Pauvre xénomorphe. S’il a connu son heure de gloire et de terreur dans les premiers films de la saga Alien, les récentes productions cinématographiques lui ont fait beaucoup de mal. Ridiculisée, dépouillée de son aura mystérieuse en étant dévoilée en plein jour, la légendaire créature mi-organique, mi-mécanique, est passée de Némésis de film d’horreur à vulgaire péripétie de film d’action. Pourtant, on était satisfaits de ressentir de nouveau de la tension, du stress, et même une légitime petite peur, dans l’excellent Alien: Isolation de Creative Assembly. Hélas, le prochain film siglé Alien va entrer en production dès le 9 mars à Budapest, et le média Hollywood Reporter a déniché des informations consternantes sur le scénario du film.
Étant donné qu’il est réalisé par Fede Alvarez (que l’on retrouve notamment derrière le remake d’Evil Dead), et co-écrit avec Rodo Sayagues, on pourrait s’attendre certainement à une mise en scène peu délicate de l’horreur, souvent confondue avec une avalanche d’effets gores et sanglants par trop de réalisateurs. Au-delà de l’art de monter subtilement la tension autour d’une menace mystérieuse et prédatrice, le scénario importe autant, sinon plus, que la mise en scène.
Les films Prometheus et Alien: Covenant l’ont bien démontré à leur manière (en échouant lamentablement à le faire) : Alien, c’est avant tout un univers, un lore, avec des questions mises en avant et des réponses à apporter. Or, avec les nouvelles informations que l’on a, terminé les mécaniciens de l’espace débrouillards, fini les soldats professionnels, au revoir les scientifiques émerveillés. Désormais, notre brave Alien va affronter… un groupe de jeunes adultes et adolescents piégés sur une colonie esseulée. Difficile de s’attendre à une exploration du lore dans ce qui commence à ressembler à un mauvais nanar. D’autant que l’ombre terrifiante de Ridley Scott plane au-dessus du projet avec sa société de production Scott Free. Difficile d’être optimiste quand tant de mauvais augures s’accumulent.
Non pas que le genre Young Adult ne soit pas intéressant en soi. Que l’on songe à Hunger Games ou aux Âmes Vagabondes, il est toujours possible d’écrire de belles histoires, centrées sur de jeunes protagonistes, dans des mondes originaux avec un lore intéressant derrière. Mais, le fait est que bien souvent, le Young Adult frôle la fanfiction avec des héros qui cochent les cases de nombreux stéréotypes pour les rendre aussi badass et cool que possible.
On a de la sympathie pour les mécaniciens du premier film parce qu’ils ont peu de moyens pour se défendre face au xénomorphe et font tout ce qu’ils peuvent pour s’en débarrasser. Les militaires du second film sont quant à eux rapidement dépassés en dépit de leurs armes et de leur entraînement, et c’est d’autant plus facile de se projeter dans des protagonistes faibles qui essaient de s’en sortir malgré la puissance de la menace, car leur victoire semble belle et méritée, qu’en des personnages présentés comme forts d’emblée. Et que dire du Young Adult horrifique aux codes éculés et clichés redondants. Le xénomorphe mérite mieux, et on a de la peine pour lui.
Qui sait, peut-être que le prochain Alien sera une agréable surprise. Peut-être que la menace nous fera de nouveau peur. Peut-être même que l’on aura droit à du lore qui, cette fois, ne se contredira pas dans la scène suivante. Beaucoup de « peut-être », et on y croit peu.
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