L’été, c’est le soleil, les cigales et le Tour de France ! Annapurna Interactive en profite et édite Wheel World, développé par Messhof, un jeu d’exploration et de course, mais surtout de vélo. Annoncé au dernier gros évènement de l’éditeur, le jeu avait plutôt fonctionné pendant sa periode de démo Steam sur laquelle nous avions déjà réalisé une preview plutôt rassurante concernant les intentions du jeu et nos attentes. Après deux Nidhogg et Flywrench, le scope a un peu grossi. Qu’en est-il ?
(Test de Wheel World réalisé sur Steamdeck, malgré les recommandations de l’éditeur)
C’est encore la faute d’Hidalgo !
Dans Wheel World, on incarne Kat et Skully, un duo cycliste/vélo qui tente de sauver le monde en récupérant les pièces légendaires de Skully, dispersées à travers l’île du jeu, en passant par plusieurs thèmes un peu bateaux mais qui ont le mérite d’exister. L’histoire en elle-même est un peu maigre, mais elle suffit à introduire ce collectathon de pièces de vélo. En remportant des courses, on gagne de la « Rep », qui va réguler notre progression afin d’éviter d’affronter des adversaires trop coriaces prématurément.
Cette « Rep » est un élément à double tranchant : oui, on n’est pas perdu, on nous indique assez tôt où il faut aller… Mais est-ce vraiment ce que l’on veut ? Ne perd-on pas un peu de notre liberté tant espérée à devoir pédaler selon un ordre établi ? On comprend aisément les problématiques que cela pose : mettre en place une difficulté adaptative est compliqué. Mais on voit aussi (et surtout) ce que l’on y perd.
Ce constat est d’autant plus attristant que le tunnel dans lequel on nous engouffre n’est pas si pertinent. La difficulté du jeu est assez permissive, et il faut attendre la seconde moitié pour commencer à se confronter à un véritable défi. Cette seconde moitié met d’ailleurs en lumière une partie plus « injuste » du jeu, en offrant certes plus d’obstacles et de virages serrés, mais surtout plus de collisions discutables et des problèmes d’IA qui agissent de manière erratique.
Wheel World et Jacky Tuning
Les points abordés lors de notre preview n’ont finalement pas tant changé ; ils ont juste évolué sur une surface de jeu plus étendue. Le pilotage du vélo est toujours aussi agréable et unique : on arrête de pédaler en descente, et le hors-piste a un réel impact sur notre vitesse. En revanche, on constate avec un brin de déception que le système de personnalisation du véhicule n’a pas beaucoup évolué. Quelques jauges bougent en modifiant les éléments du vélo, et certaines pièces permettent de bénéficier d’un trait passif.
Le plus grand point positif de tout cet aspect personnalisation réside surtout dans la modification visuelle. On prend plaisir à essayer d’assembler un beau vélo qui nous donne envie de pédaler. Lier l’aspect gameplay à l’aspect visuel était peut-être une erreur selon nous : on semble presque « obligé » de négliger l’apparence au profit de la performance, du moins dans la seconde partie du jeu.
Si modifier son destrier a un impact majeur sur la conduite, il faut bien avouer que le tout est un peu sec… On apprend à jouer selon une méthode et on ne change qu’à de rares occasions lorsque les courses deviennent plus complexes. La gestion des vitesses est un élément très pertinent qui arrive malheureusement bien trop tard.
Le paysage, la musique et la gourde de Virenque
Malgré tout, la balade est fort agréable. Le cadre est pittoresque et les paysages, proches de ceux de Dorfromantik, invitent au calme d’une journée d’été ensoleillée, avec un petit verre rempli de glaçons. Tantôt un champ, tantôt une montagne, tantôt une ville : les différents biomes traversés inspirent la sérénité. Leur direction artistique, bien qu’un peu redondante, est suffisamment belle pour nous faire oublier le reste le temps d’une course.
Côté musique, nous soulignions la présence de Joon du label Italians Do It Better, qui apporte une ambiance lo-fi très sympathique. Si la bande originale complète est dans le même ton (et donc, nous adorons), on regrettera peut-être sa répétition. Chaque course est forcément accompagnée d’une des pistes musicales. La playlist étant manifestement aléatoire, certains titres se retrouvent de biome en biome, mais ils ne sont pas suffisamment nombreux pour que cela passe inaperçu.
Au final, Wheel World est un jeu qui transpire la passion pour le vélo. Les sensations et retours sont extrêmement bien travaillés, le mode de marche côte à côte avec son véhicule est très agréable, et les différents environnements et courses explorent toutes les utilisations possibles de la bicyclette. Passer de la randonnée au BMX, en passant par l’elliptique et le vélo de ville, n’était pas un pari facile, mais il est réussi.
On se sent souvent heureux et presque nostalgique de moments que l’on n’a pas vécus en pédalant sur le bord d’une route, à travers un champ ou dans une petite rue. Malheureusement, le jeu est également entaché de quelques défauts. Sa difficulté, trop faible dans la première moitié et bien plus élevée dans la seconde, risque de créer un mur pour certains joueurs. De plus, certains aspects manquent un peu de polish, comme des collisions douteuses qui peuvent pousser à crier à l’injustice dans les passages complexes.
Alors non, nous ne vous déconseillons pas Wheel World, bien au contraire. Nous en aurions même bien redemandé, malgré tous ses défauts. N’est-ce pas là le signe qu’un jeu a su nous convaincre ?
Ce test a été réalisé sur Steamdeck, et les réglages permettant d’obtenir le meilleur couple qualité/ performance possible nous ont rendu des captures d’écran que nous avons jugées peu satisfaisantes. Ainsi, nous avons préféré utiliser pour illustrer l’article des captures issues du press kit.