Développé par Falcom, Ys VIII: Lacrimosa of Dana n’était certainement pas le jeu que la majorité des joueurs devait attendre. Et pourtant, un gros effort a été fait pour nous offrir une traduction française complète, ce qui n’est pas anodin puisque la majorité des titres de la saga n’en ont pas bénéficié.
D’ailleurs la dernière fois que nous avions pu jouer à un jeu de cette série, c’était Ys Origin sur PlayStation Vita, qui n’était pas traduit bien évidemment, et qui malgré ses qualités, n’était autre qu’un remake de l’épisode 4.
Nous avons donc lancé Ys VIII: Lacrimosa of Dana avec une certaine appréhension, bien que la campagne de communication ait été plutôt bien menée. Avec ses graphismes vieillissants et ses animations datées, il était compliqué de partir avec un bon a priori. Cependant comme le dit l’adage, l’habit ne fait pas le moine et vous allez voir au travers de notre test qu’il ne faut clairement pas s’arrêter au physique ingrat de ce jeu, car sous cette vilaine carapace, se cache un diamant brut de très grande valeur et prêt à être taillé.
Ys VIII: Lacrimosa of Dana – L’action-RPG addictif de la rentrée
Un aventurier à la mer !
Tout commence à bord du Lombardie, un vaisseau de croisière à la pointe pour son époque, et à son bord, des passagers venant du monde entier et de toutes les castes sociales. Cependant, où que l’on pose notre regard, tout semble respirer le luxe, ce qui nous fait un peu nous sentir comme Jack lors de sa traversée à bord du Titanic… Et si l’on parle de ce dernier, ce n’est pas pour rien, car le Lombardie, aussi splendide qu’il soit, va sombrer à son tour au fond des mers.
Mais avant d’en venir au naufrage, qui sommes nous dans cette histoire ? Plus original que Jack, nous nous prénommons Adol, grand aventurier de notre État s’il en est, et pour financer notre voyage, le capitaine Barbaros nous a embauché pour nous occuper des tâches ingrates à bord du vaisseau. Cuisine, plonge, surveillance, tout y passera jusqu’au moment ou le Lombardie se fera agripper par un montre marin géant, le genre de bestiole tentaculaire que vous aimeriez ne pas voir sortir des univers de Lovecraft.
Manque de bol, ça tombe sur nous, et après un naufrage inévitable, c’est sur l’île de Seiren que nous nous réveillons, une île sentant bon le sable chaud et les vacances au bord de l’eau avec tata Monique, sauf que vous vous rendrez rapidement compte que l’ambiance sur place c’est plutôt Isla Nublar, mais en pire.
Voici donc le point de départ de cette aventure façon Robinson Crusoé, dans laquelle vous sera confiée la tâche complexe, mais ô combien importante, de trouver d’autres possibles naufragés tout autour de l’île avant de tenter de vous extirper de cet enfer perdu au milieu des mers.
Vous n’avez pas fini d’en faire le tour
Avant d’entrer dans les détails, il faut bien vous avertir, en tant que jeu développé à la fois sur PlayStation Vita et sur PlayStation 4, ce n’est pas pour ses qualités graphiques hors-norme que vous goûterez à la saveur unique de Ys VIII: Lacrimosa of Dana. Malgré tout, il faut avouer que de belles ambiances arrivent à se glisser çà et là, entre les environnements très variés et les paysages ultra colorés.
Sans jamais impressionner par la finesse de ses textures, c’est avant tout par sa direction artistique travaillée et par son goût prononcé pour l’aventure que le jeu saura vous charmer. L’île de Seiren, absolument gigantesque, arrive à se placer comme un personnage à part entière, dont chaque recoin saura vous surprendre et vous apporter sa petite dose de secrets.
Nous vous l’avons dit, notre objectif est de parcourir l’île à la recherche des survivants, mais il sera aussi de notre devoir de la cartographier, afin que les autres rescapés, ainsi que le capitaine, puissent mieux l’appréhender. Tout cela dans le but de survivre du mieux que l’on puisse avant de reprendre la mer. Durant notre aventure, des obstacles que l’on ne pourra surmonter seul viendront se mettre sur notre chemin, et c’est là que les développeurs ont été malins pour nous pousser à l’exploration.
Chaque obstacle demande un nombre de personnes donné pour être surmonté. Par exemple 11 personnes pour un éboulement, 8 pour un tronc d’arbre, etc. Donc plus on trouve de naufragés, plus l’île s’ouvre à nous, plus on avance dans l’histoire, ainsi que dans la découverte de tous les aspects mystérieux que l’on entrevoit, lors de rêves étranges que fait Adol à chaque phase de campement. Cet aspect, en plus de nous pousser à toujours aller plus loin, renouvelle en permanence notre intérêt pour le jeu, et picote notre curiosité au point de nous happer pendant des heures.
Quelques petites subtilités bienvenues
Étant à la fois sur une île déserte et dans un action-RPG, vous devez vous douter que tout ce qui concerne la monnaie du jeu va être quelque chose de plus original qu’à l’accoutumé. Il en va de même pour la création d’équipements ou la confection de remèdes pour soigner les différents maux que vous causera la faune locale.
Nous en revenons alors à nos petits naufragés qui, un à un, viendront, de par leurs talents ou leur profession, aider le camp de base en constituant de petites « boutiques ». Plus il y aura de monde et plus le camp finira par ressembler à un petit village, avec une augmentation significative de la qualité de vie, ce qui sera plus que bienvenu.
