Il y a 1 an, nous vous proposions le test de Yomawari: Night Alone sur PlayStation Vita, un jeu qui nous avait séduit par son approche de l’horreur, son côté très malsain, et son utilisation très intéressante du folklore japonais. Le second opus dont nous allons parler aujourd’hui, Yomawari: Midnight Shadows, part sur des bases similaires, peut-être un peu trop d’ailleurs, mais cela ne nous a pas empêché d’avoir de belles frayeurs. Mais outre le frissons, Yomawari: Midnight Shadows parvient-il a se renouveler assez pour nous tenir haleine ? Ne s’agit-il finalement pas d’une redite faisant office de pétard mouillé ? Ces questions et bien d’autres trouveront des réponses… Tout du moins si vous osez continuer la lecture.
Yomawari: Midnight Shadows – Vous ne laisserez plus jamais vos enfants sortir le soir
Une nouvelle nuit d’horreur nous attend
Nippon Ichi Software a eu la bonne idée, il y a un an, de proposer à nouveau du contenu original aux joueurs, sortant ainsi du chemin aseptisé des licences habituelles. Cela avait donné naissance à Yomawari: Night Alone. Excellente surprise au demeurant, il ne fallait pas qu’un deuxième opus s’impose comme une nouvelle façon de traire les joueurs, mais bien comme une nouvelle façon d’exploiter l’univers horrifique de cette licence, à savoir le folklore japonais et ses yokai.
Pas compliqué nous direz-vous ? En effet, vu le nombre de yokai existant dans la culture japonaise, nous serions tenté de dire qu’il pourrait presque s’agir d’un filon inépuisable. Cependant, s’il s’agissait du coeur du jeu, ce n’était pas la seule caractéristique intéressante, et nous étions curieux de voir comment Yomawari: Midnight Shadows allait pouvoir renouveler sa façon de nous faire peur et de nous surprendre.
L’une des forces du premier opus était son introduction qui nous avait frappé si fort que nous en avions eu le souffle coupé le temps de quelques secondes. Dans Yomawari: Midnight Shadows on avait justement peur de ne pas être aussi surpris par le jeu du fait que nous nous attentions à quelque chose de surprenant. Vous savez, un peu comme les jumpscares qu’on s’attend à voir arriver. Eh bien ici, les développeurs ont trouvé une magnifique parade à cela, en utilisant un procédé vieux comme le monde : la diversion. Sans vous en dire trop, le jeu vient nous distraire avec un élément tiré du premier jeu, on se dit alors qu’on va avoir droit à la même limonade, et c’est à ce moment là qu’on se prend le coup de bambou derrière les oreilles, et encore une fois, l’introduction nous aura laissé le souffle coupé, assommé par ce qui nous est proposé à l’écran.
Le choc est d’autant plus grand que le jeu s’est muni d’une direction artistique plus travaillée, jouant beaucoup sur les arrière-plans et la profondeur de champ comme nous le voyons de plus en plus dans les jeux en 2 ou 2,5D. L’introduction en est une parfaite illustration, proposant un paysage reposant sur un magnifique clair-obscur de fin de journée, avec de superbes parallaxes lorsque nous faisons avancer notre personnage. Le jeu progresse donc techniquement afin de nous proposer des visuels plus dans la mouvance actuelle, cependant, vous pourrez peut-être trouver redondant le fait de vous retrouver dans des décors similaires au premier jeu, je pense notamment à toute la partie urbaine bien entendu. Cependant, nous sommes très content que l’histoire du jeu nous propose encore une fois de contrôler une petite fille, et même deux pour le coup. En effet, contrôler des petites filles dans cet univers dénué d’adultes, en proie à la nuit et aux monstres nichés dans l’ombre, cela renvoie à des peurs primales de l’enfance, des peurs que l’on comprend et qui sont encore logées au fond de nous. La peur et la sensation de malaise se font alors plus grandes.
