Total War: Pharaoh a enfin reçu la grande mise à jour gratuite promise par Creative Assembly Sofia et visant à conclure l’ambition du studio de proposer une expérience Total War complète située à l’âge du bronze. Ce faisant, le jeu passe -littéralement- le flambeau à une nouvelle entrée dans la bibliothèque des joueurs, Total War: PHARAOH DYNASTIES. Pari finalement réussi pour le studio bulgare ?
L’on ne va pas revenir en long, en large et en travers sur le désastre qu’a été Total War; Pharaoh a sa sortie, mais une contextualisation s’impose inévitablement. Il faut simplement retenir que Creative Assembly est en délicatesse depuis l’abandon de Three Kingdoms en 2021, la hausse de 150% du prix des DLC de Total War: Warhammer III en 2023, couplé à l’abandon de HYENAS et les licenciements massifs qui ont miraculeusement épargné le leadership.
Aussi, lorsque Total War: Pharaoh arrive en octobre 2023 pour proposer une carte étriquée avec 3 cultures jouables et un gameplay extrêmement redondant, le tout au prix fort alors que le jeu semble appartenir au format des « SAGA », comme Troy, il arrive tel un cheveu sur la soupe qu’on sert au souverain du Nil : le jeu aura rassemblé 5000 joueurs à sa sortie (à comparer aux 30 000 de Thrones of Brittania, jeu malheureusement resté anecdotique et aux 190 000 de Three Kingdoms) puis 500 joueurs mensuellement. Il s’agit simplement de la pire sortie réalisée pour un Total War.
Pour autant, même s’il est communément avancé sur les forums communautaires que l’échec du jeu est essentiellement dû à un timing malheureux avec les outrages liés au DLC Shadows of Change pour Warhammer III, cela n’excuse pas les réelles faiblesses du titre. Est-ce que Total War: PHARAOH DYNASTIES est parvenu à corriger ces dernières ?
Richesses mésopotamiennes et brises d’Égée
Le changement le plus substantiel est évidemment l’introduction de deux nouvelles cultures avec de nouvelles régions et cartes de bataille associées. La Mésopotamie s’ajoute à l’est avec l’Assyrie et Babylone, tandis que l’Égée ressurgit à l’ouest avec les Mycéniens et les Troyens.
La carte de campagne ne se résume désormais plus au royaume hittite, à l’immense Égypte et au petit couloir levantin des royaumes canaanites. Le joueur peut ainsi de nouveau arpenter les paysages luxuriants grecs et ioniens déjà explorés dans Troy ainsi que les nouveaux champs de batailles agrandis de Mésopotamie. En résulte une carte particulièrement vaste et diverse où les conditions météorologiques régionales ont toujours un impact sur le déroulement des combats et tendent à favoriser les autochtones acclimatés.
Parader dans Babylone avec les armées troyennes menées par Hector, Énée et même Priam ? C’est désormais possible. S’emparer de toute l’Égypte en tant que Roi de l’Univers babylonien ou devenir Pharaon en venant d’Assyrie ? C’est désormais possible. Étendre l’empire mycénien d’Agamemnon et Ménélas sur tout le monde connu ? Les armées du Wanax égéen vous attendent.
Pour profiter de cette nouvelle carte de campagne aux proportions gigantesques, les factions mineures font leur grand retour au sein de Total War: PHARAOH DYNASTIES. Dirigées parfois par des personnages légendaires (tels Ajax, Achilles, Mérenptah etc), elles n’ont pas de mécaniques de jeu uniques ou de rosters d’unités aussi flamboyants que ceux des factions majeures mais le système de recrutement des forces autochtones, les unités royales propres à chaque culture et l’accès aux intrigues de cours et aux héritages antiques les rendent néanmoins aussi complètes que les factions majeures. Elles offrent des challenges intéressants ou des possibilités de roleplay toujours bienvenus.
« Imaginez un roi livrant ses propres batailles, ce serait mémorable »
Comme le nouveau titre du jeu l’indique, un arbre dynastique fait son arrivée dans Total War: PHARAOH DYNASTIES. De fait, les joueurs ont désormais le choix entre lancer une campagne avec les chefs de factions immortels, comme dans Troy et Warhammer, ou bien de les rendre mortels, et donc de créer l’enjeu de la construction d’une dynastie et de la succession du souverain.
Il est donc possible d’arranger des mariages avec vos personnages et des roturiers ou des personnages appartenant aux dynasties des autres factions, ce qui ouvre de nouvelles possibilités sur le plan diplomatique et rend les campagnes plus singulières et variées.
Il est possible de faire des mariages strictement politiques pour améliorer les relations avec une autre faction, de récupérer un personnage étranger dans votre faction ou d’envoyer un général ou un relatif dans une autre dynastie avec l’espoir qu’il puisse arriver au pouvoir au fil du jeu et vous donner des bonus diplomatiques allant jusqu’à l’annexion.
Soyons clairs cependant, si cette addition et les nouvelles possibilités de gameplay et de roleplay offertes sont plus que bienvenues, on reste néanmoins en deçà de ce que pouvait proposer Three Kingdoms en termes de diplomatie et management de personnages.
Enfin, l’on ne saurait ignorer l’ajout d’un système de létalité au jeu. Ceux qui ont joué aux premiers Total War, notamment Shogun 2, s’en souviennent : les modèles au sein d’une unité avaient alors chacun un point de vie et mourraient dès qu’ils se prenaient une flèche, un tir ou un coup.
Dans les Total War suivants, les modèles n’ont plus de point de vie propres mais l’unité toute entière possède une barre de vie, ce qui crée des situations où un soldat qui s’est pris cinq javelots dans le visage continue de marcher et de se battre normalement.
La létalité n’est pas un retour en arrière en soi puisqu’on reste sur une barre de santé pour les unités, néanmoins, les modèles ont désormais un pourcentage, personnalisable, de périr dès qu’ils reçoivent un projectile. Concrètement, une unités de javeliniers qui parviendrait à contourner une unité d’infanterie lourde est en mesure de la décimer en quelques secondes si le joueur opte pour une létalité élevée sur le slider de personnalisation.
Ce n’est pas anodin car, au-delà de l’amélioration de gameplay, ce changement est évidemment un cadeau adressé par CA Sofia aux fans des premiers jeux qui ont tendance à être assez vocaux sur le charme des anciens Total War et notamment cet aspect du gameplay.
Victoire pyrrhique ou héroïque pour Creative Assembly Sofia ? De la lettre d’Amarna à celle de Talagalawa, Total War: PHARAOH DYNASTIES est assurément une lettre d’amour de la part de CA Sofia envers cette période niche de l’Histoire et une lettre de respect passionnée où l’on distingue des recherches méticuleuses sur l’art, l’organisation sociale et politique et les personnages de l’âge du bronze.
Avoir autant de détermination à produire deux bons jeux situés dans cette période riche et largement ignorée, couplée à celle de délivrer cette grande mise à jour en dépit du naufrage de Total War: Pharaoh et des licenciements massifs à CA et SEGA, ne peut qu’être salué bien bas. Les développeurs du studio bulgare ont finalement réussi à trouver la bonne formule pour braquer avec soin la lumière sur les Hittites, les Mycéniens, Canaan et autre Ramesside tout en introduisant des mécaniques rendant les parties davantages uniques et personnelles.
Le succès est finalement au rendez-vous puisque Total War: PHARAOH DYNASTIES a eu un pic de près de 7000 joueurs et semble les garder en nombre au fil des semaines. Un succès tardif mais amplement mérité.
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