Bien avant l’arrivée de Détective Pikachu, l’histoire des jeux vidéo adaptés au cinéma s’est montrée compliquée. Et ce n’est pas l’actualité autour du film Sonic qui viendra changer ce qui est devenu une malheureuse tradition. Allant de la catastrophe pure et simple (l’exemple éternel qu’est à ce sujet Super Mario) à, dans le meilleur des cas, un plaisir coupable tout juste « passable » (les Tomb Raider avec Angelina Jolie, ou le plus récent Assassin’s Creed), la liste est constellée de nanars plus ou moins sympathiques (Street Fighter avec JCVD, Mortal Kombat avec l’inénarrable Christophe Lambert, ou encore l’étrange Rampage avec Dwayne Johnson).
À l’annonce d’un film basé sur la licence Pokémon, on s’est donc très vite imaginé quelque chose plutôt de nature à rentrer dans la seconde catégorie…
Pourtant, au fur et à mesure de la production du film (l’annonce de Ryan Reynolds au casting, des trailers encourageants…), une curiosité bienveillante s’est doucement installée. Et le film s’est finalement retrouvé très attendu. La salle était d’ailleurs quasi-pleine lors de la projection à laquelle nous avons assisté.
Hi-fidelity
Et il faut dire que le pari est plutôt gagné. Si Détective Pikachu n’est pas exactement un vrai grand film, c’est en tous cas un très bon film Pokémon.
L’histoire est très (trop ?) classique – nous n’en dévoilerons pas trop, pour laisser le plaisir de la découverte à chacun. Tim a une vie des plus normales, un peu trop normale, même, presque triste. Mais celle-ci va être bouleversée le jour où la police de Rhyme City l’informera de la mort de son père, un superflic, qu’il n’a presque pas connu. Se rendant à l’appartement de son père pour récupérer ses affaires, Tim va tomber sur Pikachu ! Mais plus surprenant encore, il s’apercevra qu’il peut l’entendre parler, là où n’importe qui d’autre n’entend que des « pika-pika » ! Evidemment, tous les deux partiront en quête de la vérité pour résoudre le mystère qui entoure la mort du père de Tim.
Le monde décrit dans Détective Pikachu s’inscrit bien dans la continuité de ce qu’on peut voir dans les jeux et dans la série animée. Plusieurs références sont d’ailleurs faites à l’univers des jeux, comme des affiches de tournoi de Pokémon se déroulant à Johto, ou un clin d’œil au dessin animé qu’on vous laisse découvrir… Le film a été écrit avec un vrai respect de la licence. Même le flappissement iconique de Magikarpe est de la partie ! Cependant, une astuce scénaristique permettra de nous présenter des situations complètement nouvelles, et de mettre en scène un maximum de Pokémon.
La vie, la vraie
Parce que c’est bien ce qui compte : nous montrer des Pokémon « dans la vie réelle ». C’est là que réside tout l’intérêt de Détective Pikachu, et c’est là aussi que se trouve sa plus grande réussite. En effet, les petits (et les gros) monstres sont à la fois crédibles, et c’est déjà un tour de force, mais aussi extrêmement fidèles à la licence. Ceci, grâce aux effets spéciaux, qui sont vraiment très réussis. On peut par exemple saluer les textures des poils, des plumes et des écailles des Pikachu, Psykokwak et autres Dracaufeu qui s’intègrent parfaitement à l’univers en prises de vue réelles. Mais aussi grâce au scénario, dont on pourra un peu trop rapidement critiquer le manque d’originalité. Certes, c’est un film d’aventures familial au déroulement on ne peut plus classique. Mais raconter une histoire de Pokémon crédible dans le monde réel (ou presque) relève d’un sacré savoir-faire…
Malheureusement, quand les Pokémon crèvent l’écran, c’est au détriment du casting. Justice Smith (aucun lien de parenté avec Will), qu’on avait beaucoup aimée sur Netflix dans l‘excellente série The Get Down, fait le job, mais de manière un peu transparente. Bill Nighy est totalement sous-employé, et ce n’est qu’en jetant un œil aux crédits qu’on a pu s’apercevoir de la présence de Rita Ora (maintenant que vous savez qu’elle aparait dans le film, vous pourrez jouer à essayer de la trouver !).
Heureusement, Ryan Reynolds est jusqu’au bout (!) un Pikachu aussi étonnant qu’excellent, nous gratifiant de quelques blagues d’anthologies (notamment un « sens mon doigt ! » des familles…) sans pour autant ne jamais sortir de la classification familiale du film.
Détective Pikachu s’adresse vraiment à tous les publics, ce qui, en tant qu’objet cinématographique le rend un peu tiède. Mais du point de vue de l’adaptation au cinéma de Pokémon, la mission est largement accomplie !