Le projet jeu vidéo Wonder Woman, développé par Monolith Productions, ne verra finalement pas le jour. Ce qui aurait pu être une aventure flamboyante pour la princesse Amazone a été purement et simplement abandonné d’un revers de main, laissant une armée de fans orphelins d’une vision qui promettait de rendre justice à un personnage trop souvent sous-estimé de l’écurie DC.
Gail Simone, autrice emblématique, connue pour avoir signé le plus long arc de comics écrit par une femme sur la guerrière Amazone, et conseillère sur le jeu, a tenu à saluer cette production avortée et l’équipe qui l’a portée, partageant dans un thread sur X des déclarations aussi émouvantes que déchirantes.
Avant de laisser définitivement ce projet sombrer dans un inéluctable oubli, accordons-lui un dernier hommage sincère. Évoquons une dernière fois ce jeu, dédié à la mère de toutes les super-héroïnes, qui aurait pu être grand… vraiment grand
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L’équipe passionnée et le projet épique que Diana méritait
Gail Simone a donc révélé qu’elle avait été choisie pour être consultante sur le projet ; un choix parfaits, tant ses écrits pour la Princesse de Themyscira semblaient avoir compris mieux que quiconque la psyché de Diana, son univers mythologique singulier, et toutes les thématiques féministes inhérentes, souvent traitées de manière bien trop superficielle. Ce choix était idéal pour offrir au personnage un traitement digne de ce nom, permettant de le porter de la meilleure des façons sur nos consoles de salon dans un titre enfin à la hauteur de son univers culte, riche et foisonnant. Simone confie ainsi que cette collaboration fut pour elle une expérience inoubliable :
« On m’a demandé de conseiller à long terme sur le jeu, et j’étais ravie de le faire, c’était la parfaite combinaison de tout ce que j’adore. Wonder Woman, les jeux vidéo, et l’un de mes studios préférés : Monolith, qui a produit les jeux Mordor, auxquels j’étais complètement accro. »
Le studio Monolith, connu pour ses jeux basés sur l’univers du Seigneur des Anneaux, avait mis tout son savoir-faire au service d’une aventure unique. Selon l’autrice, chaque département de l’équipe (artistes, programmeurs, designers) était pleinement investi pour faire du jeu une épopée digne de la guerrière Amazone :
« Le titre était somptueux et immense. Il était magnifique à regarder. Je ne vais pas donner de détails pour plusieurs raisons, mais tout a été fait pour que ce ne soit pas seulement un excellent jeu, mais un excellent jeu WONDER WOMAN. Une épopée emblématique. »
Même si ces propos peuvent sembler prometteurs, ils doivent être nuancés ; en effet, il est tout de même bon de rappeler ici, dans cet éloge funéraire, que la gestion du projet semble avoir été pour le moins cataclysmique, comme en témoigne son annulation prématurée et le reboot complet qu’il a subi en interne début 2024. Toutefois, ils nous permettent d’imaginer ce qu’aurait pu être ce jeu, bien que la réalité ait sans doute été moins idyllique que le tableau dressé par Simone.
Une célébration de Wonder Woman qui promettait d’être enfin à la hauteur
L’un des enjeux majeurs de ce projet était de proposer une incarnation de Wonder Woman qui ne soit pas qu’un simple faire valoir dans l’univers DC. Trop souvent réduite à une figure secondaire dans les adaptations, elle qui pourtant fait partie de la Sainte Trinité DC aux côtés de Batman et Superman, elle aurait ici bénéficié d’un traitement épique à la hauteur de son importance dans la pop culture.
Monolith avait pour ambition de raconter une histoire qui ne serait pas seulement une aventure super-héroïque, mais une véritable épopée mythologique, une chose que même ses deux adaptations au cinéma n’étaient pas parvenues à faire. Le titre devait ainsi explorer les dimensions les plus riches du personnage : son courage, sa sagesse et sa puissance, tout en développant une narration profonde et immersive. Il s’agissait d’un jeu fait avec la plus grande des passion, dans l’optique d’apporter toutes ses lettres de noblesse à l’héroïne, ce que Simone a bien évidemment souligné dans son thread :
« Tous ceux qui ont travaillé dessus ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Programmeurs, artistes, designers, tout le monde. Je ne crois pas avoir déjà travaillé avec une équipe qui tenait autant à ce que le produit final soit aussi parfait. »
Un rêve avorté, une icône une fois de plus bafouée
Malheureusement, après une gestion interne chaotique, un reboot du développement début 2024 et un budget ayant atteint les 100 millions sans avancées concrètes, le projet n’a pas abouti. Le titre a été brutalement annulé, au profit entre autre d’un énième jeu Batman par Rocksteady, entraînant la fermeture tout aussi soudaine de son studio Monolith.
Gail Simone, loin d’accuser qui que ce soit, a tenu à rappeler que tous les intervenants ont fait de leur mieux pour donner vie à cette vision :
« Je sais qu’il y a beaucoup de reproches qui circulent, mais toutes les personnes avec qui j’ai travaillé, chez Monolith et Warner Bros., étaient enthousiastes et impliquées. Tout le monde voulait faire le meilleur jeu possible. Parfois, on donne tout et ça ne fonctionne pas. »
Une maigre consolation compte tenu de tout ce que ce titre promettait d’offrir. Elle conclut néanmoins ces tristes déclarations par un message optimiste et plein de reconnaissance pour les talents qui ont contribué à cette épopée tragique :
« C’était une équipe incroyable, et je ne peux qu’espérer qu’ils continueront à créer des jeux brillants. Quelqu’un va forcément les repérer et établir un nouveau standard dans l’industrie, j’en suis convaincue. »
Adieu Wonder Woman
Ce Wonder Woman de Monolith aurait pu être plus qu’un simple jeu : une déclaration, un étendard, un hommage éclatant à une héroïne trop souvent laissée dans l’ombre de ses homologues masculins. Depuis plus de 80 ans, Diana de Themyscira incarne la force, la sagesse et l’espoir, portant en elle une mythologie aussi riche que féminine et puissante, un héritage façonné par des générations d’autrices, auteurs et d’artistes.
Ce projet disparu emporte avec lui l’espoir de milliers de fans de voir enfin une œuvre, hors des cases de comics, à la hauteur de cette icône intemporelle. Un titre qui aurait permis de brandir l’épée et le lasso de la vérité, de sentir le poids d’un destin héroïque dans une épopée mythologique, et de marcher dans les pas d’une figure emblématique qui ne cesse d’inspirer depuis presque un siècle.
Aujourd’hui, il ne nous reste que des regrets et des hypothèses, des promesses évaporées et des ambitions avortées. Mais les grands héros ne meurent jamais vraiment. Wonder Woman renaît toujours, et peut-être, un jour, verra-t-elle enfin l’adaptation qu’elle mérite. Car une véritable héroïne ne renonce jamais. Elle attend son heure pour triompher.
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