Derrière ce titre un brin provocateur, je l’avoue sans problème, se cache une volonté de ma part de vous parler différemment de la licence The Legend of Zelda pour ses 35 ans qu’en vous proposant un énième top des meilleurs titres de la saga ou une nouvelle énumération des jeux sortis. Ici on va parler de vécu, d’expérience, et tenter d’en tirer quelque chose ensemble. Je vais essayer de comprendre ce que m’a apporté la franchise durant toutes ces années.
On n’abordera donc pas ici tous les jeux de la saga en détail et on ne va pas non plus enfoncer les portes ouvertes. Oui, la saga nous a proposé parmi les meilleures OST de l’histoire du jeu vidéo ; oui, Miyamoto est un génie et oui la saga est l’une des plus appréciées et cultes de par le monde. Non, ici je vais vous raconter mon histoire avec cette franchise qui, avec du recul, m’aura bien plus marqué que je n’aurais pu le penser dans un premier temps.
L’époque NES et la découverte fastidieuse de The Legend of Zelda
J’ai découvert la licence très jeune, peut-être un peu trop d’ailleurs, tant j’ai mis du temps à comprendre comment je devais y jouer et l’investissement qu’elle demandait. Car c’est bien vers l’âge de 4 ans que j’ai eu ma première console de salon, la magnifique NES ou Nintendo Entertainment System, on était alors en 1990. Quatre jeux me furent donnés avec : Duck Hunt, Mario Bros., TMNT (les Tortues Ninja) et donc The Legend of Zelda et sa superbe cartouche dorée.
Mes premières parties furent forcément fastidieuses. Je découvrais un nouvel outil de jeu et n’étais pas encore acclimaté avec ce dernier, et on me proposait alors l’une des expériences les plus complexes qu’il proposait. Je n’avais que 4 ans et forcément, au vu des propositions plus à ma portée que j’avais à côté, je n’ai aucune honte à dire que j’ai fait l’impasse un bon moment sur ce jeu d’aventure qui avait pourtant tant à offrir.
Le plus inattendu là-dedans, c’est que c’est par le biais d’un autre titre que j’ai découvert réellement la saga. Zelda II: The Adventure of Link, suite officielle et pourtant très différente du premier, se montrait dans sa structure bien plus abordable pour moi et j’ai dû l’avoir un an ou peut-être un petit peu plus après la NES. Extrêmement difficile pour un gosse de mon âge, il m’a permis néanmoins de découvrir un univers riche et trépident que je n’allais jamais vraiment quitter par la suite.
Vous dire si je l’ai fini ou non à l’époque, je ne peux pas, mais ce que je peux vous affirmer, c’est que je suis ensuite retourné sur The Legend of Zelda et que là, j’allais enfin m’y abandonner corps et âme. Je sais, car c’est gravé en moi, que j’en ai vu le bout et que c’est grâce à ce dernier que j’ai ensuite dirigé mes choix d’achat vers les jeux du même genre, plus adultes aussi, pour par la suite découvrir aussi le J-RPG.
The Legend of Zelda (et Zelda II, ne l’oublions pas) m’a ouvert la porte à un océan d’autres titres que je n’aurais probablement jamais essayés à cette époque sans ce dernier. Alors entre les Mario, Batman, The Goonies, Dragon Ball, Darkwing Duck et autres jeux adaptés comme Gremlins 2 ou Duck Tales, je me suis tourné aussi vers des jeux plus confidentiels et adultes en un certain sens.
La série Castlevania à laquelle je voue un amour indéfectible, les Mega-Man, la licence Probotector, Kid Icarus, Metal Gear ou encore Faxanadu sont autant de jeux ou licences que j’ai découverts très jeune grâce à The Legend of Zelda. Car il faut bien comprendre que pour un enfant aussi jeune, sensible à ce qui l’entoure et ce qui fait partie de sa vie, aller vers l’inconnu est assez difficile, c’est pour cela qu’il se tourne forcément vers ce qu’il connaît, d’où les adaptations de films ou de dessins animés.
L’époque Super NES et Gameboy, ou l’apogée 2D de la licence
Mon rapport avec la Super NES est assez complexe. En effet, de la NES, je suis passé à la Master System et ensuite très vite à la Mega Drive. J’ai alors découvert l’univers SEGA et ses licences fortes comme Alex Kidd, Streets of Rage, Sonic, Shinobi ou encore Comix Zone, Ecco et Altered Beast. Mais aussi tout un pan du J-RPG de l’époque comme Landstalker, Shining Force, La Légende de Thor (même si c’est plus un jeu d’aventure) ou bien Light Crusader.
À cette époque aussi, j’ai eu mon premier ordinateur (aucune richesse là-dessous, juste un ami de mon père qui tenait une boîte d’informatique) et ai donc découvert là des pépites absolues du jeu d’aventure et du RPG occidental, ainsi que mes premiers FPS ou DOOM-like. La Super NES, je ne pouvais pas me la payer et j’étais alors trop attaché à ma Mega Drive pour m’en séparer, car à ce moment de ma vie, l’achat d’une console signifiait la vente d’une autre.