Perte de contrôle
Contrairement au premier opus, Yomawari: Midnight Shadows se trouve être beaucoup plus dirigiste et vous serez beaucoup plus souvent dans des situations ou vous n’avez pas le contrôle. Cette perte de contrôle est ici utilisée comme un formidable outil visant à renouveler la façon dont le jeu souhaite nous terrifier. Dans un jeu d’horreur, reprendre le contrôle signifie généralement : trouver un endroit sécurisé ou sécurisant, afin de pouvoir reprendre nos esprits. On ne se trouve ainsi plus en position de fuite, et l’on peut reprendre le contrôle sur notre environnement, prévoir la suite des événements, regagner de la vie, etc. Ici c’est un peu plus compliqué car le jeu souhaite vous surprendre et il vous le fera savoir dès les débuts, en vous faisant comprendre que la peur peut venir de n’importe où. Et quand on dit n’importe où, c’est vraiment n’importe où. Pensez à la partie la plus sécurisante d’un jeu vidéo, celle où il ne peut normalement rien vous arriver… Eh bien sachez que même là vous devrez faire attention à vous. Mais ce n’est pas tout, la perte de contrôle se ressent aussi beaucoup dans les phases où le jeu nous force à faire ce que nous n’avons pas envie de faire. Certains verront cela comme une limitation, mais nous, nous voyons plutôt ça comme une superbe façon de créer le malaise chez le joueur qui devra subir et affronter ce qu’il aurait peut-être pu éviter dans un autre titre horrifique.
En même temps, dès le départ le jeu ne cache pas ses ambitions en s’adressant directement au joueur. Il nous demande de jouer avec un casque, d’éteindre les lumières, et surtout, de ne jamais détourner le regard de l’écran. Nous ne pouvons d’ailleurs que vous conseiller de suivre les directives si vous souhaitez profiter au maximum de l’ambiance du jeu, qu’elle soit sonore ou visuelle. Chaque son est important, car vous ne verrez pas toujours les ennemis qui vous feront face, il faudra alors vous repérer à l’oreille pour éviter la mort.
Malheureusement, même si le jeu s’impose comme une excellente expérience horrifique rendant encore une fois hommage au folklore japonais, il ne renouvelle pas assez ses mécaniques de gameplay et la progression aura comme un goût de pizza de la veille. C’est toujours bon, mais c’est quand même meilleur quand ça sort du four. Vous devrez donc, comme dans le premier titre, parcourir la ville et ses alentours en évitant les yokai et donc la mort. Vous devrez résoudre des énigmes à la difficulté toujours aussi bien dosée afin de progresser et encore une fois, votre maison sera une sorte de hub central où vous pourrez sauvegarder votre progression.
Cependant, il serait fort dommage de trop pénaliser Yomawari: Midnight Shadows à cause de son manque de prise de risque à ce niveau, car côté horreur, le jeu arrive parfaitement à se renouveler et vous mettra beaucoup plus sous pression pendant la demi-douzaine d’heures qu’il vous faudra pour en venir à bout. Pas si long, mais bien assez pour vous faire mouiller tous les caleçons à votre disposition.
Conclusion Yomawari: Midnight Shadows
Yomawari: Midnight Shadows s’impose, à l’instar de son aîné, comme une référence de l’horreur dans son genre, et encore plus sur PlayStation Vita, grâce à notre proximité avec l’écran et le fait d’avoir l’action au creux des mains. Arrivant parfaitement à renouveler sa façon de nous faire peur, le jeu ne manque pas de mettre à nouveau notre cœur à rude épreuve. Plus travaillé dans son esthétique, plus poussé dans l’horreur, et plus malsain que jamais, on regrettera cependant que le gameplay se repose un peu trop sur ses lauriers, donnant fatalement une certaines impression de déjà vu. Malgré tout, c’est encore une très belle réussite pour Nippon Ichi Software, qui a moindre coût, arrive à créer ce que d’autres n’arrivent pas à faire avec bien plus de budget.