Le Demolition Derby est une pratique sportive où les concurrents se foncent les uns dans les autres avec de vieilles caisses déjà bien amochées, jusqu’à ce qu’il en ressorte un vainqueur. Et si vous êtes assez vieux pour vous en souvenir, c’est certainement le jeu Destruction Derby 2 sur PlayStation 1 qui nous avait vraiment fait découvrir cette pratique en 1996.
Plus tard nous avons eu la série FlatOut développée par le studio Bugbear Entertainment, qui remettait un peu le Demolition Derby en avant. Mais suite à leur dernier titre sorti en 2007, la licence FlatOut a été rachetée, les privant tout simplement de la possibilité de lui apporter une continuité. Vous vous demandiez pourquoi les FlatOut 3 et 4 étaient aussi mauvais ? Vous avez la réponse.
Cette relève tant attendue est finalement arrivée en 2013 en accès anticipé, développée par Bugbear Entertainment, et c’est ce qui donnera naissance en 2018 sur PC, après 4 ans de développement, au jeu Wreckfest qui arrive aujourd’hui sur consoles. Tout n’est pas parfait, mais si vous êtes en manque d’un bon jeu de Demolition Derby bien vénère, Wreckfest pourrait bien être celui qui vous apportera votre dose d’adrénaline.
(Test de Wreckfest réalisé sur PlayStation 4 à partir d’une version fournie par l’éditeur)
Un jeu de stock-car pure souche
Après une campagne Kickstarter ratée, Wreckfest s’est essayé à l’accès anticipé afin de financer en partie son développement, développement qui aura mis 4 ans avant d’accoucher d’une version PC ayant réussi à s’attirer quelques bonnes critiques, aussi bien de la part de la presse que des joueurs. Nos pauvres petites consoles devaient elles aussi recevoir Wreckfest en 2018, mais un gros report est venu gâcher un peu la fête, portant la sortie au 27 août 2019, lendemain du jour de publication de notre test.
Wreckfest apparaît presque comme une anomalie au milieu des autres jeux de caisse populaires du moment, qui eux intègrent bien souvent un mode Demolition Derby, en plus de tout le reste de leur contenu. On pense notamment à The Crew 2 qui possède un mode de ce type, assez plaisant qui plus est. Mais à l’inverse, Wreckfest ne joue pas la surenchère de contenu, se place dans une catégorie, et ne joue que dans cette dernière.
Le souci en 2019, c’est que le jeu vidéo mainstream se doit bien souvent de nous en donner jusqu’à l’overdose, jusqu’à ce qu’on en soit dégoûté au point de ne pas terminer le jeu qu’on avait attendu pendant parfois des années. Malgré cela, les joueurs continuent d’en demander toujours et toujours plus comme si le simple fait d’en obtenir davantage arrivait à les satisfaire.
Wreckfest pourra donc apparaître aux yeux de certains comme un retour en arrière, un jeu old school, voir même un jeu tout juste terminé tant ce qu’il a à offrir est finalement limité en termes de contenu. Et c’est cet aspect là qui pourra peut-être rebuter quelques joueurs à franchir le pas. Après tout si on regarde simplement les choses, le jeu vous offre un mode carrière complètement à l’ancienne avec enchaînement de courses jusqu’à les avoir toutes remportées. Vous pourrez aussi faire quelques courses personnalisées contre l’IA, mais malheureusement pas contre un pote sur le canapé, ou encore jouer en ligne pour vous confronter à votre niveau réel.
Dans tout ça vous retrouverez une trentaine de circuits peu variés, seulement une trentaine de véhicules également, et si vous êtes dans la moyenne tout sera bouclé en 20 heures maximum. Vous vous en doutez, mais si vous pouvez tout terminer en si peu de temps, c’est que la progression est vraiment ultra rapide, et en effet, en 4 heures vous aurez déjà la voiture la plus puissante du jeu. Le système en place fait que les voitures sont classées par catégorie et que les courses admettent une limite, afin que vous ne puissiez pas rouler encore plus rapidement sur le contenu. Une voiture de catégorie A ne pourra donc pas être utilisée en catégorie C, bien trop puissante pour cette dernière.
Aussi, la personnalisation, à l’inverse, prend énormément de temps dans le déblocage des différents éléments. Qu’il s’agisse des pièces moteur pour booster la puissance de votre tas de ferraille, des renforcements blindés pour augmenter la puissance des dégâts à l’impact, ou tout simplement les éléments esthétiques comme le capot, la sortie d’échappement, ou encore les jantes. Vous aurez terminé le jeu très largement avant d’avoir tout débloqué, et le souci c’est que rien n’est fait pour nous donner envie de nous y remettre pour continuer de débloquer les différents éléments. Comme on le disait, c’est un jeu à l’ancienne, alors les petits à-côtés comme les événements hebdomadaires/saisonniers pour vous relancer dans le jeu, vous pouvez oublier.
