« Mais qu’est-ce qu’il a de plus que moi ? », pourrait s’écrier Stadia, si c’était une personne. Et s’il était encore en vie. Car le service Amazon Luna partage de nombreux point communs avec la regrettée (non) offre cloud gaming de Google. Sauf que Luna est encore debout, et commence à se développer à travers le monde. Amazon réussirait-il là où Google s’est planté ? Et pourquoi ? Comment ?
Amazon Luna, c’est un service de cloud gaming par abonnement, c’est-à-dire qu’il propose un catalogue de jeux accessibles à la demande en streaming, sans téléchargement, contre le paiement d’un abonnement mensuel. Une offre que les abonnés au Game Pass de Microsoft connaissent bien, puisque aujourd’hui, la grande majorité des jeux figurant au catalogue du Game Pass sont jouables dans le cloud – c’est de cette façon que Microsoft peut proposer les même jeux sur ses consoles Series X et sur de petits téléphones Android. Cependant, chez Xbox, le cloud gaming n’est que l’une des façons d’accéder aux jeux du catalogue. Télécharger les jeux sur consoles et/ou PC est aussi possible (ce qui permet par exemple de ne pas dépendre des aléas d’une connexion instable ; c’est aussi plus écolo si c’est un jeu auquel on revient plus de deux ou trois fois).
Dans le cas d’Amazon Luna, l’offre est uniquement en streaming, dans le cloud. On ne peut pas télécharger les jeux, ni les acheter pour continuer à y jouer quand ils quittent le catalogue. C’est exactement le modèle Netflix, adapté au jeu vidéo. Et cette clarté de l’offre est peut-être aussi ce qui a fait la différence, et ce qui permet à Luna d’être encore debout quand Stadia a quant à lui déposé les pads. Bien sûr, Amazon a les moyens de garder son service actif, quitte à perdre de l’argent, et même beaucoup d’argent. Mais Google n’était pas exactement limité dans ses moyens non plus… Amazon possède par contre les infrastructures qui rendent le cloud possible. C’est même l’un des leaders mondiaux, avec AWS (Amazon Web Service), du domaine. C’est peut-être aussi dans la culture de chaque entreprise que de donner, ou pas, du temps à un projet de mûrir. Google n’est pas du genre patient, comme l’a montré l’arrêt rapide de Google Wave (2009-2010).
On reste par contre dubitatif sur la capacité d’Amazon Luna, avec un catalogue de seconde division, à vraiment pénétrer le marché. Quelques jeux récents (Arcade Paradise, Lost Judgment, Martha is Dead…) se perdent au milieu de jeux vus un peu partout, y compris sur les services jeux vidéo des box TV (Team Sonic Racing, Worms, Overcooked…) et de titres rétro (Metal Slug, Final Fight, Earthworm Jim…), le tout pour un prix sensiblement équivalent au Game Pass de Microsoft. Amazon manque encore de quelques arguments pour devenir un acteur sérieux.
Cependant, la firme de Jeff Bezos prend son temps – elle peut se le permettre – et ne se déploie aujourd’hui que dans deux pays européens : l’Allemagne et le Royaume-Uni, en plus du Canada. Ce ne sont que quatre nations à travers le monde, avec les États-Unis, qui ont aujourd’hui accès au service. Un énorme et très coûteux bêta test, finalement, après avoir enterré Stadia (ou tout du moins laissé le service s’enterrer tout seul), et avant de venir concurrencer pour de bon Microsoft ?
Amazon lance lui aussi son service de cloud gaming, Luna
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