Alors qu’on fête cette année ses cinquante ans d’existence (!), Albator, Pirate de l’espace, n’est jamais vraiment sorti des radars (ce qui est d’ailleurs plutôt étonnant pour un pirate…). Entre les mangas dont il est le héros, les séries animées qui en sont tirées, les autres séries appartenant au lore du Captain Harlock (son nom en V.O.) dans lesquels il joue les figurants, comme Galaxy Express 999 ou Queen Emeraldas, ou encore le cinéma (Albator, de Shinji Aramaki en 2013), les œuvres racontant les aventure d’Albator sont nombreuses. Jamais pourtant Leiji Matsumoto, créateur du pirate, n’avait confié son personnage à un étranger. Lourde responsabilité, donc, pour Jérôme Alquié.
Il revient, pour tous les (grands) enfants de la Terre
Ce volume 1 de la future trilogie s’ouvre sur un rappel des fondamentaux. Les humains se sont mis en danger eux-mêmes par leur propre folie (coucou la banquise !), ce qui a poussé Albator à prendre le large pour résister avec son équipage. En parallèle, les Sylvidre, une civilisation très ancienne, souhaitent reprendre la Terre qu’ils ont jadis occupée, menaçant ainsi d’éradiquer l’espèce humaine. On retrouve cette dichotomie qui traverse toutes les aventures d’Albator, jusqu’au film de 2013 : sauver les humains, c’est presque une évidence, mais en même temps, en valent-ils vraiment la peine ? Si ce n’était pour Mayu (Stellie en v.f.), la fille de son compagnon disparu, Toshiro (Alfred), pas certain que la balance pencherait du côté des terriens… Cette remise en contexte de la saga ouvre le volume avec des pages superbes, des personnages de très grande taille, tout en couleurs. C’est l’Albator de Leiji Matsumoto, mais plus encore, c’est l’Albator de notre jeunesse (pour reprendre le titre d’un des OAV…), celui des séries animées.
Génération Club Dorothée
Car Jérôme Alquié est né en 1975. Nul doute qu’il a ainsi été élevé aux Goldorak (première diffusion en France en 1978), Albator (diffusé en France dès 1980), ou autre Astro le Petit Robot (1986 en France). Il a d’ailleurs commencé sa carrière en illustrant des produits (art books, DVD…) consacrés à ces séries, et fut, dans sa jeunesse, l’auteur d’un trailer fanmade des Chevaliers du Zodiaque qui fut à l’époque salué par Shingo Araki en personne !
C’est ce qui explique entre autres que cet album soit au format BD plutôt que manga. Outre le fait que Jérôme déclare être moins à l’aise avec le noir et blanc, son Albator est au moins autant celui de la série animée que celui du manga. D’ailleurs, si tout l’équipage a retrouvé son nom original japonais (Kei Yuki, Yattaran, Tadashi Daiba…), le Captain Harlock se présente lui en tant qu’Albator ! L’album possède donc un format proche du A4, et une soixantaine de pages tout en couleurs.
Ce format va permettre une mise en scène audacieuse, bien loin de la page partagée en neuf ou douze cases rectangulaires. Des scènes très importantes, aux couleurs chatoyantes, s’affichent, permettant de réaliser des portraits à la hauteur du charisme du héros, ou des vues des véhicules mettant particulièrement leur design en valeur.
Le mélange des genres BD/manga, très réussi donc, va concerner autant le format que l’histoire. Ainsi, une fois n’est pas coutume, Albator va vivre une grande aventure prenant place essentiellement sur Terre, voyageant de la jungle d’Amérique Centrale aux déserts glacés de l’Arctique… La comparaison avec Tintin serait outrancière, mais il s’en serait fallu de peu…
Cependant, le respect du matériau original est infini. L’auteur réussit à parfaitement rendre le style si reconnaissable du Maître Leiji Matsumoto, jusque dans les silhouettes dans les coins des cases… La connaissance de l’œuvre est évidente, ainsi que l’amour de Jérôme Alquié pour la licence. Il cabotine un peu à placer certains éléments probablement chers à ses souvenirs : le fameux abordage façon Arcadia, avec ses tunnels de métal aux allures de serpents, qui venaient percer le vaisseau attaqué pour permettre à Albator et ses compagnons d’y pénétrer, ou encore le Volet 2, véhicule très connu des collectionneurs de jouets 70/80, mais dont, finalement, on ignore s’il est jamais vraiment apparu dans le manga ou la série animée…!
Et parmi les clins d’œil, on ne peut pas ne pas parler du scientifique Reiji (rappelons qu’en japonais, le « r » se prononce peu ou prou « l »…), qui prend les traits de … Devinez !
Trois nouveaux personnages complètement inédits font leur apparition dans cette aventure. On n’en dira pas trop pour ne pas spoiler, et nous nous en tiendrons à applaudir le design très réussi de chacun des trois (l’un est peut-être un peu plus « transparent » que les deux autres, mais cela correspond aussi à son rôle… Mais chuuuut !). On a hâte de voir comment ils vont évoluer dans les prochains tomes !
CAPITAINE ALBATORMEMOIRES DE L'ARCADIAJ-3 : SYFY nous passe la BANDE ANNONCE !!Bonjour à toutes et à tousPlus que trois petits jours jusqu'à la sortie de l'album ^^ !!!!Et pour marquer le coup, une petite annonce sympa !Une collaboration avec la chaîne SYFY a été mise en place pour la sortie de l'album et la bande annonce de "Mémoires de l'Arcadia" tournera sur la chaîne du 28 juin jusqu'au 7 juillet à raison de deux ou trois passages par jour.Horaires pour la première journée :vendredi 16h45 , 21h15 et 21h49.Trop cool !!!Et dire que je ne la reçois même pas… BOUH !Et pour l'occasion, ce sera la version courte du trailer qui sera diffusée, celle de 20secondes que je partage avec vous !Et bien entendu toujours Richard Darbois à la voix off ! Plus péchue encore que sur la version longue !Bon visionnage ^^ ! et vous me direz si vous l'avez vue vendredi ^_-.
Publiée par Jerome Alquie sur Mardi 25 juin 2019
Après le Batman d’Enrico Marini (qui faisait lui aussi passer le personnage du format comic book au format BD franco-belge), et avant l’Astroboy de Jean David Morvan (prévu pour le 14 novembre), c’est Albator qui passe donc entre les mains d’un auteur français. Les premières images qu’on avait pu apercevoir, et la bénédiction de Leiji Matsumoto lui-même écartaient un peu l’idée d’un ratage.
On peut parler de franche réussite. L’œuvre originale est à la fois respectée et digérée, pour nous proposer une aventure très BD, moins manga, avec une une mise en scène propre à ce format, dotée d’une mise en couleur superbe. C’est un vrai plaisir que de retrouver Albator, l’Arcadia et les séduisantes mais mortelles Sylvidres, mis en valeur comme rarement.
Ce premier tome de la future trilogie consacrée au Capitaine Albator est proposé en deux éditions : une édition classique, et une édition limitée à 3000 exemplaires, comprenant une couverture alternative et un cahier supplémentaire de dix pages comprenant des illustrations et croquis préparatoire.
Capitaine Albator, Mémoires de l’Arcadia, Tome 1, de Jérôme Alquié
56 pages – 11,99€ (classique) ; 64 pages – 14,99€ (collector)
Edité par Kana, disponible depuis le 28 juin 2019. Site Officiel.