Annoncé lors de la dernière cérémonie des Game Awards, After Us nous avait bien tapé dans l’œil avec son esthétique singulière et son approche de l’aventure tranchant (si l’on peut dire) avec l’omniprésence des jeux d’action et/ou d’horreur. Alors, quand l’occasion nous a été offerte de découvrir les premiers instants de l’aventure, grosso modo la première heure et demi, il n’a pas fallu nous faire prier bien longtemps. D’autant qu’en ces périodes troublées, un jeu d’apparence « feel-good » semble bien à propos.
D’apparence, car le thème ne l’est pas vraiment. On se retrouve à incarner une jeune fille au sein d’un monde post-apocalyptique dans lequel les traces du règne humain, véhicules ou bâtiments par exemple, nous suggèrent l’exode de notre civilisation. Et au vu de l’ambiance, morose et terne à souhait, il y a fort à parier que cet exode fut un échec. Nous voilà donc seuls sur cette terre en décomposition, entouré d’animaux dont on apprend très vite qu’ils ne sont que des esprits errants en quête d’une arche pouvant leur apporter leur subsistance.
Notre jeune héroïne, Gaïa, s’avère être la représentation physique de Mère-Nature, laquelle nous missionne et guide afin de retrouver et sauver les différentes espèces animales peuplant le monde. En quelques minutes donc, le décor est planté et nous nous retrouvons, un peu comme l’avait proposé Journey, à explorer et virevolter dans des environnements sans réels dangers ou presque en dehors de l’environnement toxique délimitant notre aire de jeu. Si l’on pourra regretter que l’aspect technique ne soit pas vraiment au rendez-vous, les textures baveuses et répétées ad nauseum étant légion, nous saluons néanmoins la direction artistique globale, particulièrement surprenante et réussie par instants.
Clairement, After Us est un jeu à ambiance. Oui, le monde qui nous entoure est morne et les teintes grises, marron et noires ne sont pas vraiment engageantes, mais c’est aussi grâce à ce parti pris qu’apparaît de manière encore plus éclatant le contraste qu’apporte notre héroïne et son impact sur le monde. Telle la déesse du soleil Amaterasu dans Okami, l’avatar de Gaïa est doté de la capacité à faire pousser de la végétation à chacun de nos pas, et même un peu plus en nous concentrant. Ainsi, en plus de nous offrir un joli feu d’artifice coloré, cette capacité saura se montrer utile afin de purifier certains espaces pollués et dénicher quelques secrets.
En effet, à la manière de Journey (encore une fois) dont le titre s’inspire énormément, il est tout à fait possible de filer droit devant soi, vers la fin du niveau, mais en sortant légèrement des sentiers battus, il est possible de découvrir, un peu à la manière des morceaux d’écharpe du titre de Thatgamecompany, des esprits d’animaux (symbolisés par des constellations) et des collectibles nous en apprenant plus sur le monde d’avant. Ainsi, nous sommes souvent confrontés à des phases de plateforme afin d’atteindre ces éléments à collecter. Pour les repérer, Gaïa peut invoquer grâce à son chant des papillons de lumière (sous les projecteurs) qui nous indiquent la direction à suivre. Hélas, si on a été charmé par Gaïa, et par l’atmosphère qui se dégage d’After Us, manette en main, on déchante assez rapidement. L’ensemble manque grandement de précision, surtout sur les phases de plateforme qui demandent parfois de coupler plusieurs capacités de déplacement.
Bien que l’on ne puisse pas vraiment mourir, chaque instant éventuellement fatal ne nous ramenant que quelques secondes en arrière, il reste assez frustrant de manquer un saut uniquement parce que la perspective proposée ne permet pas de bien lire notre trajectoire. De la même manière, nous avons parfois réussi à atteindre des endroits où se trouvaient des bonus à collecter, sans vraiment être certain d’avoir agi comme les développeurs l’avaient prévu. Sans être quelque chose de catastrophique, ou même pénalisant, cela dénote néanmoins d’un éventuel souci de level design que l’on espère circonscrit au début de l’aventure.
Dans un titre aussi meta, mettant en parallèle un jeu aux accents fantastiques et ésotériques et un futur funeste possible de notre propre civilisation, il est compliqué de spéculer sur l’impact qu’aura ou non After Us, et surtout sur son réel intérêt, qu’il soit ludique ou non. En effet, c’est dans sa globalité que l’on pourra réellement constater si les thèmes qu’il aborde le seront avec justesse ou non. Ce qui est certain cependant, c’est qu’After Us dégage au bout de quelques minutes une aura certaine qui n’est pas pour nous déplaire.
Reste que sa partie « jeu » devra encore selon nous faire ses preuves. En l’état, sans être totalement repoussante, il faut bien admettre que la construction des niveaux reste très convenue et peu inspirée, à l’image d’un gameplay que les développeurs tentent bien de mettre en valeur via des phases de plateforme, mais qui s’avèrent pour le moment trop imprécises. Malgré tout, nous restons extrêmement curieux de savoir ce qu’After Us a à nous proposer, et quelles surprises éventuelles nous ont concoctées les développeurs de Piccolo Studio. Rendez-vous est donc pris pour le 23 mai prochain sur PS5, Xbox Series ou PC.
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