Pour le reste, l’île étant extrêmement riche de faune et de flore, il est pour nous très simple de rapporter les composants relatifs à la confection de nos équipements et autres potions. Nous retrouvant dans un cadre en dehors d’une quelconque notion de capitalisme, nous en revenons à la base du commerce, le troc. Ce point est très important, car c’est ce qui va nous aider à progresser sur le plan de la « puissance », mais c’est aussi très intéressant, car cela brise nos habitudes. Apportant des notions d’entraide, d’échange, de partage, cela offre une saveur très particulière à cet aspect du jeu.
Ici, peu importe d’où l’on vient, on se retrouve sur un pied d’égalité. Vous devrez donc composer avec la personnalité de chacun et certains auront tendance à péter plus haut que leur cul, si vous voyez où je veux en venir. En ce sens, et à certains moments de l’histoire, un personnage pourra décider qu’il n’a finalement pas envie d’aider la populace à déblayer un tas de gravas pour vous faire découvrir une nouvelle zone. Pour les amadouer, il vous faudra réaliser des quêtes secondaires, et ces dernières vous permettront d’augmenter votre affinité avec telle ou telle forte tête.
Un gameplay aux petits oignons
Arrivé dans la dernière ligne droite de ce test, vous devez vous demander, mise à part la partie graphique, ce qui peut clocher dans ce jeu, eh bien ne vous en faites pas, nous allons y venir. Mais avant ça, faisons un petit tour du propriétaire en ce qui concerne le gameplay.
Nous sommes dans un action-RPG que l’on pourrait qualifier de basique finalement, mais pourtant, le feeling une fois la manette en main est juste incroyable. Un bouton sert ici à enchaîner les attaques de base, mais en maintenant appuyée la touche R1, vous accéderez à un éventail de 4 boutons paramétrables, sur lesquels vous pourrez placer des attaques spéciales qui vous coûteront ce que vous pourriez assimiler à des points de mana.
En pressant un simple bouton, vous pourrez changer de personnage et vous retrouver dans la peau d’un type de combattant différent. Dans Ys VIII: Lacrimosa of Dana, il y a trois types de combattants, ceux-ci symbolisés par un indicateur de couleur. En voyant un indicateur vert accolé à un ennemi, il vous faudra donc prendre le contrôle du personnage au symbole vert afin de le contrer. Cela aura pour conséquence d’augmenter vos dégâts de façon très significative. Et si cela ne suffit pas, une petite attaque ultime derrière les oreilles, et vos assaillants repartiront la queue entre les jambes.
Finalement, on reste dans le simple et efficace, et côté gameplay, on nous place dans des pantoufles bien confortables, afin de privilégier le plaisir de jeu. Ce plaisir, notamment dû à la fluidité des enchaînements d’attaques, découle aussi du caractère spectaculaire de nos actions lors des combats. Entre animations nerveuses et coups bien pêchus, il faut avouer qu’on en prend vraiment plein les yeux. En bref, c’est du tout bon.
Une traduction française parfois très limite
Malheureusement, même si beaucoup de choses sont excellentes dans Ys VIII: Lacrimosa of Dana, il y a bien une chose qui fâche, c’est la traduction française qui n’est clairement pas à la hauteur. Vous ne manquerez donc pas de vous rendre compte que régulièrement, des formulations semblent sortir tout droit de la traduction de Final Fantasy VII.
Même sans parler des problèmes de formulation, il y a beaucoup, mais alors beaucoup trop de fautes d’orthographe qui planent sur les dialogues. On pourrait laisser couler si cela n’était qu’anecdotique, mais là, c’est tellement régulier qu’on se demande si la traduction n’a pas été faite à coups de Google Traduction. Bon, malgré tout, et même si ce n’est clairement pas parfait, loin de là, il faut noter que la traduction permettra au plus grand nombre de découvrir la série. Car clairement, si vous souhaitez découvrir la saga, cet épisode en sera la parfaite porte d’entrée, et risque même, au vu de ses qualités, de se placer comme l’un des meilleurs épisodes réalisés.
En ce qui concerne la musique, nous ne pouvons pas dire que nous avons été déçus, mais celle-ci ne fait pas plus que son boulot. Agréable durant toute l’aventure, vous passerez même par de très bonnes compositions, mais on ne peut pas dire qu’on en retienne vraiment une une fois le jeu coupé. Sauf peut-être la musique des combats, car côté bagarre, vous en rencontrerez plus souvent qu’à votre tour, donc fatalement, on finit par la retenir.
Enfin, il vous faudra compter environ 40 à 50 heures pour venir à bout de l’aventure, ce qui est plus qu’honnête, sachant que vous n’aurez pas une seule seconde pour vous ennuyer et que beaucoup d’endroits ne se révéleront que sur le tard, notamment à cause du système de déblocage se faisant en fonction du nombre de personnes présentes.
Conclusion Ys VIII: Lacrimosa of Dana
Ys VIII: Lacrimosa of Dana est incontestablement l’action-RPG de la rentrée, mais plus encore, il se place dans le tout haut du panier des meilleurs titres de l’année. Avec son scénario captivant et son gameplay absolument sensationnel, ce n’était pas une petite faiblesse graphique qui allait atteindre notre enthousiasme. De plus, vous y trouverez un vrai sens de l’aventure qui ne manquera pas de vous surprendre à bien des reprises, notamment grâce à une progression basée sur la relation entre les personnages. Sans révolutionner le genre, Ys VIII: Lacrimosa of Dana offre une expérience diablement dépaysante dont seule la traduction française bancale risque de venir vous irriter par moments.