L’annonce de la collaboration entre Call of Duty: Black Ops 6 et les célèbres Tortues Ninja a fait grand bruit jeudi dernier. Après l’intégration de leur ennemi juré Shredder dans Modern Warfare 2 en 2023, c’est désormais au tour des quatre frangins, Leonardo, Raphael, Donatello et Michelangelo de rejoindre le champ de bataille sous forme d’opérateurs jouables. Leurs armes emblématiques (katanas, sai, bœ et nunchakus) devraient également être disponibles en jeu, formant un crossover qui semble cocher toutes les cases du fun.
Mais au-delà de l’excitation initiale, une question se pose : Call of Duty ne cherche-t-il pas à beaucoup trop marcher sur les plates-bandes de Fortnite, au point de friser le ridicule ?
Entre réalisme et grand n’importe quoi
Call of Duty a toujours oscillé entre réalisme et extravagance ; les célèbres modes Zombies existent depuis longtemps, et la série a déjà flirté avec des concepts absurdes (on se souvient du jetpack de Black Ops 3). Mais ces dernières années, les collaborations ont explosé : Nicki Minaj, Snoop Dogg, Spawn, Godzilla, Squid Game… et maintenant les Tortues Ninja.
Si ces ajouts diversifient l’offre et attirent un public plus large, ils interrogent sur l’identité de la franchise. Call of Duty a bâti son succès sur une expérience militaire immersive, malgré ses exagérations. Or, en multipliant les partenariats pop culture, le jeu brouille son ton et s’éloigne de ses racines. Contrairement à Fortnite, qui assume pleinement son patchwork culturel cartoonesque, Call of Duty a toujours tenté de conserver un semblant de sérieux, en témoigne les campagnes géopolitiques et ancrées dans le réel de la dernière trilogie Modern Warfare. Cette tendance à l’hybridation a donc un risque clair : diluer jusqu’ici ce qui faisait la singularité de la franchise.
Un pari gagnant pour Activision ?
D’un point de vue commercial, cette stratégie semble fonctionner ; chaque crossover génère des ventes de skins, alimente les discussions sur les divers réseaux sociaux et attire de nouveaux joueurs curieux de voir jusqu’où Call of Duty peut aller en terme de collaboration. Et il faut bien l’avouer, voir les frères reptiles affronter Ghost et Price dans Warzone a de quoi faire sourire.
Mais cette quête du fun permanent ne risque-t-elle pas au final d’éloigner une partie des joueurs historiques, attachés à une vision plus sérieuse et terre à terre de la franchise ? Alors que Black Ops 6 cherche à revenir à des mécaniques plus traditionnelles après un MW3 jugé bâclé et décevant, ce nouvel élan vers les collaborations peut être perçu comme un aveu de faiblesse et une énième tentative de capter un public plus large au détriment de l’essence même de l’univers des jeux.
Une licence en progressive perte d’identité
Cette course effrénée pour ressembler à Fortnite est un pari risqué : en multipliant les skins flashy et les collaborations tape-à-l’œil – qui ne ciblent peut-être même pas son public habituel – Call of Duty s’éloigne de ce qui faisait sa force : une expérience militaire immersive et nerveuse, certes spectaculaire et « blockbusteresque », mais cohérente. En cherchant à imiter son concurrent, la licence risque donc d’aliéner de façon peut-être irrévocable une partie non négligeable de sa fanbase, attachée à ses campagnes scénarisées et son multijoueur intense.
L’industrie vidéoludique, et plus particulièrement les AAA, semble sombrer dans une homogénéisation totale, où chaque titre copie son voisin sans chercher à innover ou à rester fidèle à son univers établi. Identité et cohérence sont sacrifiées sur l’autel du profit, et tant que cela est perçu comme « cool », pourquoi se remettre en question ? Après déjà l’improbable collaboration récente entre Destiny 2 et Star Wars, c’est désormais Activision qui persiste et signe avec sa licence phare dans ce marathon infernal pour savoir qui ressemblera le plus au monstre commercial d’Epic Games. À ce rythme, combien de temps avant que Call of Duty ne perde complètement son âme ?
Si cette tendance continue, où s’arrêtera-t-elle ? Après les super-héros, les rappeurs, les icônes du cinéma et des séries, quelles seront les prochaines étapes ? Verra-t-on bientôt Bob l’Éponge ou Peppa Pig arpenter le champ de bataille ? En tout cas, il serait temps que la franchise trace une ligne rouge et redéfinisse son identité clairement avant qu’il ne soit trop tard. En attendant, les joueurs trancheront par eux-mêmes. Les Tortues Ninja débarquent dans Call of Duty, et que l’on soit enthousiaste ou sceptique, une chose est sûre : le champ de bataille n’aura jamais été aussi coloré.
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