Cependant, parmi mes camarades d’école, l’un d’entre eux possédait la dernière née de Nintendo et un jeu, LE jeu qui allait me bouleverser, me pousser à vendre ma SEGA pour passer à la concurrence : The Legend of Zelda: A Link to the Past. Probablement l’épisode qui m’a le plus marqué de la saga, il m’a mis une telle claque à l’époque que j’y ai bien passé un an de ma vie, sans pour autant faire l’impasse sur d’autres incroyables jeux que proposait la console.
J’ai alors découvert Hyrule comme jamais auparavant. C’était beau, chatoyant, jouable comme jamais, passionnant, blindé de détails en tous genres, rempli de choses à faire et voir, le tout accompagné d’une bande-son à faire pâlir bien des jeux aujourd’hui. Pour tout vous dire, je le refais encore régulièrement aujourd’hui. Je me souviens encore de ma première découverte du Dark World et de son thème musical fantastique, de ma découverte d’Excalibur, du village Cocorico (et de son thème aussi) dans les Bois Perdus ou de mon affrontement épique face à Ganon.
Ce jeu seul m’a fait acheter une Super NES, abandonner ma Mega Drive et avec du recul et pour ma propre culture du jeu vidéo, je l’en remercie. Car sur cette console, j’ai pu parfaire mes connaissances vidéoludiques et surtout pu expérimenter autant la proposition de SEGA que celle de Nintendo. Vous l’aurez compris, la guerre des consoles était pour moi déjà en ce temps inutile, j’aimais autant Mario que Sonic et surtout, je n’en voyais pas l’intérêt.
Le J-RPG s’ouvrait alors à moi, ou en tout cas ce qui arrivait en Europe (voire USA), et en parallèle à cela, je pratiquais aussi le jeu vidéo sur console portable, sur Gameboy dans un premier temps et sur Gameboy Color dans un second. Autant ne pas tourner autour du pot, mes deux jeux de chevet furent très longtemps Super Mario World et The Legend of Zelda: Link’s Awakening. Ce dernier reprenait les mécaniques de A Link to the Past, tout en apportant les siennes et un univers très original.
Il fut mon compagnon de route pendant un bout de temps et est probablement celui que je refais le moins aujourd’hui paradoxalement. Peut-être parce que lorsque je pense Zelda 2D, c’est automatiquement l’épisode Super NES qui me vient à l’esprit, mais j’en garde un souvenir nostalgique assez rêvé, comme Link en somme. J’ai finis mon épopée sur Gameboy Color avec Oracle of Seasons et Oracle of Ages, des épisodes dont on parle trop à mon goût, tant ils sont bons.
Et vint la PlayStation et Final Fantasy VII
La PlayStation, la machine qui m’aura le plus marqué. Je l’ai eue en 1995 à Noël. Pour tout vous dire, elle ne m’a pas tout de suite fait abandonner la Super NES et je jonglais souvent entre les deux. Mon amour pour l’aventure et le J-RPG n’était pas encore rassasié sur la console de Nintendo, surtout que j’avais alors accès aux Final Fantasy, Dragon Quest ou Chrono Trigger, grâce à leurs sorties américaines et un adaptateur.
Sauf qu’en 1996, des jeux qui ont suscité mon intérêt ont commencé à voir le jour. Crash Bandicoot en fin d’année, mais avant un certain Resident Evil qui m’a fait comprendre après Clock Tower, Alone in the Dark et d’autres jeux du genre que moi et l’horreur, ça allait être une longue histoire d’amour. J’étais d’ailleurs déjà totalement adepte de ce genre de cinéma. Je pourrais citer plein d’autres titres comme Tomb Raider, Pandemonium, Les Chevaliers de Baphomet ou encore Die Hard Trilogy et Legacy of Kain.
Mais la vraie claque vint en 1997. Par deux fois, je me retrouvais giflé. La première avec Metal Gear Solid et la seconde avec Final Fantasy VII, un jeu qui a m’a littéralement fait chavirer, et selon mon point de vue fait entrer le J-RPG dans une nouvelle ère. Mon esprit pensait, mangeait et dormait tant PlayStation et la Super NES s’éloigna de mes mains lentement, mais sûrement.
Et en cela, j’ai fait l’impasse totale d’une certaine Nintendo 64, console qui ne répondait pas à mes besoins. J’ai bien disputé de nombreuses parties de Goldeneye, fini Mario 64 ou encore foulé les terres d’Hyrule dans les bottes de Link dans Ocarina of Time et Majora’s Mask, mais pas de chez moi, plutôt lorsque je rendais visite à des amis qui me laissaient généreusement la manette des soirs durant.
