelle du huis clos. En effet, la narration ne repose que sur 4 personnages, plus un cinquième, mystérieux. Les autres n’étant que des figurants sans véritable rôle à jouer. Et l’intégralité de l’action du livre tient entre les murs du Palais.
C’est aussi parce que le volume est très court, et tient presque plus de la nouvelle que du roman, atteignant tout juste les 120 pages. On peut le prendre comme l’épisode pilote d’une série à venir. Pourtant, le texte ne s’embarrasse pas de mises en place longues et fastidieuses : on est très, très vite au cœur de l’action. Il faut dire que les personnages principaux existent maintenant depuis plusieurs tomes et plusieurs années !
Mais, ainsi que nous le précisions plus haut, ce n’est absolument pas un problème pour qui ne serait pas familiarisé avec le cycle de L’Épée de Vérité. Par petites touches, Terry Goodkind réussit à faire passer les informations nécessaires à la compréhension, de manière très naturelle, qui plus est ! Les Enfants d’Hara pourrait très bien être le premier volume d’une toute nouvelle série, le texte tiendrait tout autant debout.
Petit, mais costaud
Comme nous le disions il y a de cela quelques lignes, ce roman peut donc être une bonne porte d’entrée dans l’univers de Terry Goodkind, puisqu’il ne réclame ni d’avoir lu les volumes précédents ni de s’engager dans la lecture de la vingtaine de tomes qui composent le cycle de L’Épée de Vérité. Mais de manière plus générale, Les Enfants d’Hara sera un livre idéal pour qui ne lit pas beaucoup de fantasy, et même pour qui ne lit pas du tout !
En effet, la simplicité de sa structure, le nombre réduit de personnages, le fait qu’il arrive à se passer de descriptions fastidieuses permettront même aux débutants de se plonger dans le récit sans avoir peur de s’y perdre. Si la taille de chaque tome du Trône de Fer, avec leurs 600 ou 700 pages chacun, peut impressionner un lecteur, la brièveté des Enfants d’Hara le rend au contraire particulièrement abordable (un lecteur averti le trouvera quant à lui un peu court, achevant sa lecture en une petite heure…).
D’autant que c’est un bel objet. Le livre lui-même est d’excellente qualité, relié et non pas broché (c’est-à-dire que les pages sont cousues ensemble, et non pas collées. C’est bien évidemment gage d’une édition de qualité), la couverture est épaisse et le format du livre est à la fois original (plutôt en longueur) et agréable.
La seule chose qu’on pourra reprocher aux Enfants d’Hara, ce sera peut-être son prix, une quinzaine d’euros. Le roman est en effet un poil court pour un tel prix. Cependant, c’est un ouvrage de qualité, aussi bien au niveau du texte qu’au niveau de l’objet lui-même. C’est aussi une rare occasion d’avoir entre les mains un roman de fantasy assez court pour ne pas décourager un nouveau venu dans le monde de la lecture… Les livres du genre étant d’habitude bien plus épais que la moyenne !
Reste maintenant à savoir ce que Terry Goodkind nous réserve pour la suite des aventures de ces Enfants d’Hara. Alors que le tome 1, L’homme Griffonné, édité par Bragelonne, est déjà disponible, le tome 2 d’une série qui devrait en compter cinq arrivera en librairie le 14 août prochain.