Bugbear Entertainment savent y faire avec la physique
Alors pourquoi est-ce que l’on serait tenté de prendre Wreckfest, plutôt que de se diriger vers un Forza Horizon 4, qui lui, apporte une variété énorme dans son contenu, notamment un mode Demolition Derby ? Eh bien la réponse va reposer sur deux éléments : la physique et l’ambiance. Là ou The Crew 2 et Forza Horizon 4 proposent du Demolition Derby en plus du reste, apportant une polyvalence non bénéfique à la qualité intrinsèque de chaque discipline, Wreckfest est spécialisé dans un domaine, et met un point d’honneur à ce que les sensations soient les meilleures possible.
Wreckfest n’offre donc aucunement des sensations aseptisées comme cela peut-être le cas dans les gros jeu de caisse du moment, et nous plonge à grands coups de pare-choc dans sa discipline. Si le jeu peut paraître un peu terne en course, il faut tout simplement se dire qu’il est représenté tel que cela peut l’être en réalité.
Donc on ne va pas cacher que vous en aurez peut-être un peu marre au bout d’un moment de voir de la terre partout tout le temps avec des paysages vraiment similaires, mais ce dont vous ne vous lasserez à aucun moment, c’est la physique du jeu. Vous prendrez alors un malin plaisir à vouloir tout détruire et à rentrer dans tout ce qui bouge rien que pour le plaisir de sentir la puissante du choc et la désintégration de votre caisse. Ici, pas de marque de grands constructeurs, par de bling bling, on est là pour tout détruire et bon sang que c’est bon.
Les collisions sont donc extrêmement jouissives, et il en va de même pour la conduite dont les sensations arcades sont particulièrement réussies. Vous pourrez par ailleurs modifier dans une certaine mesure (on est pas dans une simulation) quelques paramètres de votre voiture pour que votre conduite soit encore plus proche de ce que vous recherchez. On regrettera juste un peu les différentes caméras disponibles, la vue la plus rapprochée par exemple étant un tout petit peu trop basse, n’offrant pas une visibilité optimale sur ce qu’il se passe devant nous.
Enfin, l’ambiance générale y est sacrément bonne, parfaitement dans le ton de ce qu’est le Demolition Derby et pour un amateur du genre, des sensations de jeu au top couplées à une ambiance tonitruante peuvent très largement combler les défauts cités plus haut. Côté musique on a droit à une playlist vraiment géniale à base de rock penchant parfois vers le heavy, alors imaginez un peu ce que ça peut donner une fois qu’on est en course en train de tout défoncer sans aucune retenue. En un mot : grisant.
Par ailleurs les sons des moteurs et de la taule froissée font vraiment le café et tout ça avec des graphismes vraiment très soignés, nous plonge dans un jeu qui a un réel truc en plus dans son genre. De plus le jeu joue parfois la carte du WTF décomplexé en nous proposant des courses en canapé, en tondeuse à gazon, et le pire, c’est que ce n’est pas juste là pour faire joli, le fun est vraiment au rendez-vous, nous sortant un peu des courses et démolitions plus conventionnelles. Alors après tout, pour une quarantaine d’euros, pourquoi ne pas se laisser tenter par ce Wreckfest ?
Nous avons pris beaucoup de plaisir à jouer à Wreckfest, qui se place bien en digne héritier de la licence FlatOut. Les joueurs tiennent enfin leur Demolition Derby « next gen » mais attention, car il va cependant falloir composer avec des défauts comme un contenu vraiment en dessous des standards actuels, un manque cruel de diversité dans les circuits, ou encore une progression linéaire et très basique comme on pouvait le voir dans les modes carrière 10 ou 15 ans en arrière.
Malgré tout, Wreckfest a réussi à nous prendre par les sentiments grâce à une physique irréprochable procurant des sensations de conduites et de crash qu’aucun autre jeu du marché ne peut se targuer de posséder. De plus son ambiance rock très appuyée nous a complètement survolté lors de ces courses à l’atmosphère si caractéristique de la discipline Demolition Derby.
Au final, avec son prix d’appel de 39,99 euros permettant de mieux faire passer ses quelques défauts, et ses savoureuses sensations manette en main, Wreckfest mérite indubitablement que l’on s’y intéresse. Il ne sera pas le jeu de la génération, mais il vous rappellera le bon vieux temps, et vous défoulera un bon coup avant la rentrée qui se profile.