C’est par l’intermédiaire d’un brevet rendu public la semaine dernière que le site Eurogamer nous révèle l’intention d’Activision d’utiliser du contenu hors-jeu pour nous vendre toujours plus de produits vidéoludiques.
En premier lieu, il s’agit simplement de suivre le contenu regardé par l’utilisateur afin de faire des recommandations personnalisées de jeux vidéo. Si cette méthode, similaire à la navigation sur les réseaux sociaux, est déjà bien connue et contestable, Activision n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin et compte bien transformer une activité spectatorielle passive en expérience plus interactive.
Plus que de simples recommandations qui interviennent suite aux traces laissées par une navigation, cette « méthode de modification dynamique du contenu » serait à terme capable d’altérer l’expérience de jeu en cours de partie. En effet, même si Activision admet volontiers qu’il n’existe pas encore de système ou de méthode permettant d’intégrer, d’effectuer ou de modifier le jeu vidéo en même temps qu’un flux vidéo séparé, la firme estime qu’il est nécessaire de développer cette technologie.
De cette manière, Activision espère pouvoir modifier le contenu du jeu en cours de visionnage, voire même plus, en générant un nouveau jeu à partir des goûts de l’utilisateur. Pour cela, le flux vidéo est analysé et l’algorithme propose des jeux à l’utilisateur. Ce dernier peut accepter ou décliner ces expériences pendant qu’il regarde son programme (il s’agit là de l’aspect plus interactif du visionnage) et la machine s’adapte en proposant de nouvelles expériences. Il serait alors possible pour l’utilisateur d’ouvrir une seconde interface en même temps qui contiendra le jeu.
Il s’agit là d’une proposition toujours plus inquiétante en ce qui concerne l’usage qui est fait des données des utilisateurs. Un appel de plus à la consommation de produits finement sélectionnés par une machine qui a pour seul objectif de trouver ce que le joueur est susceptible d’acheter.
Si ce nouveau brevet n’introduit à ce jour encore aucune nouvelle pratique dans le média, il peut être intéressant de garder l’évolution de ces technologies à l’œil. Rappelons-le, un jeu vidéo est, comme un film ou un livre, une expérience unique qui se vit pour elle-même et qui communique avec sa propre grammaire. Inclure un flux vidéo et permettre une modification en temps réel de l’expérience de jeu représente une altération significative de cette dernière. Ce brevet introduit de nouvelles inquiétudes qui peuvent fortement rappeler celles liées à la présence de plus en plus intrusive des IA dans le milieu culturel.
Jouer à un jeu vidéo, c’est aussi participer à une expérience conçue par un auteur qui ne partage pas nécessairement nos goûts et nos affects. Ce nouveau flux modifie cette expérience en fonction de ce que nous regardons et son introduction revient à renier la proposition qui nous est offerte. De plus en plus, ce brevet en est une autre preuve, les choix et visions des auteurs sont ignorés au profit d’une envie personnelle transformée en besoin.
Tout cela sans oublier que le jeu vidéo n’est pas le seul média concerné et de nombreuses autres questions peuvent être soulevées. Que cela signifie-t-il de regarder une série, un film ou un match en même temps qu’un algorithme qui nous propose d’autres expériences ? Le visionnage d’un programme ne se suffirait-il plus à lui-même et ne serait-il qu’un moyen de proposer une autre expérience qui serait, elle, la fin en soi ? Activision, en proposant cette expérience plus interactive, ne fait-il pas même de l’achat de nouveau contenu la fin en soi ?
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