Alors mon rapport avec les premiers opus 3D est assez délicat à expliquer. J’y jouais de manière éparse et sans réellement me laisser happer dedans. Ce n’est que plus tard, avec les premiers émulateurs pour Majora’s Mask et l’édition spéciale de Wind Waker sur GameCube pour Ocarina of Time que j’ai enfin apprécié à leur juste valeur ces deux fantastiques jeux.
Je dois dire être assez frustré de ne pas les avoir découverts réellement et à plein temps à leur époque, car j’ai l’impression d’avoir raté quelque chose d’important, surtout pour Ocarina of Time. Le jeu est encore aujourd’hui considéré par beaucoup de fans comme le meilleur de la saga et je pense ne pas avoir réussi à l’apprécier comme il se devait. Mais soit, mon parcours m’offrit l’opportunité de découvrir de nombreuses autres choses.
L’ère 3D et mon détachement de la saga
PlayStation 2, GameCube et Dreamcast furent toutes miennes et j’y trouvais mon compte, chacune m’apportant quelque chose d’unique. Le GameCube m’apporta entre autres le fantastique Wind Waker que j’ai adoré, mais qui ne m’a pas marqué au point de le placer parmi mes meilleures expériences de l’ère 128 bits. Il en fut de même pour Twillight Princess, dont j’avais par contre réellement aimé le ton plus mature et adulte, mais dans lequel je peinais à retrouver la magie que j’avais tant appréciée.
Le reste appartient à l’histoire. Skyward Sword m’avait cruellement déçu, et ce, malgré de superbes idées. Je n’adhérais pas au gameplay que je trouvais ennuyeux au possible et cela m’avait totalement sorti du jeu. Je l’avais pourtant attendu longuement après un trou sur Wii U et pour le coup, hormis son univers et quelques mécaniques intéressantes, il ne m’avait pas passionné dans sa proposition globale.
Les épisodes portables par contre me parlaient plus, comme The Minish Cap (développé par Capcom) ou Phantom Hourglass, Spirit Tracks et Tri Forces Heroes, mais ils n’étaient pour moi que des spin-off un peu moins inspirés, tout en restant très bons pour la plupart. Niveau spin-off, Hyrule Warriors me fait le même effet, même si là le genre change totalement. Je classe donc cette partie de la licence à part. Quant aux épisodes Phillips CDI, je ne les considère même pas…
Tout comme la suite de A Link to the Past ou encore les remasters/remakes divers et variés qui ne réussissent jamais à me satisfaire pleinement, même celui de Link’s Awakening. J’ai longtemps cherché à retrouver cet épisode qui raviverait la flamme entre la saga et moi. J’ai essuyé des échecs. Non pas que j’aie été déçu, la plupart du temps non, mais je n’ai jamais retrouvé ce feeling et cet attachement que j’ai eu envers A Link to the Past ou d’autres épisodes 2D.
Puis vint Breath of the Wild sur Nintendo Switch que je suis pour tout vous dire en train de faire actuellement et qui me passionne et m’envoûte. J’aime ses élans de liberté, sa bande-son discrète, mais toujours dans les bons tons et tempos, ou encore son gameplay plus moderne. Son côté post-apocalyptique me parle aussi et je retrouve avec ce jeu la même fraicheur qui m’avait rendu si enthousiaste lors de mon enfance.
Car finalement, The Legend of Zelda aura été la clé de ma découverte profonde du jeu vidéo dans ce qu’il offre de meilleur. Des mondes nouveaux, aux univers variés et vastes remplis d’idées, d’originalité et de rêves. Cette saga m’aura apporté cette ouverture à ce monde fantastique et d’une richesse incroyable qu’est celui du jeu vidéo en général. Il m’a fait comprendre qu’au-delà des produits que j’étais destiné à consommer à mon jeune âge, d’autres choses existaient et que c’était tout aussi enrichissant.
Je reconnais aisément qu’il s’agit là d’une quête du héros qui se répète inlassablement d’un jeu à l’autre, Nintendo en jouant même pour l’élaboration de sa timeline, et n’a en ce sens pas grand-chose à dire. Mais l’univers respire la vie, l’imagination et l’inconnu. Chaque aventure est unique, possède son monde et ses règles, et incite à l’exploration, la découverte, et tels ces navigateurs d’antan, on prend le large en connaissant le point de départ, mais jamais la finalité de l’escapade.
En un sens, le jeu vidéo m’a construit, comme d’autres choses, l’éducation, mon environnement social ou même le cinéma que j’ai regardé, et le média sur lequel j’écris m’a aussi aidé à réfléchir, à grandir et à voir au-delà de ma propre personne. Et tout cela est en grande partie dû à The Legend of Zelda et je ne peux alors que remercier Nintendo et Shigeru Miyamoto pour tout. J’attends maintenant la suite avec impatience, et je ne parle pas là de Skyward Sword HD…
Vous vouliez Breath of the Wild 2 ? Eh bien, vous aurez Zelda Skyward Sword HD !
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