Dans la famille de ceux qui ne manquent pas de culot, nous demandons le patriarche ! Près d’un an après le scandale autour des faits avérés de harcèlement sexuel au sein des équipes de l’éditeur de la franchise Call of Duty (dont nous ne ferons pas le résumé ici, mais on vous renvoie à notre article dédié), la direction pond, dans un message aux actionnaires, les propos suivants :
« Contrairement à de nombreuses allégations, le conseil d’administration et ses conseillers externes ont déterminé qu’il n’existe aucune preuve suggérant que les cadres supérieurs d’Activision Blizzard ont intentionnellement ignoré ou tenté de minimiser les cas de harcèlement sexuel qui se sont produits et ont été signalés. »
Vous l’aurez bien compris, toute la chronologie de l’affaire et les responsabilités avérées de nombre de cadres de l’entreprise dans la dissimulation de faits graves n’est qu’un complot médiatique orchestré par de vils individus aux motivations suspectes. Plus sérieusement, il est compréhensible qu’une entreprise de cette taille cherche à limiter la casse et à rassurer ses actionnaires.
Moral ? Nous n’en jugerons pas ici, mais normal : oui. Maintenant, assumer clairement de nier l’intégralité des responsabilités hiérarchiques (à commencer par les actes de Bobby Kotick) et ne réduire cela qu’à la faute à pas de chance… Car oui, le message continue :
« Bien qu’il existe quelques cas avérés de harcèlement sexuel, ces circonstances malheureuses ne permettent pas de conclure que les hauts dirigeants d’Activision ou le conseil d’administration étaient conscients du harcèlement sexuel et le toléraient, ou qu’il y a eu un problème systémique de harcèlement, de discrimination ou de représailles. »
Des « circonstances malheureuses » donc, qui auront mené à la démission de nombre de personnes impliquées, qui nieront d’ailleurs être parties à cause de ça. Et quand, dans un élan d’humilité, le message s’adressant aux actionnaires fait preuve d’un peu d’autocritique, c’est pour un couplet sur la difficulté de jongler entre différentes réalités pour implémenter des changements managériaux. Tout le monde sait que mettre des harceleurs devant la justice demande en effet beaucoup de doigter et de sens du leadership, une vraie expérience humaine en somme. Et si cela ne fonctionne pas, c’est évidemment dû à un « paysage médiatique constamment critique ».
Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas très empathiques à l’égard de la direction d’Activision Blizzard. Et pour cause, la négation des dizaines de rapports solides internes et externes ne pouvait pas donner autre chose qu’une défense aussi clichée. Si l’on est d’accord pour dire que chaque allégation portée mérite un peu plus d’investigation que le « tribunal Twitter », l’on est surtout d’accord pour dire qu’un système de harcèlement avéré mérite la remise en question qui s’impose et la condamnation la plus ferme.
La ville de New York attaque Activision en justice
n1co_m
Le deal à 69 milliards de Microsoft fragilisé par les accusations de harcèlement chez Activision
n1co_m
La polémique Activision/Blizzard vient perturber les Game Awards
n1co_m