SEGA, Capcom, Konami… il semblerait que ces studios ne cherchent plus à augmenter leurs rangs. C’est le rapport financier de Silicon Studio, une agence de recrutement spécialisée dans le milieu du jeu vidéo qui fait ce constat. Les revenus de l’entreprise ont baissé de 40% par rapport à l’année dernière.
Dans ce rapport, les analystes de Silicon Studio affirment que la baisse de revenus de l’entreprise sont dus aux studios japonais qui recrutent beaucoup moins que l’année précédente.
Cette baisse des recrutements, c’est en réalité le revers d’une autre réalité en Occident : les licenciements de masse. Ils ne sont pas possible au Japon, car la législation sur leur équivalent du CDI, « l’emploi à vie », est bien plus stricte. Les licenciements ne peuvent être un moyen d’artificiellement gonfler des bénéfices. Les entreprises doivent être en risque de faillite pour pouvoir remercier leurs employés.
Afin de pouvoir rester compétitifs, les studios japonais ont recours à une autre solution : les employés sous contrats. C’est à ce moment que des entreprises comme Silicon Studio entrent en jeu. Elles recrutent des profils qui correspondent aux contrats proposés par les studios.
C’est là que le bât blesse : les droits octroyés à ces employés sous contrats sont bien différents des employés à vie, ce sont souvent les premiers à souffrir des demandes faites par les actionnaires. Plutôt que d’être licenciés, les développeurs ne sont simplement pas reconduits.
On retrouve, au plus bas de la chaine, le recrutement par les contrats haken. Avec ces contrats, les développeurs n’interviennent dans le studio sur une période très courte, pour un objectif précis. Colin Williamson, un développeur qui travaille dans l’industrie japonaise depuis plus de quinze ans, décrit leur place de cette manière :
« Les hakens sont appelés pour des travaux de bas graphismes, des trucs difficiles. […] Ce sont des membres de l’équipe à titre honorifique, au coeur du combat, comme tout le monde. Mais finalement, leur temps de présence est court. Ce n’est pas stable. »
L’industrie japonaise est souvent présentée comme un contrepoint aux studios occidentaux, qui licencient à tours de bras actuellement. À souhait, on leur oppose souvent le geste de Satoru Iwata, qui avait réduit son salaire lors des échecs de Nintendo dans les années 2010. Ce n’est pas si simple : ces gestes sont souvent plus le résultat des obligations légales du studio.
Par exemple, on oublie souvent de mentionner le sort des employés des branches occidentales de Nintendo à cette époque. Si les employés à vie des studios japonais sont en sécurité des licenciements de masse, l’industrie du jeu vidéo est une industrie globale, et sont souvent tributaires des distributeurs occidentaux.
Le ralentissement du recrutement par contrat au Japon n’est qu’une autre expression de la situation difficile de l’industrie, qui met, peu importe l’endroit, les acteurs les plus vulnérables de l’industrie en péril. Cela pose également la question du développement des jeunes talents : les recrutements à vie sont de plus en plus rares, il est difficile, dans ces conditions, de former efficacement ceux qui devraient être les grands noms de demain dans ces conditions.
La crise du secteur, qu’elle s’exprime par un ralentissement du recrutement ou l’accélération des licenciements, touche durement les personnes derrière nos jeux favoris, et nous ne pouvons que nous inquiéter des conséquences, sur le plan créatif et, surtout, sur le plan humain.
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