Tout le catalogue Steam au creux de vos mains. Il s’agit de la promesse du Steam Deck, qui sonne comme l’arrivée du Père Noël en plein été. Sous ses airs de Game Gear gonflé aux stéroïdes, la console de Valve semble en avoir sous le capot. Inutile de s’éterniser sur ses caractéristiques techniques, sachez simplement que le constructeur assure que sa progéniture sera capable de faire tourner des jeux AAA de manière fluide sans aucun problème. Pour les acharnés de la tech, toutes les features et mensurations du Deck sont disponibles sur le site officiel de Valve.
Pour l’heure, retenons simplement que le Steam Deck sera disponible en trois modèles (avec quantité de stockage variable et la présence de SSD plus ou moins importants), que les réservations sont ouvertes à l’heure où vous lirez ces lignes, et que vous aurez ces VSD (Valve Steam Deck) à temps pour Noël. Dans une gamme de prix allant de 419€ à 679€ (hors dock vendu séparément), ces consoles ont été clairement positionnées sur le marché par le constructeur comme des produits haut de gamme.
Introducing Steam Deck: powerful, portable PC gaming starting at $399. Designed by Valve, powered by Steam. Shipping December 2021.
Learn more at https://t.co/ZOTx3KUCVK and reserve yours tomorrow. #SteamDeck pic.twitter.com/jcgbaKfT9c
— Steam (@Steam) July 15, 2021
Tout cela est assez séduisant. Mais une fois la surprise de l’annonce passée, que reste-t-il ? Le double engagement de Valve de fournir au plus grand nombre l’accès à son colossal catalogue, et de le faire à un coût raisonnable. Certes, nous évoquions il y a quelques lignes le prix de vente des VSD. Si elles sont plus chères que les Xbox Series X et PlayStation 5, le prix affiché reste bien moins élevé que celui d’un PC MasterRace capable de faire tourner Dying Light 2 et Cyberpunk 2077 avec tous les potards à fond.
Celles et ceux qui veulent profiter du catalogue Steam pourraient ainsi, à moindre coût, profiter de Control, Jedi Fallen Order et Doom Eternal… Sur une console portable. Et c’est sans doute là que le bât blesse. Bien que Steam soit une plateforme de jeu gigantesque, les exclusivités PC se comptent sur les doigts d’une main. Et la plupart de ces titres se retrouvent sur d’autres supports vidéoludiques. Quel est donc l’intérêt d’investir dans un Steam Deck si l’on possède déjà une Series X ou une PS5 ?
Pire encore, quel est l’intérêt d’avoir l’équivalent d’un PC de poche (de très grosse poche, au vu des dimensions de la bête) quand tout l’intérêt d’un PC dédié au gaming est de pouvoir faire évoluer sa bécane au fil des changements de technologies ? Se retrouver avec une machine à la technologie figée, alors que les exigences des jeux en termes de ressources ne cessent de s’accroître ? De là à dire qu’il s’agit d’un non-sens du point de vue du joueur, il n’y a qu’un pas.
Malgré tout cela, la proposition de Valve est forcément attrayante. Surtout pour les gamers qui commencent à avoir des PC qui rament comme l’équipe de France d’aviron. Le passage vers le VSD pourrait se faire naturellement, sauf pour qui est véritablement attaché au combo clavier/souris, et ce n’est pas la présence de deux trackpads à l’avant de la machine qui y changera quoi que ce soit. D’ailleurs, soulignons le fait que Valve a présenté le Steam Deck non pas comme une console, mais comme un « powerful, portable PC gaming ». Le public visé serait donc principalement celles et ceux qui souhaitent obtenir un PC portable dédié au gaming, et pas une console…
Que Valve joue sur les mots ou non, toujours est-il que son positionnement est clair. Si vous voulez une console, Sony et Microsoft sont là pour vous. Quid de Nintendo ? Si la presse s’est empressée d’appeler le Steam Deck le « Nintendo Switch Killer », ne nous méprenons pas. Ces deux machines ne jouent pas du tout dans la même catégorie. Nintendo avec son catalogue d’IP cultes et ses publicités, avec du Denis Brogniart dedans, visent le (très) grand public. Rien à voir avec Valve qui fait clairement du pied aux gamers PC, et à ceux qui ne sont pas encore passés sur la nouvelle génération de consoles.
Enfin, l’ultime point qu’il convient de soulever est : y a-t-il encore de la place sur le marché des consoles pour un nouveau constructeur ? Quand bien même, Valve est un concurrent très sérieux, sans doute le plus sérieux depuis l’arrivée de Microsoft sur ce champ de bataille il y a vingt ans avec sa Xbox.
Le marché du grand public est tombé dans la poche de Nintendo et les gamers passent peu à peu sur la new-gen. Reste le marché du PC qui, selon l’auteur de ces lignes, est celui que vise Valve à l’heure actuelle. Reste à savoir si les joueurs PC accorderont leur confiance au VSD, car à l’exception de son casque VR, les tentatives de hardware de Valve (Steam Machine, Steam Controller) se sont jusqu’à présent soldées par des « bofs », voire par des rires sarcastiques…
Un grand nom n’est jamais garantie de succès : la machine de guerre Google s’est bien pris les pieds dans le tapis de Stadia, et tout le monde a oublié le Shield de Nvidia. On espère tout de même que le Steam Deck ne finira pas sur l’étagère des bizarreries aux côtés de la PlayDate, car elles ne manquent pas d’atouts de séduction…