Les orientations différentes prises par PlayStation et Xbox lors de l’arrivée des machines de dernière génération, ainsi que l’échappée solo de la Switch, avaient pu nous faire écrire que la guerre des consoles telle qu’on l’a connue depuis les années 90 et le match Nintendo vs SEGA était terminée. C’était sans compter le succès du Game Pass et le démarrage plus qu’honorable des Xbox Series, d’autant plus visibles quand en face, si les PlayStation 5 se vendent pourtant comme des petits pains, le catalogue et l’enthousiasme des fans restent assez limités.
Une situation qui complique la vie de Sony, qui avait pris l’habitude de faire la course seul en tête lors de la génération précédente. Certes, il se vend toujours plus de PlayStation que de Xbox. Mais tout le monde en convient, le succès de Sony aujourd’hui n’est dû qu’à celui de la PlayStation 4, et rares sont les annonces de Jim Ryan qui ne provoquent pas la déception ou les critiques des joueurs. Encore dernièrement, le nouveau PS +, qui se veut comme une réponse au Game Pass, n’a pas immédiatement convaincu, avec un catalogue rétro plus que décevant et des décisions tarifaires vivement critiquées.
C’est dans ce contexte que se déroule la guerre autour de Call of Duty. En janvier 2022, on apprend avec surprise le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour presque 69 milliards de dollars. Parmi toutes les licences qui entrent alors dans le giron d’Xbox (Warcraft ou, ironiquement, Crash Bandicoot…), l’une d’entre elles inquiète : Call of Duty.
Le FPS qui aura vingt ans l’an prochain s’est écoulé à plus de quatre cent millions d’exemplaires, dont une grande part sur PlayStation ! Si on n’a pas les décomptes précis machine par machine, on sait qu’en Europe, notamment, les marques CoD et PS sont assez liées dans le cœur des joueurs.
Ainsi, avec Microsoft qui fait main basse sur le titre, des sourcils interrogateurs se lèvent. Chez les régulateurs, d’abord, qui craignent une situation de monopole (voir notre article). Mais chez Sony aussi, qui ne verraient pas d’un bon œil le fait que l’une des plus grosses licences de jeux vidéo de l’histoire quitte son catalogue. Pourtant, la marque CoD est en déclin, le dernier épisode a déçu en tous points de vue, et Sony s’est offert Bungie, spécialiste du jeu de tir (Destiny), qui pourrait être tout à fait capable de développer un gros FPS exclusif à PlayStation. Sans même parler de Guerilla, autre acquisition récente du constructeur japonais, et créateur de la licence FPS Killzone, très apréciée des joueurs PlayStation.
Alors quand Jim Ryan répond par presse interposée aux régulateurs, déclarant que les promesses de Phil Spencer ne sont pas satisfaisantes, cherche-t-il vraiment à se garantir quelques années de Call of Duty supplémentaires, ou n’est-ce qu’une manœuvre visant à conforter les administrations dans leurs doutes, pour gêner la concurrence, pour freiner, voire empêcher, l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft ?
La stratégie de ce dernier est en effet tournée vers l’avenir, avec une capacité à « sentir » le moment. Le Game Pass n’a-t-il pas réussi exactement ce que Google a royalement planté à peine quelques mois auparavant ? Sony, lui, semble se reposer sur ses acquis et se montre plus conservateur. Ce qui pourrait d’ailleurs continuer à fonctionner : de belles licences exclusives, de grandes aventures solo AAA voire AAAA, des jeux profonds, comme TLOU ou les productions de Fumito Ueda, c’est ce qui a fait le succès et la réputation du constructeur, et c’est aussi ce que les joueurs attendent de Sony. Et pas des chicaneries avec le voisin.
Ce n’est pas en empêchant Microsoft de faire plus, ou mieux, que le catalogue de la PS5 s’étoffera, même si Call of Duty continue de sortir sur la machine. On ne serait pas à notre place en l’écrivant, mais on aurait bien envie de dire à Jim Ryan de se sortir les doigts…
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