Pendant que les Japonais se délectent actuellement de Yakuza 6, dernier épisode en date de la célèbre saga éditée par les regrettés de chez Sega, les Européens se contentent pour le moment de Yakuza 0 sorti deux ans plus tôt sur le territoire nippon. Yakuza 0 se veut être une sorte de préquelle à la série puisque ses événements se déroulent avant ceux survenus du premier Yakuza.
Pour sa sortie dans nos contrées, Yakuza 0 se dote uniquement de sous-titres anglais, loin d’être suffisants pour sa bonne compréhension. Il faudra avoir un sacré bon niveau d’anglais (et une bonne dose de patience) pour comprendre la totalité des dialogues, vous voilà prévenu.
Bienvenue à Kamurochô, quartier fictif et festif de Tokyo qui ne dort jamais. Ce lieu où l’argent est roi est également un véritable foyer de truands de toutes sortes dont évidement les yakuzas. Mettez votre plus beau costard, préparez le maximum de cash, on part en virée.
Entre Tokyo et Osaka
Yakuza 0 ne conte pas un mais deux scénarios différents basés sur deux héros au tempérament bien trempé, Kiryû et Majima. L’action se passe fin des années 80, début 90, époque propice pour les affaires peu recommandables. Le jeu est divisé en chapitres jonglant entre l’histoire de Kiryû et celle de Majima, le tout soutenu par une narration bienvenue, construite telle une série (avec récapitulatif des événements passés à chaque début de chapitre).
Nouvelle recrue dans la famille Yakuza Dojima, Kiryû est victime d’un complot et se retrouve suspecté de meurtre d’un civil. Sous cet assassinat maquillé se cache en réalité une affaire immobilière de la plus haute importance. Pour prouver son innocence et démanteler cette organisation, notre héros de 20 ans va devoir serrer les poings et botter des culs avec classe. Ce premier scénario sera rythmé par des révélations, trahisons et autres rebondissements plus ou moins prévisibles.
Quant à Majima, ce dernier est manager d’un fructueux cabaret à Osaka mais son passé de yakuza va resurgir. En danger de mort, il devra régler une dette : tuer une cible, une jeune fille qui va devenir le point de ralliement entre Majima et Kiryû. Les deux scénarios se font écho et se rejoignent.
Premier point fort du jeu, son scénario qui se veut passionnant sublimé par une mise en scène digne des plus grands films de genre. Cependant, l’effet est totalement effacé par la lenteur du récit. Mon dieu, que c’est lent ! Entre les dialogues interminables qu’on pourrait résumer en à peine deux phrases, les vidéos où on les voit fumer une cigarette (certes avec classe mais quand même), on s’ennuie au point de passer des scènes. La lenteur de la narration est une véritable plaie, certains apprécieront cette mise en scène jusqu’au bout, d’autres (dont j’en fait partie) se focaliseront à partir de quelques heures de jeu à l’essentiel quitte à passer à côté de certains détails.
De plus, comme je le mentionnais dans l’introduction, il faut un bon niveau d’anglais pour tout comprendre. Ce qui ne vient pas faciliter la tâche dans les phases de dialogue sans grand intérêt.
Un bon niveau d’anglais et une bonne dose de patience, voilà les prérequis pour commencer Yakuza 0.
Sur la voie de la rédemption
La série des Yakuza est réputée pour son action frénétique et Yakuza 0 n’y échappe pas. C’est un véritable défouloir parsemé d’idées originales et de surprises en tous genres. L’action est en temps réel et la mise en scène des combos et autres coups spéciaux est un véritable bonheur. Batte de baseball, prises de catch ou encore boule de bowling, tout est au service de l’action et tout est bon pour casser des gueules de manière spectaculaire. Six styles de combat différents seront à votre disposition pour mettre vos adversaires au tapis. Vous pourrez également vous servir des éléments du décor comme arme, allant de la bicyclette à la pancarte.
Yakuza 0 s’élève par son action maîtrisée et démesurée bien qu’une certaine redondance pointera le bout de son nez au fil des combats. Mention spéciale aux spectaculaires combats de boss, entrecoupés de QTE aux petits oignons, un vrai régal ! Mais pour trouver la vraie valeur de Yakuza 0, il faudra se tourner vers ses éléments secondaires au scénario principal. Yakuza 0 propose une myriade de quêtes annexes et de mini-jeux à gogo. Billard, mahjong, casino, jeux d’arcade ou même karaoké, il y en a pour tous les goûts.
Attardons-nous maintenant sur les missions secondaires. Ces dernières sont en réalité des petites histoires de gens rencontrés ici et là durant nos trajets dans la ville. Certains récits sont de véritable pépites et vous emmèneront dans des situations aussi bien inattendues que loufoques. Des mises en situation dont seuls les Japonais ont le secret, entre le non-sens et l’érotisme décomplexé.
Yakuza 0 : le GTA japonais ?
On compare souvent la série des Yakuza à celle des GTA pour leurs similitudes quant à la partie exploration de la ville. Yakuza 0 nous offre deux terrains de jeu distincts (un pour Kiryû à Tokyo, l’autre pour Majima à Osaka) où nous sommes libres d’explorer les rues du quartier comme bon nous semble. Une liberté qui n’est pas sans rappeler donc les GTA. Toutefois, nous sommes très vite limités sur Yakuza 0 tant par son périmètre que par les possibilités d’interaction avec les civils.
Mis à part quelques marchands et autres personnages bien précis, aucun interaction n’est possible. Le dynamisme et la vie des quartiers sont très bien rendus par la foule sans cesse en déplacement et par les nombreuses activités qu’il est possible de faire, on prendra beaucoup de plaisir à vagabonder dans les rues bondées à la recherche de quêtes secondaires ou de cartes érotiques. Car oui, il est possible de collecter des cartes d’actrices érotiques…
D’ailleurs, Yakuza 0 brandit de façon assumée un côté érotique si cher à la société japonaise. Vous pourrez notamment visionner des petites séquences érotiques (attention, on est loin de la pornographie) qui raviront les plus vicelards d’entre nous.
Nous voilà au bout de notre virée en compagnie des yakuzas, et la conclusion se veut assez difficile à formuler. En effet, d’un côté Yazuza 0 se démarque par une narration exemplaire, des phases d’action frénétiques et du contenu optionnel (je ne parle pas ici de DLC) à foison. De l’autre, Yakuza 0 nous ennuie par ses dialogues et son scénario interminables et par sa redondance dans les combats.
Ce qu’il faut essentiellement retenir est l’univers cohérent que le titre a à nous offrir. Se balader dans les rues animées de Tokyo, boire un coup avec notre barman préféré, faire une partie de bowling avec sa petite amie ou encore passer ses journées à la salle d’arcade, Yakuza 0 nous propose, non pas un simple jeu avec une histoire à vivre, mais bien une vision d’une société et d’un mode de vie totalement différents de la nôtre, dépaysement assurée et pari réussi donc.